Critique #031 – Guérilla Social Club de Marc Fernandez

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Après avoir chroniqué Mala Vida, premier roman de Marc Fernandez en mars dernier à l’occasion du salon du Livre de Genève, c’est avec une certaine impatience que je me suis replongée dans l’univers percutant de l’auteur. Après avoir aborder le sujet des bébés enlever sous Franco, Fernandez arrivera-t-il a continuer à imposer son style de façon entraînante avec Guérilla Social Club ? Découvrons-le ensemble.

 

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Avant toutes choses, resituons un peu l’auteur et son parcours pour ceux qui ne le connaissent pas encore. Marc Fernandez est avant tout un journaliste avec plus de quinze ans d’expérience, qui s’est longtemps occupé de suivre l’Espagne et l’Amérique latine pour le Courrier International. En 2008, sort son premier ouvrage à quatre mains (avec Jean-Christophe Rampal) La ville qui tue les femmes, enquête à Cuidad Juárez. Puis s’ensuit Narco Football Club toujours avec Rampal. En 2015, Mala Vida [ma critique ici] marque un tournant dans la carrière de l’auteur puisqu’il s’essaye en solo pour la première fois. Guérilla Social Club est disponible aux éditions Préludes depuis mars dernier.

Dans ce nouveau roman, on se retrouve dans trois villes différentes, Madrid, Paris et Buenos Aires qui sont le théâtre de disparitions inquiétantes. Les victimes, des hommes, sont enlevées avant que l’on ne retrouve leur cadavre mutilé. Chacune des victimes ont un point en commun entre elles, celui d’avoir combattu les dictatures d’Amérique latine dans les années 70 et 80. Le journaliste Diego Martín, présenté dans Mala Vida, est de retour dans l’action notamment par son lien avec l’une des victimes. Toujours dans le cadre de son émission de radio, Diego va mener l’enquête avec l’aide de la détective Ana Durán, et l’avocate Isabel Ferrer. À travers ses personnages, Marc Fernandez arrive à proposer un récit à l’intrigue intéressante et bien ficelée. 

Ce qui m’a tout de suite plu a été le fait de retrouver ces personnages que j’avais découverts durant ma précédente lecture de l’auteur, et que j’avais énormément apprécié. Ici, leurs relations continuent d’évoluer ainsi que le ressenti de chacun par rapport à leur vécu. Ils restent toujours aussi humain avec des valeurs fortes. Alors que dans Mala Vida on apprenait encore à les connaitre, ici, on ressent de l’empathie et une certaine amitié envers eux. Diego est toujours ce personnage attachant et atypique qui derrière sa carapace possède un cœur tendre. Mais c’est surtout le personnage de Ana qui prend de l’ampleur grâce à l’exploration de son traumatisme et de ses angoisses liés à son passé.

L’Histoire, hélas, se répète, joue partout la même partition. En Espagne, comme en Argentine, mais aussi au Chili, au Paraguay, au Brésil, et dans bien d’autres pays, là où les militaires prennent le pouvoir par la force, là où les uniformes imposent leur loi, là où les tyrans confisquent la liberté pour mettre en place leur dictature, des familles sont décimées , des pères et des mères se font prendre de force leur enfant, des gamins sont arrachés à leurs parents sous le fallacieux prétexte de leur offrir une vie plus facile, une meilleure éducation…

L’écriture de l’auteur est fluide, compréhensible et accessible. On ressent son analyse de journaliste, qui peut peut-être ne pas plaire à certains, mais qui pour moi est efficace et en accord avec le récit. La lecture est agréable et rythmée, ce qui du coup fait que l’on ne trouve pas le temps de s’ennuyer. Le seul reproche que je pourrais faire ici, et celui du fait que c’est trop court à mon goût (288 pages). Attention, cela ne dessert en rien l’histoire mais il est vrai qu’à titre personnel je préfère les lectures surtout les thrillers/polars un chouia plus long. J’avais d’ailleurs eu le même « problème » avec Mala Vida. Néanmoins, je lui trouve tout autant de qualité que pour ce dernier, et je pourrais même dire que j’ai une légère préférence pour Guérilla tant les personnages vont en crescendo. La construction du récit et les fait en rapport avec les moments de l’Histoire sont très bien expliqués même s’ils auraient méritaient d’être un peu plus développés (l’Opération du Condor, etc), ce qui du coup aurait un peu plus enrichie le roman. 

En conclusion, Guérilla Social Club est un régal du début à la fin. Les faits historiques servent à ancrer le récit dans l’histoire, lui confèrant une dimension unique. Outre le talent de conteur de Marc Fernandez, la véritable force du récit réside dans ses personnages. La lecture est abordable, et même si je retiens deux petits défauts (voir un seul), l’auteur continue de me surprendre par son écriture et par son mordant. Un roman humain, palpitant et sincère qui je l’espère donnera naissance à un troisième roman tout aussi efficace.

Je remercie à nouveau Marc pour cet envoi ainsi que pour son temps durant le Salon du Livre de Genève. 17blancinfos (16).png

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