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Après ma lecture de La fille du train par Paula Hawkins, Mme Pocket sur Twitter m’a conseillé quelques titres dans le même genre. J’ai donc opté pour Je ne t’oublierai pas, après avoir lu la quatrième de couverture qui a bien rempli son rôle, celui de me donner envie de le lire.
Ce fût avec une impatience non dissimulée que je me suis plongée dans cette lecture. Mais avant de vous dire ce que j’en ai pensé, présentons un peu son auteure, Sophie McKenzie. Auteure britannique née à Londres ayant effectué des études de journalisme avant de devenir auteur. En 2003, elle se lance pendant un an dans les cours « Writing for Childrens » l’institut City Literary de Londres. Son premier roman Girl, Missing fût publié en 2006 chez Simon & Schuster Children’s Books. C’est grâce à ce bouquin qu’elle rencontre le succès, et est depuis non seulement une romancière incontournable de la littérature jeunesse britannique, mais aussi auteur de séries policières. Girl,Missing a connu deux suites (Sister, Missing et Missing Me). On peut citer la saga The Medusa Project, la duologie Blood, et la trilogie All About Eve. Je ne t’oublierai pas (Close My Eyes en VO) est son premier thriller, et est suivi d’Appelle-moi (Trust In Me en VO).
Concernant le synopsis, l’histoire repose sur un fait tragique avec la mort de la fille de Art et Gen, Beth, morte à la naissance huit avant que ne débute le livre. Rongé par le chagrin, le couple semble emprunter des directions différentes. Art, homme d’affaires à la tête d’une multinationale ayant réussi sur le plan professionnel, est en totale contradiction avec sa femme. Gen, romancière à la base n’a plus écrit une seule ligne depuis Beth. Dès le début, on découvre que le couple a eu plusieurs fois essayé de retomber enceinte sans que cela ne fonctionne. Art ne perd pas espoir et consulte des spécialistes, tandis que sa femme ne veut plus aller de déception en déception, et sombre peu à peu dans une routine dépressive et étouffante. Alors que les deux partages des avis différents, Gen va se retrouver confronté à la possibilité que sa fille Beth soit en réalité en vie. C’est en tout cas ce que lui annonce une femme se présentant à sa porte, apeurée, et qui prétend avoir des informations. Longtemps habité par la sensation de voir son enfant grandir sous ses yeux en rêve, Gen, se retrouve au croisement de deux chemins. Le premier, soit elle croit cette inconnue et tente de retrouver sa fille, alors que les personnes de son entourage la croient folle, son mari inclus. Ou deuxième possibilité, celle de renoncer et de continuer à vivre avec ce deuil qu’elle n’a jamais réellement fait, depuis huit ans.
J’étais restée prostrée des jours durant, jusque bien après l’enterrement et les résultats des tests. Puis, lentement, insidieusement, le chagrin m’avait envahie. Un monstre qui me combattait de l’intérieur, où personne, ni Art, ni Hen, ni ma mère ne pouvait m’aider à me défendre. Et, avec le chagrin, la colère. La fureur déraisonnable contre des gens tout à fait gentils qui avaient des bébés et des femmes bien intentionnées qui essayaient de me témoigner leur empathie en me parlant de leur fausses couches.
Du fait de son intrigue assez lourde – la perte d’un enfant que l’on n’a pas forcément vu et connu – rend le récit intéressant et promet de belles choses. Après un début en fanfare, le récit semble ralentir pour arriver au point mort vers le cinquième chapitre. Et ne redeviendra vraiment intéressant qu’autour du dixième. Sophie McKenzie tente entre ces chapitres de poser la personnalité des personnages, Art et Gen, mais aussi de celles des personnages secondaires. Par exemple, la demi-sœur de Art froide et hautaine. On a aussi Lorcan ancien associé de Art et ami de longue date qui revient dans la vie du couple. Si l’envie de McKenzie de rendre ses personnages intéressants, elle ne les creuse pas forcément assez pour que l’on s’y attache. La seule qui semble se démarquer est Gen, puisque l’histoire est racontée de son point de vue. On découvre une mère dévastée par la mort prématurée de son enfant, sa réticence à redevenir mère, et celle de la perte d’une partie de soit. Sans oublier le fait qu’elle se sente comme un fardeau pour son mari, l’empêchant d’être père et d’être ainsi heureux.
Passé le dixième chapitre, le récit reprend semble faire le plein de carburant et passe
doucement à la vitesse supérieure. On découvre que Gen ne connaît pas forcément les personnes qui l’entourent, et qu’ils ne lui veulent pas tous du bien. Il est intéressant de voir jusqu’où une mère peut aller pour découvrir la vérité sur son enfant. Beth est-elle en vie ? Ou est-ce simplement Gen qui nourrit ce fantasme d’un jour la reconnaître dans la rue ?
Quand je suis arrivée au moment où je trouvais que rien ne se passait, j’ai eu du mal à rester dans l’intrigue. J’ai même pensé à mettre ma lecture en pause et passer à un autre bouquin. Mais au fond, je voulais savoir si Beth était en vie ou si elle était bien morte, alors je me suis accrochée. Et je dois avouer qu’au final j’ai été surprise en bien. Je ne m’attendais pas à ce retournement, ou plus ces retournements, de situation. Quand j’y repense je me dis que ce récit pourrait faire un bon thriller au cinéma. J’arrivais même à imaginer les scènes dans ma tête comme si elles se déroulaient sur grand écran. Alors oui, je suis contente d’avoir laissé sa chance à ce livre jusqu’à la fin. Je ne m’attendais pas à cette fin, et je suis même légèrement frustrée parce qu’il pourrait même y avoir une suite, si Sophie McKenzie le désirait.
En conclusion, le récit n’est pas désagréable et reste tout de même intéressant malgré sa baisse de régime en cours de route. Un thriller psychologique où la manipulation est le maître de cérémonie, avec une femme et mère luttant pour la vérité. On peut aussi parler de la sensation de road trip digne d’un bon thriller sur grand écran. C’est donc avec curiosité et envie que je vais prochainement donner sa chance au deuxième thriller de McKenzie, Appelle-Moi, également disponible chez Pocket.
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