Critique #120 – Si on dansait… de Rachel Joyce

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À mes yeux le nom de Rachel Joyce est synonyme de lecture pleine d’émotion et d’un naturel implacable. Après avoir conquis ma sensibilité avec La Lettre qui allait changer le destin d’Harold Fry, l’auteure revient avec un roman tout aussi riche, où le swing musical apporte une touche originale au récit. Alors, vous aussi venez passer la porte du petit « Music Shop » de Frank est laissez-vous bercer par les notes de son cœur.

 

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Également disponible en numérique

Merci à Mélanie de m’avoir permise de lire cette petite perle littéraire


Rachel Joyce est une écrivaine britannique née à Londres en 1962. Sa passion pour l’écriture elle la nourrit en écrivant des scénarios pour la radio BBC Radio 4 pendant plus de vingt ans, ainsi que pour la télévision britannique. Elle a également fait ses premiers pas en tant que comédienne au théâtre, et a reçu à cette occasion de nombreux prix. Son premier roman La lettre qui allait changer le destin d’Harold Fry (The Unlikely Oilgrimage of Harold Fry) est paru en 2012. Dès sa sortie le livre rencontra un franc succès auprès de la presse et du public (traduit dans plus de 29 langues), et fit gagner le prix du nouvel écrivain de l’année aux National Book Award à son auteure. En France, le livre fut édité chez XO sous le titre de La lettre qui allait changer le destin d’Harold Fry arriva le mardi… pour une raison que j’ignore alors que le nouveau titre pour les éditions Pocket fonctionne très bien et se suffit. Depuis, Rachel Joyce a sorti quatre autres romans : Perfect (2013), The Love Song of Miss Queenie Hennessy (2014), A Snow Garden and other Stories (2015) et The Music Shop il y a quelques mois. Et c’est en mai dernier que la version français de ce dernier a été publié sous le titre de Si on dansait aux Éditions XO.

Le récit se passe à Londres, fin des années 80, où dans une petite rue – Unity Street – se trouve un magasin de vinyles tenu par Frank. Passionné de musique, ce dernier n’est pas comme les autres disquaires. Outre sa résistance face à l’arrivée du disque, Frank possède un don certains pour trouver LE vinyle qui plaira au client qui passe la porte de son petit magasin. Que vous soyez d’humeur joyeuse, triste ou en proie à un doute quelconque, cet amoureux des mélodies en tous genres sait ce qu’il vous faut. Mais le jour où Lisa Brauchmann fait un malaise devant sa boutique, Frank n’arrive pas à savoir quelle musique peut correspondre à cette mystérieuse femme au manteau vert.

Commençons par les personnages qui sont vraiment le cœur du récit – en dehors de la musique – puisqu’ici chacun possède une belle personnalité. Parce que dans cette petite ruelle sans issue ce sont des gens comme vous et moi, qui s’occupent de leur petit commerce et qui au fil des années ont tissé des liens amicaux. Tout comme dans La Lettre qui allait changer le destin de Harold Fry, ils sonnent authentiques et simples, le lecteur peut donc facilement se retrouver en certains traits de caractère. Frank est un solitaire très à l’écoute et l’empathie qui émane de lui fait vraiment plaisir à lire. Avec lui travail Kit, maladroit mais toujours prêt à mettre de l’ambiance. Un duo très différent mais qui fonctionne de façon organique durant la lecture. Les autres protagonistes (Maud, Père Anthony,..) apportent eux aussi beaucoup au récit. Lisa est une femme énigmatique, douce, qui interpelle grandement le cœur de Frank. Entre les deux, on le devine, la romance est là, petit à petit. Mais comme rien n’est jamais facile, les interrogations, les peurs, les secrets et les non-dits viendront faire sauter le tourne disque nous laissant parfois sur le carreau tant on est emporté par leur rythme qu’ils s’imposent. On aime et on espère avec et pour eux.

Pour Frank, la musique était comme un jardin dont les graines se dispersaient jusque dans les recoins les plus éloignés. Les gens pouvaient passer à côté de choses merveilleuses lorsqu’ils se cantonnaient à ce qu’ils connaissaient déjà.

La narration alterne entre chapitres se déroulant dans le passé de Frank où on fait la connaissance de sa mère Peg, et le présent dans la boutique. À travers ses souvenirs, on comprend comment Frank s’est autant passionné par la musique. Peg est une femme pleine d’anecdotes et connaissant énormément sur la vie des musiciens. Rachel Joyce a pris soin d’intégrer des bribes de morceaux de musique à son récit nous mettant bien dans l’ambiance. On peut lire les noms d’Aretha Franklin, Chopin, Vivaldi, ou du Miles Davis. La fine amoureuse de musique que je suis a été plus que ravis de voir autant de monuments de la musique en général. De plus, au début du livre se trouve deux liens pour aller écouter la playlist préférée des personnages [lien Deezer | lien Spotify]. On peut ainsi donner une certaine dimension réaliste, et on se sentirait presque comme un membre du groupe !

Être avec elle, c’était comme regarder le soleil fixement. D’abord, il ne voyait absolument rien, mais dès qu’il détournait le regard elle était là, telle une empreinte d’un blanc éclatant qui s’imprimait sur tout ce qui l’entourait.

La plume de Rachel Joyce est toujours aussi profonde et humaine. De ses mots on sent une aisance naturelle pour donner vie à des personnages aussi imparfaits que chacun d’entre nous, les rendant ainsi chaleureux et attachants. Le travail de l’auteure concernant l’univers de la musique est bien réel, et on ne peut que la remercie de s’être autant dédiée. L’histoire ne manque pas non plus d’humour, vous savez, cet humour so british mais tellement séduisant. Le travail des Éditions XO est plus qu’honnête puisqu’il respecte l’auteure et son récit. La couverture est vraiment simple mais magnifique, avec un effet relief sur les lettres. Le choix de traduction du titre original « The Music Shop » colle bien à ce que propose le récit, à savoir une valse entre deux êtres qui nous entraîne nous aussi. 

En conclusion, Et si on dansait… de Rachel Joyce m’a autant séduit que La Lettre qui allait changer le destin de Harold Fry quand je l’ai découvert il y a pas mal d’années déjà. Un voyage musical haut en sonorité où les sentiments de Frank fait appel à notre sensibilité. De par le personnage de Lisa, l’auteure arrive à faire planer une aura de mystère tout au long du récit. C’est écrit sans prétention aucune, mais uniquement avec le cœur et l’envie de divertir le lecteur. On retrouve ici ce qui constitue une petite communauté luttant pour leur bout de pain à la fin de la journée, l’amitié, l’amour et la solidarité. Une lecture pleine de charme qui séduira quiconque souhaitera entrer dans la danse.

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8 réflexions sur “Critique #120 – Si on dansait… de Rachel Joyce

    • Il est bien oui, et l’auteure possède une belle plume. Quitte à choisir, si tu ne la connais pas, je te conseille ton premier roman. Le second est également très bon. Le principal dans ses écrits sont ses personnages, et elle s’en sort brillamment.

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