Critique #006 – Thirteen Reasons Why de Jay Asher

10.02.2017 (3)

Si vous êtes abonné à Netflix, vous avez peut-être déjà vu dans le menu principal la grande promo de cette nouvelle création Netflix (en partenariat avec Paramount Pictures), Thirteen Reasons Why. Cette série lancée le 31 mars dernier est basée sur le premier roman de l’écrivain Jay Asher. Présent dans ma wishlist et reading list depuis des mois, j’ai décidé de regarder les deux premiers épisodes pour juger de la qualité. Après mon visionnage, j’ai tout simplement décidé de ne pas continuer, pour enfin lire le livre. Je savais pertinemment qu’en regardant la série complète avant, je n’aurais pas lu le livre par la suite. À quoi bon lire le livre quand on connaît déjà la fin ?

Avant de partager mon avis, revenons sur les débuts de Monsieur Asher. Âgé aujourd’hui de 41 ans, Jay Ahser est né en Californie dans une famille qui l’a toujours encouragé à faire ce qu’il aime. De la guitare à l’écriture, il trouva le soutien nécessaire pour avancer. Après avoir écrit ses deux premiers bouquins pour enfants durant le lycée, il décie ensuite de poursuivre sérieusement une carrière dans l’écriture. Marié depuis 2002, Asher a travaillé dans divers domaines comme vendeur de chaussures et dans des librairies. C’est donc en 2007 que ce premier roman paru avec un succès notable, puisque il devint un bestseller par le New York Times. Thriteen Reasons Why a reçu plusieurs récompenses comme le prix de meilleur livre pour jeunes adultes de la Californie du Sud (2010). En 2016, est parue en VO une édition anniversaire pour les 10 ans de la publication du livre. Elle inclut notamment la fin originale, une nouvelle introduction de l’auteur, un essai, et des notes qu’Asher a utilisées pour écrire le livre.

L’histoire de Thirteen 245729.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxReasons Why est cataloguée comme une histoire pour 12 ans et plus, mais peut très bien être lu par des adultes. L’histoire est racontée par deux protagonistes : Hannah Baker et Clay Jensen. La première est morte, le second est vivant. Clay a en fait reçu des cassettes audios enregistrées par Hannah. Elle y parle de sa vie et des raisons qui l’ont conduites à se suicider. Treize histoires, treizes vies, et treizes raions. Amies, ennemis ou ex-amis, chacun des personnages à un moment où à un autre a compté dans la décision finale d’Hannah. Clay lui, en fait partie, malgré le fait qu’il ne comprenne pas ce qu’il a pu faire pour se trouver sur la liste. Pour découvrir son implication il va devoir écouter la voix d’Hannah le guider à travers les derniers mois de sa vie, sans jamais savoir sur quelle face de la cassette il se trouve. Et ensuite ? Ensuite, Cay devra faire passer les cassettes à la personne qui figure juste après son histoire…

Même si cette histoire fait partie du catalogue de la « young adult », il peut être lu par les adultes. Pourquoi ? Simplement parce que nous avons tous été adolescents, sur le point de l’être ou en plein dedans. Thirteen Reasons Why est un récit avec un message fort: le harcèlement. Qu’il soit moral et/ou physique, le harcèlement à l’école est un véritable fléau. Le harcèlement existe depuis de trop nombreuses années, et  a des conséquences marquantes et parfois irrémédiables. Combien de fois un jeune n’a-t-il simplement pas « péter les plombs » et ouvert le feu sur ses camarades dans les campus américains ? Et cela ne se passe pas toujours que Outre-Atlantique, comme l’a récemment témoigné l’actualité en Europe. Et puis, combien de ces jeunes persécutés ne sombrent pas dans le mutisme et dans le mal-être sans jamais oser en parler ? Combien d’entre eux en garderont des séquelles psychologiques toutes leurs vies ? Combien d’entre eux vont de façon tragique abandonner tout espoir et se donner la mort ? Encore combien de vies devront être anéanties, y compris celles des proches, avant que les gens n’ouvrent les yeux sur ce crime ? Car oui, c’est un crime. On a tendance à minimiser l’impact des mots sur une personne. Les cicatrices qu’ils laissent eux, ne sont pas visibles, mais sont aussi importantes que celles laissées pas une balle. À méditer.13-reasons-why-featurette-debuts-posters-03

En commençant le bouquin, on veut absolument savoir en quoi les treize personnes ont été responsables de la mort d’Hannah. Le personnage d’Hannah est simplement fascinant. C’est à travers les cassettes qu’on la découvre. Son côté calme, ses rêves, ses envies, ses peurs mais aussi son humour. Elle n’hésite pas à se moquer d’elle-même, et d’admettre ses torts. Car oui, si les treize personnes accusées par elle sont responsables de son acte, Hannah sait que ce sont aussi ses choix à elle qui l’ont conduite où elle se trouve au moment de l’enregistrement. Le personnage de Clay est un garçon banal qui n’est ni populaire ni impopulaire. L’histoire d’Hannah est racontée en parallèle avec les souvenirs et les pensées de Clay. On découvre alors deux âmes qui à leurs manières se cherchent, sans jamais réellement se trouver.

Ce qui m’a plu dans cette lecture est la manière qu’a choisie Hannah de raconter son histoire. Les cassettes : pas de réseaux sociaux, de SMS, ou d’emails. Non, elle choisit la bonne vieille méthode, car au fur et à mesure on découvre que la technologie n’est pas forcément toujours une bonne chose. Au fil des cassettes, on comprend qu’Hannah essaye de faire prendre conscience aux auditeurs du role qu’ils ont joué et qu’ils apprennent de leurs erreurs, et ainsi peut-être se remettrent en question pour ne pas refaire les mêmes choses. Il y a également le fait que l’on veut absolument savoir comment toutes ces personnes sont impliquées, surtout Clay. Lui, qui semble si doux et introverti, comment pourrait-il être responsable ? Serait-il un loup déguisé en agneau ? 

Plus j’avançais dans ma lecture, plus j’avais une sorte de crampe au ventre, comme un vide. Moi qui ait eu une enfance et adolescence difficile, sans pour autant être harcelé comme certains, je me suis sentie envahie par ces souvenirs d’autrefois. Car on a tous forcément été blessé à un moment ou à un autre par les mots et par le rire des autres. C’est comme si j’étais spectatrice d’une tragédie que j’aurais voulu moi-même pouvoir empêcher. Une sorte de vague de tristesse qui s’empare de mes tripes et qui ne m’as pas lâchée durant toute ma lecture. 

Même si j’ai aimé le bouquin dans son ensemble, quelques points négatifs sont à signaler. L’un d’eux est le fait que en dehors d’Hannah et Clay on ne plonge pas vraiment dans la personnalité des autres personnages. Les parents d’Hannah inclus, n’étant mentionnés qu’ici et là. 

245104.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxCôté écriture, Jay Asher utilise des mots simples mais puissants à la fois. Le livre se lit très facilement, pour preuve, je l’ai lu en moins de 6 heures. Après avoir refermé le bouquin, on ne peut que se dire qu’il devrait être lu par les jeunes au collège et au lycée, que les parents même devraient le lire. Ce que l’auteur tente de nous faire passer n’est pas qu’un mais deux deux messages. Le premier, si vous êtes victime de harcèlement quel qu’il soit n’ayez pas peur ou honte d’en parler à quelqu’un. Si ce quelqu’un, un adulte par exemple, ne vous écoute pas, essayer avec un autre. Le second message, si vous êtes témoin du harcèlement de quelqu’un que vous le connaissiez ou non, n’hésitez pas à intervenir et à en parler avec la victime, ou à quelqu’un de confiance. Parfois, on a tendance à voir et ne rien faire, car on se dit que quelqu’un d’autre le fera, et que ce ne sont pas nos affaires. Mais au final, personne ne fait rien.

J’espère que vous êtes prêts, parce que je vais vous raconter l’histoire de ma vie. Ou plus exactement, la raison pour laquelle elle s’est arrêtée. Et si vous êtes en train d’écouter ces cassettes, c’est que vous êtes l’une de ces raisons.

En conclusion, Thirteen Reasons Why est un bouquin à lire, qui malgré son thème est porteur d’espoir. Car oui, l’adolescence est une plaie pour beaucoup, mais elle finit par passer même si cela nous semble lointain. Une lecture à la fois simple et douloureuse, mais qui mérite d’être découverte. Et si vous ne voulez pas lire, ou que ce n’est pas ce que vous préférez, jetez-vous sur la série. De ce que j’ai vu pour le moment, elle apporte même plus à la caractérisation des personnages présents. Elle est une sorte d’adaptation qui vient enrichir le bouquin, puisque les parents d’Hannah sont bel et bien présents pour le coup. En tout cas, moi, je vais recommander cette lecture à toute personne qui me demandera quoi lire. 

La bande-annonce de la série Netflix:

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9 réflexions sur “Critique #006 – Thirteen Reasons Why de Jay Asher

  1. Finalement je n’ai pas attendu ce soir et j’ai lu ta chronique xD Et ça ne fait que renforcer mon envie de lire ce livre. Du coup, j’ai hâte de le recevoir (je l’ai commandé, c’est bon !) et de voir si je suis aussi convaincue que toi. Le thème m’intéresse énormément alors je suis impatiente ! Merci pour cette chronique ^^

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  4. J’ai adoré cette série si sensible, qui éveille l’empathie et la compréhension. Je viens d’écrire un article sur la question du trauma dans la littérature / cinéma ado américain, ça pourrait peut-être t’intéresser ! 😊

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    • Je n’ai pas réussi à terminer la série Netflix malheureusement. L’acteur qui joue Jay m’a beaucoup dérangé, son jeu est le meme dans chaque film série où je le vois, du coup j’ai trouvé ça fade. J’ai pas accroché. Par contre j’ai adoré le livre. Et merci, je vais aller voir ton article ^^

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      • Ahhh je comprends, c’est vai qu’il ne brille pas par son charisme le pauvre, mais il campe bien le rôle du jeune homme coincé, perdu, qui finit par s’affirmer de plus en plus. Faut que je lise le livre moi !!

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