Critique manga #069 – Je pense à toi

titre manga
Pour terminer cette semaine, laissons parler un peu de poésie avec la première publication de KOMATSU, un one-shot de quatre histoires courtes qui nous fait naviguer sur les flots de la vie à la manière d’un bateau qui avance vers l’inconnu et sans boussole. C’est beau, maîtrisé et mémorable. 

 

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Merci à Guillaume pour cette prose mangaesque


Sous le simple nom de KOMATSU se cache une mangaka japonaise, dont les très courtes histoires se sont vues regroupées dans ce tome relié intitulé Je pense à toi (Sorekara kimi wo Kangaeru). Sa nouvelle série Beautiful Soul (Utsukushii Tamashii) est en cours de parution, au Japon,  avec quatre tomes à ce jour depuis 2016. De plus, grâce à Je pense à toi, la mangaka s’est classé dans le top 3 des meilleures nouvelles auteures au CHIL BL Awards 2016.

Le recueil s’ouvre avec une belle histoire d’amitié entre deux jeunes adolescents à la fin de leurs études. Le premier Takashi ne se voit pas vivre dans cette petite ville ennuyeuse de bord de mer, et annonce à son ami d’enfance Yasu qu’il s’est présenté pour entrée dans l’université de Tokyo. Yasu, lui, est moins enthousiaste à l’idée de voir son ami partir puisqu’il est secrètement amoureux de lui. Dans ces quelques pages, on découvre que les deux garçons ont un parcours de vie, et une famille bien différente. Rêvant de liberté à des degrés différents, chacun se retrouve confronté au fait de devoir devenir adulte. Cette première histoire transmet énormément d’émotions en seulement quelques pages. Il y a de la tendresse, de la nostalgie liée à l’enfance et cette peur de voir sa vie avancer vers l’inconnu. Au début j’ai eu assez de mal à différencier les deux protagonistes tant ils se ressemblent physiquement et au niveau du visage. Néanmoins, le rendu est très doux, poétique et empli d’une véritable légèreté qui peut rappeler les feuilles qui tombent en automne.

La deuxième histoire  est la plus courte de toutes et voit le personnage de Sano arriver à une réunion d’anciens camarades de classe, qui n’est ici que pour retrouver un certain Suô. Relation complexe entre les deux, puisque Sano était le souffre-douleur de Suô, et à présent il veut simplement comprendre certains événements survenus entre eux. Très très courte histoire mais qui fonctionne assez bien, même si un sentiment de rapidité nous reste sur le cœur.

La troisième histoire est celle de Keiji qui n’a de cesse de repousser toutes les filles peuvent s’intéresser à lui. Mais l’une d’entre elles est persistante et ne sachant quoi faire, Keiji demande à son camarade de classe, Tatsurô, de sortir avec lui. Étonné, ce dernier prend tout de même la déclaration au sérieux et accepte. Ce récit s’inscrit dans un ton un peu plus différent puisque la relation entre les deux garçons est née d’un quiproquo.

La dernière histoire est, selon moi, la plus sombre des quatre. Elle entremêle de façon mélancolique la notion du passage à l’âge adulte et de séparation que l’on peut ressentir durant cette phase. L’amour est bien entendu présent, mais aussi la représentation de la famille et du lien qui peut exister entre chaque membre. Comment arriver à se construire une identité et se comprendre quand le cocon familial est dysfonctionnel et nous procure révolte et tristesse ? C’est ce qu’est le récit de Kaname et Daisuke.

Si l’on ouvrait le dictionnaire là maintenant, je ne serais pas étonnée de voir ce manga donné comme exemple pour définir la poésie. Le trait de KOMATSU vaut vraiment le détour. C’est beau, doux, vif et amer à la fois. Rien qu’avec ses dessins on perçoit les sentiments de chaque personnage, ce qui rend l’impact des monologues et des échanges entre les personnages encore plus forts. Le découpage est soigné et diversifié, ce qui donne du dynamisme et une sensation de calme durant la lecture. Le design des personnages se ressemble pas mal sur certains visages, mais reste tout à fait réussi. La mangaka joue également sur les décors n’hésitant pas à les utiliser comme s’ils faisaient partie des personnages vivants qui s’animent sous nos yeux. C’est délicat et raffiné.

L’édition de Taifu Comics est dans ce que l’éditeur fait d’habitude à savoir de qualité. La couverte est soignée et le titre très bien choisi, faisant écho aussi bien à la première qu’à la dernière histoire. La traduction d’Isabelle Eloy (Links, Color Recipe, Neon Sign Amber, Qualia Under the snow) est de qualité et arrive parfaitement à retranscrire ce que la mangaka a voulu faire passer.  

En conclusion, en seulement quatre courtes histoires, KOMATSU montre toute la palette de son talent et apporte une fraîcheur à ses histoires en y incluant diverses émotions. Le lecteur sera très facilement conquis par cette lecture qui nous fait naviguer au gré de l’automne et de l’hiver. Un one-shot de qualité malgré la jeunesse de l’auteure qui semble avoir un futur très prometteur. Espérons à présent la voir revenir très prochainement sur nos étagères en France.  

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jepeneàtoi

3 réflexions sur “Critique manga #069 – Je pense à toi

    • au plaisir ! Les histoires sont très courte ce qui frustre un peu, mais c’est voulu parce qu’au final c’est le côté doux et cette sensation de bien être qui reste le plus. J’ai adoré ! J’espère vraiment que l’on retrouvera bientot cette auteure.

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