Critique manga #065 – Museum : Killing in the Rain, Vol. 1

 

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Parfois les scénarios les plus marquants se trouvent dans les concepts les plus simples. C’est le cas de Museum, killing in the rain qui propose une enquête sur une série de meurtres, dont le coupable se joue de la police sans subtilité. Un polar aux airs de thriller à la Se7en qui nous pétrifie sur les méandres obscurs de l’esprit humain. 

 

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Titre en deux volumes.

Lire un extrait du volume 1

 

Merci au site Babelio et son opération Masse Critique ainsi qu’aux éditions Pika.


Ryôsuke Tomoe est un mangaka japonnais de trente-quatre ans. Sa carrière débute en 2009 avec Girl and Killer pré-publié dans le Young Magazine de chez Kodansha, qui lui fit remporter un prix. En 2013, paraît Museum en trois tomes entre novembre 2013 et 2014. En France, ce sont les éditions Pika qui publièrent Museum dans un format classique avant de proposer en 2017 une nouvelle édition en grand format de deux tomes. Le premier tome inclut l’histoire inédite Girl and the Killer. En 2016, une adaptation cinématographique de Museum vit le jour au Japon avec Otomo Keishi (Rurouni Kenshin, March Comes in like a Lion) à la réalisation.

Museum, Killing in the Rain est un seinen sur fond de thriller o l’on suit le lieutenant Sawamura qui excelle dans son métier au sein de la police, mais qui est un piètre mari et père de famille. À tel point que sa femme, n’en pouvant plus, le quitte en emmenant leur fils. N’ayant pas le temps de s’apitoyer plus que cela sur sa situation personnelle, Sawamura se voit confier l’enquête sur une série de meurtres les plus atroces les uns que les autres qui sévissent depuis quelque temps à Tokyo. Et on peut dire que le cas de ce tueur en série est particulier puisqu’il ne semble que tuer à des moments précis dans le temps, et que ses crimes sont tous signés par une lettre qui annonce que ceci était une “sanction”. Sawamura aura donc la lourde tâche de capturer au plus vite ce tueur sans pitié au plus vite. Mais heureusement il pourra compter sur le soutien du jeune sergent Nishino.

Il est important de noter que Museum s’adresse tout de même à un public averti, et qu’il vaut mieux avoir 15 ans ou plus. Les meurtres sont vraiment abjects, dans le sens où on se demande dans quel esprit de malade ses “sanctions” ont-elles germé, et surtout pourquoi. Par exemple, le volume s’ouvre avec une femme ayant été livrée en pâture à des chiens affamés. Après avoir lu le volume un, je pense que c’est le meurtre le moins glaçant. Parce que oui, les différents crimes sont tous aussi glaçants les uns que les autres, et que l’on a presque mal pour certaines des victimes. Chaque chapitre porte le titre d’une des sanctions que l’on va découvrir, mais ne nous prépare pas forcément à ce que nos yeux vont voir. Pour vous citer une comparaison, je dirais le film Se7en de David Fincher, que les cinéphiles adorent. C’est donc un polar partant du même principe : un duo, des meurtres, et un tueur.

Si au départ on ne sait pas à quoi s’attendre, Museum arrive très vite à nous attraper dans ses filets tous très bien tissés par Ryôsuke Tomoe qui impressionne assez vite par son scénario. Shawamura véritable maître de l’enquête dans l’étude de la psychologie des tueurs va très vite se trouver devant un cas plus complexe que cela. Surtout que les rebondissements au fil des pages vont vite venir torturer notre sergent, quitte à le toucher en plein cœur. La seule chose que la police sait sur le tueur est le fait qu’il porte un masque de grenouille et un anorak pour le protéger de la pluie. L’ambiance qui se dégage durant la lecture est pleine de tension, de suspens et on se demande jusqu’où l’horreur va-t-elle durer. Mais la grosse question est pourquoi de tels meurtres ? Existent-ils des liens entre eux ? Si le sergent est un as, le tueur l’est tout autant puisqu’il ne cesse de se jouer de la police et possède toujours un coup d’avance.

La construction du récit est impeccable, et nourrie par les différents petits flashbacks qui reviennent sur le passé de Sawamura, notamment sur son manque de présence à la maison avec sa famille. On est ici face à un cas typique d’enquêteur qui se plonge dans son boulot et ne vit que pour lui, sans pour autant se rendre compte à quel point sa vie de famille, ou sociale, ou même sa santé en pâtit. Le fait que les éditions Pika est sortie cet ouvrage en deux versions est une bonne chose. La version classique, donc de poche, rejoint la collection seinen de l’éditeur et se tient en trois beaux petits tomes. La version grand format chez Pika Graphic fait deux tomes et a pour ambition de s’adresser à un plus large public en dehors du lectorat manga. La couverture est soignée, la traduction de Thibaud Desbief respecte l’oeuvre.

En fin de volume, comme je l’ai mentionné dans l’introduction, le grand format propose en inédit – donc non présent dans la version en trois tomes – un chapitre bonus se déroulant juste avant le début de l’histoire. Mais pourquoi ne pas l’avoir mis en guise de prologue ? Simplement parce qu’il est nettement préférable de commencer par le récit dans l’ordre donné par Pika. Conseil pratique et d’ami, croyez-moi, vous ne serrez que plus enthousiaste pour la suite.

 

Les dessins de Ryôsuke Tomoe sont détaillés et le grand format met réellement en valeur son travail. Les personnages sont expressifs et on perçoit vite quel sentiment habite leurs traits. Peur, colère, tristesse, etc… rien n’est laissé au hasard pas le mangaka ce qui fait plaisir à voir. Encore un petit mot sur la couverture qui joue sur les effets goutte de pluie en premier plan, puis avec le masque grenouille et enfin l’aspect flouté du sourire machiavélique du tueur. En somme, il suffit de regarder la couverture pour que l’on comprenne que l’on va être face à une lecture, certes classique dans son enquête, mais dont l’inhumanité du tueur fait froid dans le dos.

En conclusion, ce premier volume de Museum, Killing in the Rain ne fait que monter en puissance tout au loin du récit pour terminer sur un cliffhanger qui en fera enrager plus d’un. Donc petit conseil, veiller à avoir le second et dernier tome près de vous pour ne pas vous en mordre les doigts comme moi. Un récit haletant, finement écrit et édifiant sur ce que l’esprit humain au paroxysme de la folie peut faire

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3 réflexions sur “Critique manga #065 – Museum : Killing in the Rain, Vol. 1

  1. Moi qui adore ce genre d’enquête sombre, j’ai vraiment adoré ce tome et cette trilogie. Une de mes meilleures lectures de l’année dernière. Très inventif, prenant, poignant, glauque, mais bien ficelé.

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    • Vers la fin de ce tome en grand format c’est moins « prenant » on va dire comparé au début, ce qui je pense correspond au début du tome 2 en format classique. Mais c’est vraiment qu’un détail, c’est glauque du début à la fin, ET intelligent.

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      • Heu tt depend ou fini ton tome 1…moi je sais que le t.2 était moins prenant, et c’était reparti sur le t.3

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