Critique comics #013 – I Kill Giants de Joe Kelly et Ken Niimura

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Édité une première fois chez Soleil, I Kill Giants revient cette fois-ci pour fêter les 10 ans de sa parution US dans une version complète et enrichie d’interviews et autres, ainsi que d’une couverture inédite pour la version française. Une histoire récemment adaptée au cinéma qui nous confronte sur les dures leçons de la vie et la maigre frontière entre le réel et l’imaginaire. Fort en émotions et visuellement dynamique, ce graphic novel de Joe Kelly et Ken Niimura se doit de figurer dans votre bibliothèque. Parole de la chasseuse de géants que je suis à mes heures perdues. 
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Merci à Déborah et toute l’équipe de HiComics


I Kill Giants ou Je tue des géants pour les non anglophones, est l’oeuvre originale de Joe Kelly et Ken Niimura. Pendant plus de 20 ans, Joe Kelly a scénarisé de nombreux comics aussi bien pour Marvel (Fantastic Four, Daredevil, X-Men) que pour DC Comics (Superman, JLA, Infinite Crisis). En aparté il a collaboré avec Image Comics, où I Kill Giants vit le jour. L’idée de I Kill Giants lui ait venue alors qu’il attendait son père lors de l’une des séances de rééducation de ce dernier, après s’être fait amputer d’une jambe à cause de son diabète. Une heure après, le périple de la jeune Barbara était couché sur un bloc note de papier jaune. Pour l’accompagner dans son projet, Kelly a pu compter sur le trait singulier de Ken Niimura, d’origine hispano-japonaise, diplômé des Beaux Arts et fondateur de H Studio. Publié pour la première fois en 2008 chez Image, I Kill Giants a remporté plusieurs prix prestigieux comme la Médaille d’or aux Japan International Manga Awards, la Médaille d’argent aux Gaiman Awards, le prix Gran Guinigi Lucca Comics and Games pour le meilleur scénario, et se vit nominer aux Eisner Awards. En France, le titre fut publié une première fois aux éditions Soleil sous le titre Je tue des géants en 2009, mais uniquement le tome 1.

Avec le lancement de HiComics en début d’année, Sullivan Rouaud a tout de suite souhaité corriger le tir en mettant un point d’honneur à publier ce titre – cher à son cœur – dans une version complète. C’est donc tout naturellement qu’une nouvelle édition pour les 10 ans, avec couverture inédite pour la version française, que I Kill Giants est arrivé en librairie. Soutenu par une adaptation cinématographique par Anders Walter (Helium) (et par les producteurs de Harry Potter) sortie en salles US en mars dernier, disponible en DVD/Blu-Ray/VOD dès le 6 juin prochain pour la VF.

L’histoire nous raconte le quotidien de Barbara Thorson, adolescente indépendante vivant avec son frère et sa grande soeur Karen. Comme chaque jeune fille de son âge elle se rend à l’école, mais est considérée comme une “freak” par ses camarades. Il faut dire que Barbara, outre sa langue bien pendue, possède une imagination débordante et une passion pour les parties de Donjons & Dragons. S’imaginant entourée de lutins et de monstres, et armée d’un marteau de guerre nordique Barbara va devoir mettre tout en place pour contré l’arrivée imminente de monstrueux géants. Seule à pouvoir lutter contre eux, la jeune fille va se heurter aux adultes et aux autres enfants, dont sa nouvelle amie Sophia, qui se pose des questions sur sa santé mentale. Alors, Barbara est-elle réellement une tueuse de géants ou bien est-elle victime de problèmes plus sérieux ?

Difficile de parler de ce graphic novel sans vous spoiler son histoire. En débutant la lecture nous sommes tout de suite charmés par la répartie de Barbara qui ne cache pas son manque d’intérêt pour l’école. Il faut dire qu’elle a d’autres choses à penser. Attachante et extrêmement drôle, on se prend très vite d’affection pour elle. C’est donc un réel plaisir de la suivre au jour le jour et de découvrir sa famille. Son caractère et sa personnalité lui valent d’être assez populaire parmi le corps étudiant puisqu’elle est une adepte des rendez-vous chez le directeur de l’école. Dotée d’un esprit combatif, Barbara ne se laisse pas démonter même quand la teigne de son école et ses acolytes la prennent pour cible. L’arrivée de Sophia dans sa classe apporte une certaine douceur aux journées de Sophia, et la complicité entre les deux fait vraiment chaud au cœur. Sophia est amusée par l’esprit vif de son amie, mais viendra tout de même à se poser des questions la concernant…

De chapitre en chapitre, Joe Kelly écrit un récit très intimiste, surtout quand on connaît le contexte dans lequel il l’a écrit. Doté de plusieurs niveaux de lecture, le lecteur ne manquera pas de se faire sa propre idée sur le final du récit. De case en case, Barbara nous emporte dans sa vision du monde, dans sa lutte émotionnelle face aux traumas de la vie. Une vie qui ne l’épargne pas, elle et sa famille, et dont les émotions à la lecture sont palpables et profondes. Sans tomber dans le dramatique, l’auteur nous met toutes les clés en mains pour nous amener à réfléchir sur le sens de la vie et de la mort. On pourrait facilement comparer ce récit à celui d’Homère dans l’Odysée. Onirique, singulier, émouvant, intriguant et épique pourraient être le résumé en quelques mots de I Kill Giants. Mais cette définition serait incomplète selon moi. Kelly évoque avec grâce la solitude en chacun de nous, l’enfance et l’amitié sans jamais faire dans le mélodrame.

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Le dessin de Ken Niimura est tout aussi fantasque que le scénario de son comparse. Mêlant influences comics et manga, le trait apporte une dimension personnelle et complémentaire. En choisissant un rendu graphique uniquement en noir et blanc, l’artiste met bien en valeur son travail sur les nuances de gris. Tantôt appuyé, tantôt fin, l’impression est dynamique et naturel. Les scènes plus sombres englobent avec brio l’ambiance mystérieuse qui s’installe petit à petit. Les doubles pages sont également bien mises en avant, et on s’en prend vraiment plein les yeux. Les expressions de chaque personnage appuient avec justesse sur la dualité du récit.

L’édition de HiComics est irréprochable selon mes standards. Papier d’une blancheur immaculée, couverture rigide, reliure solide, impression de qualité, préface signée par le réalisateur du film, interviews en fin d’album de Kelly et Niimura, croquis,.. et le tout pour un peu moins de 20€ ! Le soin apporté à chaque page est flagrant, et on ne peut que remercier toute l’équipe de traduction, de conception graphique et Sullivan pour cette publication exemplaire faite avec amour.

En conclusion, en partant d’un vécu personnel Joe Kelly a donné naissance à un ouvrage aux questionnements philosophique et universel. Il ouvre également le débat sur de multiples sujets : harcèlement scolaire, l’imaginaire, la maladie, l’enfance, les liens sociaux, etc… Le style de Ken Niimura contribue grandement au ressenti durant la lecture. Bref, vous l’aurez compris I Kill Giants se doit d’être lu aussi bien par les adultes que par les enfants. Amateurs de comics, bande dessinées, mangas, ou non, ici le média n’a pas d’importance tant l’histoire transcende ces frontières inutiles. 17blancinfos comics

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