José Rodrigues dos Santos est un journaliste qui me berce depuis mon enfance sur la chaîne portugaise internationale RTPi. Son talent n’est donc plus à prouver tant il a su apporter à ses reportages et interventions télévisuelles son dynamise et professionnalisme. Mais que vaut-il en tant qu’écrivain ? Après des années, je me suis enfin décidé à lui donner sa chance… le résultat ? À découvrir dans la suite.
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José Rodrigues Dos Santos est un journaliste et auteur portugais, né à Beira au Mozambique. Élevé par son père médecin et sa mère, il déménagea avec ses parents dans la ville de Tete jusqu’à ses neuf ans. Après la libération du pays en 1957, Dos Santos vécu au Portugal, à Lisbonne jusqu’au divorce de ses parents. Face aux difficultés financières de sa mère, il rejoint son père. Il vécut alors dans la ville portugaise de Penafiel, puis Macao en Afrique. Là-bas, il créa un journal étudiant qui éveilla l’intérêt des responsables d’une radio locale. Il sera alors interviewé par une journaliste fraîchement arriver à Macao : Judite de Sousa, actuellement une grande figure télévisuelle du Portugal. C’est à l’âge de 17 ans, que Dos Santos débuta sa carrière de journaliste au sein de Radio Macau. Deux années plus tard, en 1983, il revient à Lisbonne pour étudier à la Nouvelle université de la capitale. En 1988 il se maria avec Florbela Cardoso, et devint père de deux filles. Il est le détenteur d’un doctorat en sciences de la communication avec une thèse sur les reportages de guerre, et enseigne à l’université. Depuis 1991, José Rodrigues dos Santos est devenu l’un des piliers de l’information de la télévision publique portugaise, en occupant à deux reprises le poste de directeur de l’information, et en étant encore actuellement le présentateur du journal télévisé de 20h sur RTP1, première chaîne public du pays. Il a également été reporter pour la BBC et la CNN au cours de sa carrière, et a été primé trois par cette dernière. Au niveau de sa bibliographie on lui compte plusieurs essais de chroniques de guerre, et de multiples romans en dehors de sa saga Tomàs Noronha débutée en 2005, mais seulement publié en 2012 en France : La Formule de Dieu, L’Ultime secret du Christ, Codex 632, Furie Divine, La Clé de Salomon, et plus récemment chez HC éditions Vaticanum. Ces derniers sont aussi disponibles en poche chez Pocket.
À l’origine La Formule de Dieu n’est pas le premier ouvrage de la saga Tomás Noronha, puisqu’il s’agit de Codex 632 , mais il fut le premier édité en France chez HC Editions. L’histoire se déroule au Caire, de nos jours, où l’expert en cryptologie portugais, Tomás Noronha, se voit confier le déchiffrage d’un manuscrit de très grande importance. Il s’agit du “Die Gottesformel, La Formule de Dieu” écrit des mains d’un certain Albert Einstein, le vrai et unique. Ce qu’il contient n’a rien d’anodin puisque s’y trouve inscrit le mode d’emploi d’une bombe nucléaire surpuissante. Sans le vouloir, Tomás va se retrouver mêlé à une grande affaire d’espionnage international, de l’Iran à l’Occident, où les secrets de l’atome et de la science nous cachent des choses bien plus grandes… et surprenantes !
Durant la lecture, certains y verront des points communs avec les écrits de l’auteur Dan Brown, connu notamment pour le Da Vinci Code, mais très vite on se rend compte que nous sommes à un tout autre niveau. si Brown excelle dans son genre, Dos Santos, lui, pourrait être décrit comme un héritier de Brown et Robert Ludlum (La Mémoire dans la peau). On est ici en face d’un récit très prenant et très complexe dans ces notions scientifiques et ésotériques. Sur ce dernier point le travail de journaliste de Dos Santos se ressent énormément. Les scènes explicatives sur les avancées et techniques scientifiques pourraient vite rebuter, surtout si comme moi vous n’avez jamais été des plus calés en sciences. Pourtant, Dos Santos arrive à y injecter sa petite touche personnelle, cette sorte d’étincelle caractéristique à son parcours journalistique, qui rend le schmilblick accessible et compréhensible. Le personnage de Tomás Noronha n’étant pas non plus un connaisseur il permet au lecteur de découvrir les choses en même temps que lui. On se sent très vite moins seul, hein.
Parfois, je pense que la vie n’a aucune valeur, que c’est une chose insignifiante. Je vais mourir et l’humanité ne sentira pas la différence. L’humanité va mourir et l’éternité ne sentira pas la différence. Nous ne sommes que des ombres, de vaines poussières se perdant dans le temps … Mais, d’autres fois, je pense que nous naissons tous avec une mission, que nous jouons tous un rôle, que nous faisons tous partie d’un système. Cela peut être un rôle minuscule, une mission dérisoire, cela peut même nous paraître une vie perdue, mais, après tout, qui peut savoir si une chose aussi infime n’est pas une part essentielle dans la conception du grand gâteau cosmique ?… Nous sommes de minuscules papillons dont le fragile battement d’ailes a peut-être l’étrange pouvoir de générer de lointaines tempêtes dans l’univers.
Ce thriller de 700 pages ne laisse que très peu de répit au lecteur, entre le suspens qui se tient du début à la fin et les cours de sciences, philosophies et physique, notre cerveau ne peut qu’être happé par toutes ces connaissances étalées sur les pages. Les amoureux des romans d’espionnage arriveront à y trouver leur compte, – la comparaison avec Ludlum n’est pas là pour faire jolie – avec l’intervention de la CIA et autres bonhommes armées, bons ou mauvais. De nombreux rebondissements viennent casser le rythme imposer par les descriptions scientifiques, ce qui permet au lecteur de trouver une bulle d’air et de ne pas faire dans le linéaire. De plus cela semble nécessaire puisque malgré son univers riche, La Formule de Dieu souffre quelque peu de certaines longueurs notamment dans les descriptions (attention si vous y êtes allergique). Il y aussi les nombreux voyages entre Lisbonne, l’Iran, le Tibet ou encore les États-Unis, qui donne vraiment cette impression de voyager en même temps que notre héros, Tomás.
D’ailleurs restons avec les personnages et parlons de Tomás Noronha, qui n’est pas forcément le plus charismatique mais qui nous apparaît assez sympathique pour qu’un certain attachement opère. L’apport féminin se trouve dans la belle Ariana Pakravan qui travaille pour le ministère de la science d’Iran, aidant notre héros à décrypter le manuscrit d’Einstein. Une grande complicité se noue entre eux, et cela fonctionne assez bien dans le récit. De plus, il est toujours très agréable d’avoir un personnage féminin intelligent dans un récit et qui ne soit pas juste là pour “être jolie” et rien de plus. Mon seul regret au niveau des personnages, est l’apparition tardive de Luís Rocha, assistant et professeur, dans le roman. En effet, toute la partie où il apparaît est vraiment très intéressante, et aurait certainement mérité que son arrivée soit faite bien plus en amont.
En conclusion, de ses nombreuses recherches en tant que journaliste de terrain, José Rodrigues dos Santos signe avec La Formule de Dieu un beau thriller mélangeant habillement le genre scientifique, historique (d’autrefois et actuel), ainsi que l’ésotérique sans jamais en faire trop. C’est instructif, pas barbant pour un sou, avec une intrigue complexe et haletante tant on veut savoir le fin mot de l’histoire. Un premier essai avec ce journaliste dont j’admire le professionnalisme, et qui me montre qu’il est l’est tout autant dans le rôle d’écrivain.
Ha il me tente bien celui-là !
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J’en ai beaucoup entendu parler il y a quelques années, je pense que je tenterai =)
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