Critique manga #032 – Neon Sign Amber

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Entre sensualité, amitié et amour, Ogeretsu Tanaka revient avec un one shot au visuel étincelant et à l’histoire humaine profonde et sensible. Un récit qui témoigne de l’évolution de l’une des maîtresses du genre yaoi dans toute sa splendeur. 

 

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Merci à Guillaume pour cette nouvelle découverte sensible et humaine


Il y a une semaine je vous parlais de me première rencontre avec le style de Ogeretsu Tanaka, une mangaka très connue dans l’univers des mangas yaoi. Pour vous faire un résumé on lui doit Yarichin Bitch Club, paru au Japon en 2012 (et toujours en cours), qui paraîtra en France aux éditions Taifu Comics en janvier prochain. Elle écrit à la fois des séries tenant sur plusieurs tomes que des one-shots. Dans cette catégorie on retrouve Love WhispersThe proprer way to write love, et bien entendu Neon Sign Amber. Outre Yarischin Bitch Club, dans les séries régulières il y a Lonely to Organdy (5 tomes terminés – inédit en France), et Escape Journey toujours en cours de parution au Japon et en France.

Neon Sign Amber est un one-shot tournant autour de deux jeunes hommes. Le premier est Yûsuke Ogata, hôte de salle dans une boite de nuit branchée, à qui l’on reproche souvent d’avoir un visage dénué d’expression. Le second est Masaki Saya, un client régulier  que l’on appel O-gyaru, c’est-à-dire qu’il a la peau bronzée et les cheveux blonds. Si les deux hommes sont des opposés aux niveaux de leurs caractères et styles, Yûsuke va se rapprocher de Saya et découvrir que sous son apparence frivole se cache une profonde blessure.

Dès les premières pages on découvre le côté indéchiffrable de Yûsuke qui vient encore de se faire larguer par sa copine. Si celle-ci pense que cette séparation ne l’affecte pas, il n’en est rien. Très peu enclin à partager ce qu’il ressent, vu à quel point les gens se permettent de le juger sans le connaître, Yûsuke a appris à s’en accommoder. La réflection sur le jugement d’autrui que fait Ogeretsu par l’écriture de ce duo est à la fois subtile et lourde de sens. En effet, combien de fois n’avons-nous pas jugé quelqu’un sans le connaître, alors qu’on fond nous détestons nous faire juger par les autres ? Un trait de fonctionnement propre à l’être humain apparemment. Comme j’avais pu le découvrir dans Escape Journey, Ogeretsu Tanaka révèle sans tabou le regard de la société sur l’homosexualité, le « outing » forcé et la persécution. À travers le personnage de Saya on peut voir les dégâts que peuvent faire sur la psyché de quelqu’un le harcèlement et la violence des mots. C’est dur mais tellement criant de vérité que toute personne ayant vécu la même chose pourra s’y retrouver.

J’ai adoré le fait que derrière son côté léger et « homme à femme », Saya cache une infime tendresse et ne cherche qu’à trouver la bonne personne. Yûsuke lui, souffre du fait que personne ne puisse le comprendre. En se rencontrant, ces deux êtres vont évoluer de façon individuelle et commune pour former un beau tandem. Entre amour et amitié, leur complicité est très belle à voir évoluer. J’ai trouvé la découverte des corps très intime – surtout dans le chapitre 3 – qui met exactement l’accent sur la définition de ce que peut être la complexité des sentiments et de la sexualité. Les personnages se mettent à nu aussi bien au sens propre qu’au figuré, et c’est très beau.

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Du côté des dessins c’est ce que l’on appelle la perfection. C’est magnifique, sensible, tendre, sauvage, sexy et envoûtant. Si dans Escape Journey la mangaka arrivait déjà à faire des étincelles, avec Neon Sign Amber elle offre un feu d’artifice visuellement surprenant. Le trait est affiné et précis, tout en jouant sur les ombres et les lumières, et travaillant sur la manière dont le bronzage de Saya est visible. Le charadesign est un sans faute, et Ogeretsu ne s’encombre pas de détails inutiles tout en intégrant plus que ce qui est nécessaire. Les expressions des visages sont facilement identifiables, et même celle de Yûsuke qui est vraiment indéchiffrable. D’ailleurs le contraste tout en finesse du changement d’expression de son visage quand Saya est présent et quand il ne l’est pas prête à sourire. 

Toutefois, cette lecture aussi belle qu’elle soit me laisse un petit goût d’inachevé puisqu’elle se conclue sur une fin ouverte, mais très acceptable et belle, et qu’apparemment il n’y aurait pas de suite. D’accord c’est un one shot mais je pense que le titre aurait mérité d’au moins comporter un tome de plus, surtout qu’en toute fin les personnages abordent une autre étape de leur vie. Cela aurait été intéressant de les suivre un peu plus longtemps.

Petit mot sur l’édition de Taifu Comics qui a fait un travail remarquable. La couverture est tout simplement sublime, la qualité met réellement en valeur le côté flamboyant de l’image d’illustration. La police d’écriture est très bien choisie et met en avant le titre avec l’effet néon comme une enseigne. Toutefois, j’ai trouvé qu’il n’y avait pas assez d’images en couleurs en début comme certains de leurs autres ouvrages. Ici, seule une page est en couleurs. Mais cela est vraiment une préférence personnelle.

En conclusion, avec Neon Sign Amber on comprend pourquoi Ogeretsu Takana est une valeur sure du paysage yaoi au Japon et en France. C’est humain, beau, sexy et fragile sans être vulgaire. Le message sur le regard que l’on porte sur les autres et sur soi-même est très juste et bien traité. Un très bon one-shot permettant de découvrir cette auteure de talent.

hjzggInfos BD (40)

 

 

 

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