Quand le monde de l’art plastique rencontre l’univers du shojo, nous obtenons une thématique mature et sensible sur la manière de rester soi-même dans un monde qui n’a de cesse de nous mettre dans des cases. Soit beau, soit intelligent, soit responsable, soit sage, soit polie, soit parfait…. les adjectifs que l’on nous assène à longueur de temps finissent peu à peu par nous amocher l’âme. Au-delà de l’apparence raconte l’histoire de gens comme vous et moi essayant tant bien que mal d’être eux, et rien de plus.
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Merci à Stéphanie et Anne-Catherine, maintenant je veux devenir une artiste des Beaux-Arts !
Fumie AKUTA est une mangaka japonaise ayant débuté sa carrière en 2014 avec Miyatake Miracle, un one-shot édité par Kodansha dans le magazine Dessert. C’est en 2015 que la série Au-delà de l’apparence (Sekirara ni Kiss) débute chez le même éditeur, et est toujours en cours avec 7 tomes. La même année elle publie un nouveau one-shot Imouto ga Dekimashita. En France, Au-delà de l’apparence est la première histoire de l’auteure à se faire éditer, grâce aux éditions KANA.
Dans les deux premiers tomes, Au-delà de l’apparence se présentait à nous en un shojo se focalisant sur l’importance de rester soi-même, malgré la pression sociale ou la honte que l’on peut ressentir vis-à-vis de nous. En intégrant l’école d’art, Chitose semble peut à peu prendre conscience du fait qu’elle ne peut continuer à jouer le rôle de celle qu’elle n’est pas. Après avoir réussi à terminer son projet pour le festival Yamate, avec l’aide de Itsuki, notre Chitose ne peut s’empêcher de vouloir se rapprocher du jeune homme. Toujours aussi taciturne et distant, il va néanmoins se faire quelque peut bousculer avec l’arrivée d’un jeune homme qu’il connaît bien, puisqu’il s’agit de… son frère ! Yuinosuke, de son prénom, est tout le contraire de son frère. Il est joyeux, sociable et très populaire. Véritable puce sauteuse, Yuinosuke ne va pas tarder à attiser la jalousie de son frère, alors que jusqu’ici celui-ci semblait ne pas vouloir écouter l’affection qu’il éprouve pour Chitose. La méfiance de Itsuki face à son frère aîné semble remonter à des années en arrière, sans que l’on ne sache (encore) pourquoi. Le lecteur sera certainement sensible à la jovialité et à l’attention que porte Yuinosuke à Chitose, et quelque peu agacé par Itsuki et sa manière de vouloir imposer à la jeune fille de ne pas approcher Yui.
FUN FACT : Saviez-vous que les musiques utilisées dans les « trailers » de KANA, sont des créations originales ?
En incluant ce nouveau personnage au récit, au bout de seulement deux tomes, la mangaka redistribue les cartes afin que le classicisme du récit ne vienne tomber dans une routine. On sera aussi attentif à Meguro et à son avancée personnelle et sentimentale. Le fait d’avoir deux histoires en parallèle permet au lecteur d’explorer d’autres personnalités tout en restant intéressé par le duo principal, à présent devenu un trio.
Poussé par les petites attentions de son grand frère envers Chitose, Itsuki s’est permis un moment de sincérité sentimentale qui a su ravir l’adolescente, elle qui rêvait tant de ce rapprochement. Pourtant dans ce tome 4, la jeune fille est de plus en plus déstabilisée par le sérieux du garçon, à tel point qu’elle ne sait plus comment se comporter. Il est normal quand on sait que jusqu’à présent Itsuki était plutôt froid et distant, voir parfois agacé par elle. Mais au fil des pensées et des dialogues, les personnages concernés finissent par comprendre que leur attitude n’est pas forcément juste envers l’autre. Chitose, elle, essaye tant bien que mal de gérer les tensions, sans vouloir froisser quiconque.
La thématique de l’art plastique reste un point central du récit, même quant on a l’impression que le sujet est relégué au second plan. Au travers de cet univers peu présent dans le manga, la mangaka Fumie AKUTA arrive à faire grandir ses personnages et son récit. Les émotions sont véhiculées de façon mature et avec passion, comme l’attestent les petites explications sur les diverses techniques et outils de travail. Le personnage de Yui prendra de l’importance au fur et à mesure, notamment en dévoilant un pan plus mélancolique de sa personnalité contrastant avec son sourire chaleureux. On appréciera aussi la prise de conscience de Chitose envers cette envie « symptomatique » qu’elle a de vouloir plaire aux autres, avant de s’accepter soi-même. Un travail sur sa personne qu’elle arrivera à faire au contact de ses créations artistiques.
La partie graphique est dans la lignée d’un shojo classique, tout en veillant à mettre un point d’honneur à jouer sur la communication simplement par les regards. Le trait est doux et précis, et la mise en lumière de l’univers de l’art à de quoi donner envie d’aller s’inscrire à notre tour dans une école artistique ! Petit mot rapide sur l’édition de KANA pour dire que qualité est là, et que la traduction d’Aline Kukor (Banale à tout prix, Death’s Choice) ne souffre d’aucune coquille. Dans la partie bonus, on apparend que l’auteur a fait appel à plusieurs écoles d’art pour écrire son manga, mais aussi comment elle a créé les protagonistes.
En conclusion, Au-delà de l’apparence est un shojo qui ne se veut pas révolutionnaire mais honnête dans sa conception. La passion pour les arts de Fumie AKUTA se voit très clairement dans son application de faire de ce thème un personnage décisif dans l’évolution du récit. L’apprentissage personnel de chacun fait que l’on s’attache et qu’il trouve écho en l’adolescent que nous sommes, ou avons été. Que ce soit le rythme soutenu et sans précipitation rend la lecture de ce shojo agréable et humain.
J’ai justement le tome 1 dans ma PAL, ça a l’air vraiment sympa 😍
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