Critique #081 – La Frontière du loup de Sarah Hall

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 » Dans la profondeur de la forêt résonnait un appel, et chaque fois qu’il l’entendait, mystérieusement excitant et attirant, il se sentait forcé de tourner le dos au feu et à la terre battue qui l’entourait, et de plonger au cœur de cette forêt toujours plus avant, il ne savait où ni pourquoi ; il ne se posait pas la question mais l’appel résonnait impérieusement dans la profondeur des bois.  » Cette citation de « L’appel de la forêt de Jack Landon pourrait à lui seul résumer la définition de l’animal sauvage mais aussi de l’Homme. Beau, poignant, imprévisible et domestiqué. Avec La Frontière du loup, Sarah Hall explore ces aspects de notre condition tout en laissant un bel hommage au loup qui sommeille en nous. 

 

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MERIC AU LIVRE DE POCHE POUR (5)

Merci à Anita pour cette lecture


Sarah Hall est une écrivaine et poète britannique née en 1974 dans le comté de Cumbria, en Angleterre, à la frontière de l’écosse, et a grandi dans la petite ville de Bampton. Elle obtint un certificat en Anglais et Histoire de l’Art de l’université de Aberystwyth avant de prendre des cours d’écriture à l’université de St. Andrews. Ses premiers poèmes ont été publiés dans divers magazines, suivi de son premier roman, Haweswater (2002), qui lui fit obtenir  le Commonwealth Writers First Novel Prize en 2003. Son deuxième roman, Le Michel-Ange Electrique a été sélectionné pour le prix Orange de la meilleure œuvre de fiction, aux côtés des romans de Toni Morrison et Margaret Atwood. En 2007, arrive en librairie son troisième titre The Carhullan Arms, puis Comment peindre un homme mort (2009), et enfin La Frontière du loup (The Wolf Border) en 2016.

L’histoire se déroule dans une réserve indienne de l’Idaho, où la Britannique Rachel Caine, experte en loups, se voit solliciter par un riche propriétaire terrien militant pour l’environnement afin de réintroduire le loup gris sur ses terres. Rachel accepte et rentre en Écosse pour l’aider dans sa mission. Mais ce retour sur l’île apportera son lot de changements au sein de la vie professionnelle et personnelle de cette femme.

Ce récit de Sarah Hall est une photographie de certains mots qui peuvent définir une vie. Liberté, sauvagerie du cœur, désir, indifférence ou encore calme. En tant qu’humains nous flirtons parfois sur la ligne entre certains contraires, tentant de maîtriser nos pulsions et nos envies. Ce roman explore les frontières créées par la nature, et les limites imposées par l’homme. Nous en repoussons certaines pour laisser parler notre cœur, tout en nous martyrisant en un sens pour ne pas céder.

Dix ans avant son retour en Écosse, Rachel s’en était allée pour une nouvelle vie mettant son travail de biologiste au service de la nature. Solitaire, gardée et femme de caractère, elle semble plus que dans son élément dans ce paysage d’Idaho à la fois magnifique et difficile. Mais avec l’arrivée du compte Thomas Pennington, riche aristocrate, va remettre beaucoup de choses en cause. Ce fervent défenseur des causes environnementales lui lance un défi de taille en lui demandant de revenir sur l’île qui l’a vu grandir. À ce moment de l’histoire, il est important de dire que l’Écosse est sur le point de voter pour son indépendance afin de l’éloigner du Royaume-Uni. Et ce projet du compte ne plaît guère à beaucoup des habitants à la limite de la frontière, y voyant la réintroduction du loup comme une menace à bien des égards. Le conflit de savoir jusqu’où un animal sauvage a le droit de terre est aussi complexe que n’importe quel débat autour de cette même question dans la société d’aujourd’hui.

Il survient à travers les buissons, comme répondant à l’appel. Il approche, inexorable, levant haut les pattes, rapide mais ne courant pas. Un mot qu’elle ne tardera pas à apprendre : « foulée ». Il est bâti à la perfection : de longues pattes, un ample poitrail, vêtu pour le froid de pans de fourrure grise. Il vient tout près de grillage et se campe sur place pour la regarder, les yeux dans les yeux, regard d’un jaune sans mélange. Museau allongé, truffe frémissante, courte crinière. Un chien d’avant l’invention des chiens. Le dieu de tous les chiens. La créature est si belle que Rachel peine à comprendre ce qui s’offre à sa vue. Lui, en revanche, la reconnaît. Cela fait deux millions d’années qu’il voit et flaire des animaux comme elle.

Si au premier coup d’oeil on pense que l’histoire va ce concentrer sur la partie animale, il n’en est rien. On suit plutôt la vie de Rachel et de ses relations directionnelles avec sa famille, surtout avec sa mère. La présence des loups est plutôt relégué au second plan, ce qui est un peu décevant. Néanmoins dans ce portrait familial imparfait il existe plusieurs similitudes entre les hommes et ces ancêtre du chien. Tout comme un humain, chaque loup possède son caractère, ses pulsions et ce qu’il juge nécessaire à son bien être ou à la survie de son espèce. Comme le loup, Rachel est intelligente, indépendante, voire effrayée par  tout engagement personnel dans une relation. Pourtant à sa grande surprise, la jeune femme va se découvre enceinte. Ce qui rendra les choses plus compliquées mais aussi plus tendres. Elle possède un œil avisé et est très observatrice ce qui rend ses échanges avec les autres très intéressants à suivre. Quand débute le roman, elle paraît plutôt froide et distante, mais arrivé au milieu du récit on fini par constater que l’attachement entre le lecteur est elle arrive doucement à pas de loup si je puis dire. Au contact des loups et des éléments naturels, Rachel se révèle être plus douce, où sa passion envers la nature est pleinement explorée. Au fil des pages on la découvre plus mature, laissant peu à peu tomber ses barrières et devenir moins rigide.

La lecture se veut très lente mais savoureuse. À des moments on se demande si la narration ne s’enlise pas un peu trop dans une sorte de léthargie, mais des détails viendront donner un coup de fouet. Il ne faut en aucun cas à s’attendre à un rythme rapide. Sarah Hall prend le temps de poser sa plume très fluide et gracieuse nous tenant en captivité par ses mots. Néanmoins au vu des 500 pages et des poussières, il aurait peut-être été plus judicieux de faire certains passages moins longs ce qui aurait dynamisé le récit. On assiste aussi à des conflits sociaux et politique, ce que quelques lecteurs pourraient trouver barbant mais qui en réalité son en accord avec la situation géopolitique du pays à cette époque.

En conclusion, La Frontière du loup est un bon roman qui se laisse lire, mais où l’on regrette de ne pas voir l’histoire des loups prendre plus de place dans l’histoire. Toutefois, je ne ressors pas déçue de cette lecture, même si en lisant la quatrième de couverture je m’attendais à autre chose. Le style de Sarah Hall donne une lecture particulière et plaisante. La Frontière du loup est un petit hommage aux loups et à la nature, tout en évoquant le choix des hommes face à la menace – selon lui – que peut représenter la liberté et sauvagerie. 

15 sur 20Infos roman

 

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3 réflexions sur “Critique #081 – La Frontière du loup de Sarah Hall

    • Awww mais mais que dire apres ce beau compliment? T’es mots valent plus que de l’argent. C’est la meilleure récompense que je puisse avoir apres une chronique. J’espère que ta tante aimera! Tiens mois au courant. Ah et au passage offre lui l’appel de la forêt, il est magnifique. En plus tu le trouve en édition Livre de Poche ou Folio Junior pour presque rien. C’est un indispensable si elle ne l’a pas encore lu (et pour toi aussi 😜)
      Merci encore 💖

      Aimé par 1 personne

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