Après Prison School en 2014, et Gambling School l’année dernière, Soleil Manga continue de tenter de se diversifier dans les titres de sa collection. Et ce n’est pas une si mauvaise idée. Le scénario de Back Street Girls est très « WTF » mais fait la part belle aux situations décapantes et gênantes des idols de la chanson. C’est drôle, incisif et assez bien exécuté pour retenir notre attention.
Acheter les tomes de Back Street Girls sur le site des éditions Soleil Manga ou sur Amazon
Extrait du chapitre 1
Merci à Solène et Mélanie pour cette découverte originale
Jasmine Gyuh est une mangaka japonaise dont la première série est Back Street Girls, parue en 2015. Mais ce n’est que depuis mai de l’année dernier que l’on peut se faire une idée de ce que vaut le titre, grâce aux éditions Soleil Manga.
L’histoire est celle de trois yakuzas au sein du clan Inugane qui vont voir leur vie prendre un virage à 360° et qui les amènera à devenir des idols. Oui, oui vous avez bien lu, des idols. Mais comment des hommes peuvent-ils devenir des idols, et accessoirement des jeunes femmes ? Eh bien, c’est là que Back Street Girls entre dans le côté très « WTF » et humoristique pour le coup. C’est à la suite d’une faute impardonnable que leur chef, Kinoshita, va leur proposer trois solutions pour réparer leur erreur. La première est soit ils acceptent de se faire couper les jambes et mourir, soit qu’on vende leurs organes et mourir, ou bien la solution de survive qui est de devenir des stars de la chanson. Nul besoin d’être une lumière pour savoir qu’il est préférable de choisir la dernière. Ainsi, Kentarô, Ryô et Kazu vont dorénavant être Chika, Maru, Airi et former les Gokudolls. Alors après être passé par la case bistouri en Thaïlande, et subit un entraînement des plus intensif pour se comporter comme des femmes, le trio s’embarque dans leur nouvelle vie.
Alors le petit pitch que je viens de vous faire en dix lignes se déroule très vite dans le tome, et tient en moins de six pages à tout casser. Les bases sont donc vite posées, ce qui permet de ne pas faire traîner les choses en longueur. Étant donné que cela est un manga du genre très comique et improbable on passera outre le manque de certains passages par exemple quelle erreur les a conduit à changer de sexe. La construction proposée par Jasmine Gyuh se veut claire et précise puisque nous sommes en présence de chapitres qui se tiennent sur une douzaine de pages. L’immersion pour les nos ex-jambes poilues est totale d’autant plus qu’il vont devoir se coltiner leur chef comme manager du groupe. S’en suit une série de situations aussi rocambolesque que réaliste, puisque l’on découvre le quotidien d’un groupe d’idols. Certes certains traits exagérés mais c’est pour mieux montrer les aléas de ce train de vie. Outre les concerts, le trio devra faire avec les interminables rencontres avec leurs fans hystériques et pas très nets pour certains, les regards menaçants des autres groupes à succès, un photographe pas très réglo, mais aussi faire attention à leur image et comportement en public, voir aussi en privé.
En y regardant de plus près cette critique du monde des starlettes n’est pas si anodine puisque nous avons tous plus ou moins déjà assistés à des débordements de fans, entendus certaines histoires racontées par les artistes. Le côté sérieux entre en collision directe avec la personnalité des trois hommes qui gardent un penchant pour l’alcool et les jeux. Chaque chapitre possède sa dynamique folle et sa petite critique du traitement des idols mais pas que puisqu’une vision des yakuza est donnée au lecteur et pas forcément des plus respectueuse. Certes cela doit être pris sur le ton de l’humour et rien de plus, mais pas certaine que cette caricature plaise à tout le monde.
Dans les points qui déçoivent, j’ai noté le fait qu’il est quasiment impossible de faire le lien entre les personnages d’avant opération et après, puisque l’introduction a été expédiée en très très peu de page par la mangaka. Et vous l’aurez compris si vous lisez ceci depuis le début, l’humour n’est pas des plus fins, je pense notamment à la scène de l’ancien collègue yakuza qui semble avoir son « amour » pour l’une des idols jusqu’à une certaine partie de son anatomie. Mais attention, si le titre est « WTF » je n’ai pas trouvé qu’il était spécialement vulgaire, mis à part les mots grossiers du photographe en fin de tomes.
Dans le tome 2 les choses se compliquent pour Kinoshita qui a de plus en plus de mal à comprendre les jeunes femmes dont il s’occupe. En effet, les anciens yakuza éprouvent une sorte de nostalgie envers leur ancienne vie. Si en ouvrant ce nouveau tome j’avais un peu peur que le schéma du tome précédent vienne s’installer ici, pour finalement simplement reprendre les mêmes ficelles, ce ne fût pas le cas. Ici, le fait que les jeunes femmes soient de plus en plus populaire auprès du public va venir provoquer des étincelles. En effet, comme je le disais il y a quelques lignes, l’ancien mode de fonctionnement des yakuza va faire des remous. Entre émissions de télé et de radio, il est difficile pour eux de toujours se conformer aux actions féminines et délicates. Alors d’accord le récit n’est pas écrit pour être complètement crédible, ce qui au final est une bonne chose.
La lecture se fait alors dans l’optique de passer un moment où l’on débranche son cerveau et où on se laisse porter par la narration. Le rythme est soutenu et permet de ne pas voir l’ennuyer venir jouer les invités non désirés. Toutefois, il est important de noter que certains traits humoristiques ne trouveront pas son public. Si je suis assez bonne lectrice et ouverte à beaucoup de situations, j’ai été quelque peu agacé face à l’humour parfois poussif de Jasmine Gyuh. La bonne idée du tome est de s’attarder sur l’entourage issu du passé et du présent des étoiles montantes de la chanson.
Le dessin est plus qu’agréable à regarder et s’ancre dans un trait plus réaliste. Personnellement j’aime ce genre de design quand celui-ci est bien présenté et en raccord avec le scénario. Du coup, le rendu fonctionne bien chez moi. Le découpage est classique et ne sort pas de ce que l’on connaît déjà. Les différentes mimiques des personnages viennent ajouter une couche supplémentaire aux situations, tout en sachant rester sobre dans les moments plus terre-à-terre. Alors certes rien de nouveau mais cela fonctionne assez bien. Du côté de l’éditon de Soleil Manga on est dans ce que l’éditeur fait avec ses séries Seinein, soit un peu plus large que les publications shojos. La traduction de Patrick Alfonsi tient la route et trouve un juste milieu avec les dialogues plus…salaces on va dire.
En conclusion, si après la lecture du premier tome de Back Street Girls on pouvait craindre le fait de voir une répétition sur le tome suivant, on est assez surpris de découvrir que cela se diversifie. Par contre, la série étant toujours en cours au Japon – huit tomes à ce jour – on est en droit de se demander comment Jasmine Gyuh va faire pour faire tenir le récit sans retomber dans le redit. En tout cas, ces deux premiers tomes, particulièrement le deuxième offre quelques idées qui on l’espère seront exploités de manière juste. Un dernier mot pour dire que si vous avez aimé Gambling School ou Prison School, chez le même éditeur, Back Street Girls a des chances de vous plaire également. À essayer.