En ce jeudi pluvieux, je vais vous parler d’un nouveau thriller paru en format poche, il y a quelques semaines, chez Le Livre de Poche. Il s’agit de Te laisser partir (I Let You Go en VO) de l’auteure britannique Clare Mackintosh.
Avant de publier Te laisser partir, la britannique a étudié le français et le management au Royal Holloway, dont elle en sort diplômée en 1999. Par la suite, elle entre dans la police britannique où elle y passe douze années avant qu’elle ne décide de commencer un nouveau chapitre de sa vie en quittant son poste en 2011. Après avoir entamé une carrière de journaliste indépendante et de consultante en médias sociaux, elle décide de se lancer dans l’écriture de romans. C’est ainsi qu’elle donne naissance à son premier roman Te laisser partir en 2015, vendu à plus de 400 000 exemplaires au Royaume-Uni. Grâce à ce premier roman elle remporte le prix du Theakston’s Old Peculier Crime Novel of the Year et celui du Polar 2016 dans la catégorie meilleur roman international.
L’histoire de Te laisser partir débute durant une nuit pluvieuse dans la ville de Bristol, où un petit garçon est renversé par un chauffard qui prend la fuite. Alors que l’enquête dirigée par le capitaine Ray Stevens démarre, son équipe et lui vont vite se retrouver confronté à une impasse, où aucune piste ne donne un résultat. Suite à ce drame, Jenna décide de prendre du recul par rapport à sa vie, et part s’installer au pays de Galles dans un coin tranquille. Une année après l’accident, une inspectrice de la criminelle, Kate, décide de rouvrir le dossier du délit de fuite. Et si l’accident n’en était pas un ? Kate fait-elle bien de déterrer des éléments du passé ?
Alors qu’à première vue l’histoire semble banale car tant d’autres polars ont débuté sur les mêmes bases, Te laisser partir sort très vite du chemin typique des thrillers pour mieux nous attraper dans ses filets. Divisé en deux parties bien distinctes, le récit passe par deux genres différents.
La première partie passe en revue les personnages et leurs difficultés de la vie quotidienne. On se retrouve à suivre l’enquête au commissariat où Ray et son équipe travaillent. Un lieu de vie proche du familiale tant ils passent plus de temps ensemble que chez eux avec leur famille. Ray est un personnage attachant et humain dans ses craintes envers la vie en général, mais surtout dans sa vie personnelle à lui. C’est quelqu’un de droit dans ses bottes déterminé à retrouver le fuyard – et meurtrier du petit Jacob – et à rendre justice. Mais cela n’est pas forcément le cas de tout le monde…
« Il faut que je retrouve mes esprits . Ils vont m’emmener dans une salle d’interrogatoire , je suppose, me suggérer de faire appel à un avocat . Ils vont me poser des questions et je vais répondre le plus calmement possible . Je ne vais pas pleurer ni chercher des excuses . Ils vont m’inculper , j’irai au tribunal et ce sera fini . Justice sera enfin faite . Est-ce que c’est comme ça que ça marche ? Je n’en suis pas certaine . Tout ce que je sais de la police , je l’ai glané dans les polars … »
Alors que l’on assiste impuissant à l’avancée de l’enquête qui clairement patine, on ne peut que voir fleurir de plus en plus de questions. Au fur et à mesure des pages, on se pose tellement de questions que l’on se demande si les réponses seront données à un moment. Et alors que l’auteure prend son temps pour nous décrire les décors, l’ambiance et la vie des personnages, on arrive au point de non-retour. Celui qui va faire en sorte que vous ne lâcherez plus le bouquin avant la fin. C’est avec habileté que Mackintosh décide de changer les plans de son récit pour nous montrer toute l’étendue de son talent d’auteure. Arrivée à la dernière phrase de cette première partie, je n’ai pu que constater que je m’étais faite avoir en beauté.
On passe alors à la seconde partie, qui est encore plus brillante, prenante et angoissante. Le lecteur que nous sommes se demande alors ce qu’il a bien pu louper dans les pages précédentes pour ne pas voir le retournement de situation venir. Les rôles des personnages prennent place sur l’échiquier, et on ne peut qu’assister sans oser respirer à l’avancée de histoire. Le mot thriller y prend alors tout son sens, l’adrénaline monte et il est réellement impossible de voir arriver la fin. J’ai bien peur de ne pas pouvoir vous en dire d’avantages sans vous dévoiler les bribes et détails de l’intrigue, la surprise doit rester du début à la fin.
L’écriture de Clare Mackintosh est rythmée, précise et ne peut en rien nous préparer à ce qui va arriver dans le roman. Le travail de traduction est très bien mené, arrivant à coller avec le choix des mots pour les tournures de phrases de l’auteure, qui aurait pu perdre de son éclat si mal traduites.
En conclusion, Te laisser partir est la définition même de thriller tant il défie les règles établies jusqu’ici dans le genre. Clare Mackintosh signe ici un premier roman de haute voltige qui place la barre très haut pour son deuxième roman, Je te vois (I See You en VO) paru fin mars au éditions Marabout. C’est donc un gros coup de cœur que l’auteure a étalé devant moi, sans que je comprenne qu’au jeu du poker livresque c’est elle qui possède les meilleures cartes en main.
Pingback: C’est lundi, que lisez-vous #011 – Lire en bulles