Comics, films, séries télé, animation, bande dessinée, les héros issus des grandes firmes comme DC Comics et Marvel n’ont jamais été aussi mis en avant. Après le Batman de Marini, l’univers manga s’est également attaqué aux héros DC Comics en se focalisant sur la Justice League. Pour porter cette oeuvre, DC Comics a fait appel à la dessinatrice de Saint Seiya : Lost Canvas Chronicles. Une réécriture de ces héros incluant des bribes d’univers Japonais qui ne plaira pas forcément à tout le monde, mais qui a au moins le mérite de proposer quelque chose de différent.
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Merci à Stéphanie et Anne-Catherine pour cette revisite originale du DC Universe
Shiori TESHIROGI est une mangaka née au Japon dont la carrière a débuté en 1997 dans la partie manga de chez Enix. En 2004, elle sort Kanojo ga Tonda hi, puis Kieli – les morts forment sous les terres sauvages en 2006. Souhaitant développer une longue série c’est avec Saint Seiya : The Lost Canvas – La Légende d’Hadès, spin-off du titre Saint Seiya, que son souhait va se réaliser. La série paraîtra en France chez Kurokawa ainsi que son titre dérivé Saint Seiya : The Lost Canvas – Chronicles. Entre temps, Teshirogi sorti deux one-shots Delivery, et High Speed inédit en France. En 2017, DC Comics et Akita Shoten se lancent dans une version manga des célèbres héros du DC Universe. Shiori Teshirogi travaillant chez cet éditeur depuis 2003, c’est à elle que les deux maisons vont faire appel pour concocter un titre autour des sept membres (Batman, Superman, Aquaman, Wonder Woman, Green Lantern, Flash et Cyborg) de la Justice League, avec une prépublication dans le magazine Champion Red.
Dans le tome 1 [mon avis], le lecteur découvrait la ville de Gotham toujours aussi grise que dans les comics. Rui Aramiya, un jeune Japonnais vient tout juste d’arriver afin de retrouver ses parents disparus lors de l’explosion d’une usine. Son côté naïf va tout de suite lui causer des ennuis puisqu’il sera agressé par des policiers véreux. Très vite, sa quête personnellw le mènera à rencontrer Batman, le Joker, Lex Luthor et les membres de la Justice League. Le premier tome avait pour but de servir d’introduction aux lecteurs n’étant pas familier avec les comics en présentant les bases de l’univers DC à travers ses figures de proue. Au fil des chapitres on découvrait les mystérieuses Ley Lines, symbolisant une force terrestre puissante dont le point de convergence se trouve sous Gotham. Attirés comme un papillon par une flamme, les vilains ne pouvaient rester éloignés. Lex Luthor et le Joker en tête de gondole qui vont travailler main dans la main pour contrer Batman et les autres héros.
Si la part de mystique était très présente dans le tome 1, notamment à travers une jeune femme et Rui, le tome 2 amorce un virage différent puisqu’il met cette intrigue un peu de côté afin de privilégier un scénario plus basique mais divertissant. Dans les 192 pages, nous assistons à un double affrontement entre Aquaman et son demi-frère Orm (ou Ocean Master), et Batman versus le Joker. Si ce dernier est un combat que les lecteurs de comics connaissent, le premier n’est certes pas rare mais moins omniprésent dans l’univers DC. C’est donc avec un certain œil nouveau que l’on peut découvrir la relation plus que tumultueuse des deux frères. Dans son scénario, TESHIROGI met l’accent sur la rivalité fraternelle qui existe entre Arthur Curry et son demi-frère, et de cette haine que ce natif d’Atlantis voue au peuple terrestre.
Sous ce lien familial se cache des rancœurs, principalement porté par Orm qui ne comprend pas que Arthur puisse se placer du côté des hommes et délaisser sa famille aquatique. Derrière les mots de Orm on perçoit très bien ce rejet de la part de celui qu’il a tant attendu étant petit, et qu’il ne peut tolérer que Arthur puisse le reléguer au second plan pour servir auprès de la Justice League. De ce point, la psychologie de Orm est bien traitée et respectée même s’il souffre d’une certaine répétition dans ses propos. C’est donc un vilain avec une réelle motivation autre que celle de simplement vouloir détruire le monde de la surface pour le fun ou parce que “c’est ce que font les méchants, slash insérer rire diabolique ici”. On ne peut pas en dire autant sur Luthor et le Joker, dont le développement est quasiment absent ici.
Si on s’attend à voir Batman occuper le devant de la scène, comme l’indique le titre, ce n’est pas réellement le cas dans ce tome 2. Est-ce que cela dérange ? Pas vraiment, voir pas du tout. Il est franchement appréciable de voir d’autres justiciers prendre sa place de meneur de scénario. Après tout la Justice League ne se résume pas uniquement à la Chauve-Souris. Aquaman est un personnage sous-estimé par beaucoup et peu connu du grand public même s’il apparaît au casting du film Justice League sous les traits de Jason Momoa (Game of Thrones), et fin d’année dans son propre film. De ses origines mixtes (simple mortel de la surface et fils de la reine d’Atlantis), Arthur mérite d’être plus présent, ce qui est chose faite ici. Après, reste à voir si les prochains tomes se concentreront sur les autres membres de la JL comme Superman ou Wonder Woman – pour ne pas citer Cyborg et Green Lantern encore totalement absent. Si le boy scout de Metropolis reste en retrait, Wonder Woman s’impose gentiment sans pour autant prendre le dessus. Son intervention reste minime mais efficace, mais pourrait venir à prendre plus d’importance si la mangaka le décide.
Même si la lecture s’avère plaisante, on regrette une certaine lenteur ici et là dans la narration surtout durant l’affrontement des deux frères ayant tendance à s’éterniser. Ce point est certainement justifiable par le fait que TESHIROGI possède une marge de manœuvre assez limitée, puisque la supervision se fait entièrement par DC Comics. Du coup, les références à la culture ancestrale du Japon sont intéressantes mais comme ralenti par cette « obligation » de garder le socle DC intact. Heureusement l’alternance en milieu de tome avec l’intrigue des Ley Lines casse cette sensation et on peut enfin terminer la lecture sur une note plus réjouissante.
Le dessin de Shiori TESHIROGI est une grande force porté par un trait facilement identifiable. Les fans de celle qui illustre les séries Saint Seiya : The Lost Canvas Chronicles. L’armure d’Orm ravira les fans puisque l’on pourrait presque croire à l’apparition d’un nouveau Chevalier. Le rendu des combats est lisible et hautement dynamique nourri par la précision de la mangaka. On pourrait presque imaginer toute l’action sur grand écran dans un film d’animation ou live-action. Le charadesign ne séduira pas forcément les lecteurs férus de comics, mais on ne peut pas dire que l’auteure leur manque de respect. Il y a une certaine élégance qui émane d’eux, et ça c’est classe. Si on devait reprocher un seul détail au design (en dehors du look clownesque du Joker) ce serait celui de Wonder Woman, qui parfois au niveau du visage ressemble plus à une adolescente qu’à une déesse avec des décennies de rudes épreuves derrière elle.
En conclusion, le tome 2 de Batman and the Justice League reste une suite acceptable au premier, en donnant un champ de visibilité plus vaste à Aquaman et Orm. Une rivalité fraternelle mêlant blessures passées, incompréhension, amour et désamour donnant de la profondeur au récit. Et malgré certains points encore un peu timides, Shiori TESHIROGI livre une version manga des héros DC sympathique, dont on attend de voir la suite.