Critique manga #140 – March Comes in Like a Lion tome 1 et 2

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Connue du public français pour son manga Honey and Clover, il aura fallu attendre 10 ans pour revoir Chia UMINO revenir sur nos étagères avec un seinen présentant la culture japonnaise tout en évoluant sur une trame de vie quotidienne avec ses drames, ses doutes, et ses espoirs. March Comes in Like a Lion est une lecture qu’il est bon d’avoir pour prendre le temps d’apprécier les choses qui nous entourent à leurs justes valeurs. Expirer, inspirer, est certes automatique mais cela s’avère différent quand on prend conscience son importance pour notre bien-être intérieur de vraiment le faire à poumons déployés.  

 

Acheter les tomes de March Comes in Like a Lion sur le site des éditions KANA ou sur Amazon
Également disponible en numérique sur le site de izneo

 

LIRE UN EXTRAIT DU TOME 1 ICI

kanadargaudsuisse

Merci à Stéphanie et Anne-Catherine pour cette lecture sous le signe de l’espoir malgré les tempêtes du quotidien


Chica UMINO est une mangaka née à Tokyo, au Japon. C’est sous ce nom de plume que l’auteure a débuté avec des dõjinshi (recueil édité par des amateurs pour présenter leurs travaux), suivi en 1995 par Comic Cue, une oeuvre collective. En 2002 elle lance Honey and Clover (Hachimitsu to Clover) en 10 tomes aux éditions Shueisha, qui lui valut le 27ème Kodansha Manga Award. En France, le titre a été édité chez Kana depuis 2017. March Comes in Like a Lion (Sangatsu no Raion) débute en 2008 dans les pages du magazine seinen Young Animal de Hakusensha, avec 15 tomes en cours à ce jour. Fort de sa popularité auprès des lecteurs et de la critique (plusieurs prix), le manga fut adapté en série animée de deux saisons entre 2016 et 2017, ainsi qu’un film live. En France, 13 tomes ont été publié à ce jour.

L’histoire de March Comes in Like a Lion est très mélancolique. Rei Kiriyama, adolescent de 17 ans est un joueur de shôgi devenu professionnel quand il n’était encore qu’au collège. Pour infirmation le shôgi est un jeu traditionnel japonais se rapprochant de notre jeu d’échecs. Étant seul au monde depuis quelques années, le jeune garçon a été recueilli par un joueur de shôgi ayant déjà une famille. Mais avant de savoir tout cela, le lecteur découvre un Rei solitaire vivant seul dans un appartement, et ayant pour seul contact humain ses tournois de shôgi et la rencontre avec trois sœurs pour l’accueillir certains soirs le temps d’un repas chaud. 

Le tome 1 est une lecture qui commence très lentement, et il faudra s’armer de patience pour réellement réussir à rentrer dans le récit. Néanmoins, cette impression ne sera pas forcément la même selon le lecteur qui souhaite découvrir ce manga. Pour ma part, ce n’est qu’après la moitié du premier tome que j’ai vraiment commencé à accrocher au titre et au personnage de Rei, entre autres. Il faut dire que l’adolescent n’est pas des plus jovials, et derrière ses lunettes se cache un garçon que la vie n’a pas épargné. Longtemps déscolarisé, il a récemment repris ses études mais n’arrive pas à s’intégrer. Son seul ami dans l’établissement est l’un de ses professeurs, fan de shôgi également. Rei est de ces personnages qui ne se livre pas complètement dès le début, c’est pour cela que l’histoire avance à petits pas. Toutefois, un lien d’empathie finit par se tisser entre le lecteur et lui, rendant la lecture plus fluide. Autour de lui, il y a les sœurs Kawamoto et leur grand-père. Ce trio est une sorte de bouée de sauvetage dans le quotidien vaste et solitaire de Rei. Par leurs caractères très différents, les sœurs arrivent à donner un socle stable sous les pieds de Rei, qui menace de leur faire tomber à tout moment. Nous avons la plus jeune, Momo, une bouille à en faire craquer plus d’un, l’énergique Hinata dont la joie est communicative et nous faire sourire, et enfin Akari l’aînée pleine de bienveillance s’occupant du foyer tout en travaillant à côté.

Le premier tome prend aussi le temps de nous montrer les parties de shôgi avec toujours Rei comme guide, faisant pleurer ses adversaires de désespoirs quand il gagne le jeu. On fait aussi la connaissance de Harunobu Nikaîdo, s’étant autoproclamé le plus grand adversaire de Rei mais aussi son meilleur ami. Leur relation est assez étrange au départ, puisque ce que l’on ne comprend pas vraiment pourquoi Nikaîdo s’obstine à vouloir être proche de Rei. Ce n’est que quelques chapitres plus tard que le lecteur se prend d’affection pour leur dynamique, et pour ce joueur de shôgi un peu enrobé. Il nous apparaît alors déterminé, chaleureux et de précieux conseil.

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Le scénario d’UMINO se met gentiment en place avec quelques retours en arrière pour que l’on comprenne comment ils en sont arrivés à ce moment précis de leur vie. Le sentiment de solitude n’est pas que propre à Rei, puisque l’on apprend assez vite notamment dans le tome 1 que même la plus enjouée des sœurs possède ses blessures. Chaque petit détail de leur vie a donné lieu à quelque chose de plus grand, et depuis chacun s’efforce d’avancer comme il peut. Malgré son ton dramatique et triste, March Comes in Like a Lion arrive à installer un point lumineux au loin synonyme d’espoir. En parallèle du calme émanant de la vie de Rei dans son studio et de ses tournois, la chaleur et la positivité au sein des Kawamoto  apportent du dynamisme au titre et on est frappé par le contraste. Il s’avère difficile de dissocier ces deux aspects du titre car ils se nourrissent l’un de l’autre pour donner une lecture tranche de vie, mature et entraînante.

Dans le deuxième tome, les éléments donnés dans les deux derniers chapitres du tome 1, donnent lieu à une lecture presque addictive. Les personnages deviennent plus charismatiques, Rei dévoile quelque peu ses stigmates et ses doutes et on ne peut qu’avoir envie de le voir trouver le bonheur. Se trouve-t-il dans le shôgi ? Pourquoi avoir choisi cette discipline plutôt qu’une autre ? Pourquoi vit-il seul à Tokyo ? Une partie des réponses est là, elles nous touchent et on comprend son ressenti face à la vie. La persévérance de chacun apporte une note unique au manga, déjà bien marqué par le jeu de shôgi plus que méconnu pour nous Occidentaux. Ce point connexe au manga est assez enchantant pour que l’on ait envie de lire les explications (que je conseille en fin de lecture et non pendant). Merci d’ailleurs à Nikaîdo pour son “shôgi pour les nuls avec des chats en guise de pions” qui aide fortement le lecteur. Là où la quiétude du tome 1 pouvait faire défaut, le second tome arrive à trouver un juste milieu, toujours en nous proposant des flashbacks mais aussi de légères surprises…. Je ne vous en dirais pas plus à ce sujet. Mais notons que l’évolution de Rei est vibrante d’émotion. Son courage le pousse à survivre pour pourquoi pas un jour transformer ce mot en vivre tout simplement.

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Les dessins de UMINO sont tendres et très agréables à l’oeil. Les personnages sont très expressifs, et les regards sont importants pour contribuer à garder ce lien entre le lecteur et le récit. Les décors jouent sur le néant que peut être la vie de Rei accentuant ce qu’il ressent et donnant lieu à des cases simples. En effet miroir, les cases où apparaissent les trois sœurs débordent d’énergies, il y a des détails partout, de la joie tout en gardant comme point d’ancrage la sensibilité du titre. La mangaka utilise aussi l’incorporation des bulles de dialogues pour jouer là-dessus et insuffler un ton plus commun. L’édition de Kana est classique de sa collection Big Kana (Après la pluie, No Guns No Life, Q Mysteries) où le travail est plus que bon. La traduction de Misato Raillard (Boruto, Mon histoire, GE- Good Ending, So Charming!, etc.) est excellente et pensée pour éclairer le plus possible le lecteur sur la culture japonaise à travers ses notes en bas de pages. Les jaquettes entre la VO et la VF sont différentes, dans le sens où même si l’éditeur a gardé l’illustration d’origine il a choisi de les incorporer dans des cadres proches de ceux pour photos anciennes pour bien capturer cette sensation de tranche de vie du quotidien. C’est original et très bien trouvé selon moi.

En conclusion, March Comes in Like a Lion est un manga choral où chaque personnage devient le moteur de l’autre pour avancer. Entre solitude, rire et chaleur humaine, Chica UMINO impose sa plume et vision d’un quotidien japonnais mais pas que, car malgré la différence des coutumes entre les pays, le lecteur peut s’identifier d’une manière ou d’une autre (harcèlement, relation, questionnement,etc). Tenter de trouver sa place dans un monde qui semble nous avoir rejeté est difficile, et un combat perpétuel où l’on se doit de trouver le lion qui sommeille en nous pour faire entendre son cri et enfin vivre !

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5 réflexions sur “Critique manga #140 – March Comes in Like a Lion tome 1 et 2

  1. Superbe chronique, tu as très bien su rendre l’ambiance et l’âme du titre, je trouve.
    Si tu as aimé ces premiers tomes, tu ne peux que succomber à la suite qui est encore plus forte en émotions. Bonne lecture !

    Aimé par 1 personne

    • Oh, vraiment, tu trouves ? J’ai eu beaucoup de mal à mettre des mots sur ces deux premiers tomes tant le récit dégage vraiment quelque chose de fort et au-delà des mots existants. J’ai eu un peu de mal au début mais j’ai finalement été emportée par ce petit groupe de gens comme toi et moi. Jeanne regrette pas du tout na lecture, et je suis persuadée que la suite est encore plus forte.
      Alors merci pour ton commentaire si tu trouves que j’ai réussi à retranscrire les sentiments que véhiculent ce titre. En plus venant de quelqun qui aime cette série, c’est encore mieux. Merci encore!❤️
      Tu es à jour toi ?

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      • Oui, je trouve vraiment, d’autant plus que comme toi, j’ai eu et j’ai encore beaucoup de mal à mettre les bons mots dessus.
        Effectivement, je suis à jour et même s’il y a parfois quelques bas, je reste totalement fan de l’univers et de l’autrice.
        Tu avais lu Honey & Clover à l’époque ? Si non, je te conseille vivement la série qui est parfois brouillonne mais très belle aussi, pleine de bons sentiments et de bienveillance, et qui retrace bien les premiers pas des jeunes dans leur vie d’adulte ❤

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