Critique manga #165 – Le théâtre des fleurs T1, Ne me quitte pas, A beautiful sunny day

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Amour, drame, art et rêve. Ces 4 mots sont ce qui caractérise les trois mangas dont je vais vous parler. La première est Le théâtre des fleurs qui avec son tome 1 nous emmène à la découverte du kabuki, un art traditionnel aussi majestueux et ancien qu’un chêne de 400 ans. Le second parle de premier amour d’abandon et de bien plus que ça… tandis que le troisième narre le quotidien de deux réparateurs aussi cassés que les objets qu’ils récupèrent qui n’attend que les mains magique de quelqu’un pour avoir une nouvelle vie. 
Sans titre 1

Disponible aux éditions Taifu Comics ou sur Amazon

Le théâtre des fleurs (Hanakoi Tsurane) est un yaoi écrit et dessiné par Isaku NATSUME ayant débuté sa carrière en 2005 avec la sortie de No Color aux éditions Shinshokan. Sachant mélanger habilement humour et dessin fluide, elle se fait très vite une popularité au Japon, mais également aux États-Unis et en Europe. En 2012, les éditions Taifu Comics misent sur les one-shot Devil’s Honey et Twinkling Star Dial pour la faire connaître aux lecteurs français. Deux ans plus tard sort Ameiro Paradox en 4 tomes. Le théâtre des fleurs est actuellement toujours en cours, avec trois tomes à ce jour, aux éditions Shinshokan. L’histoire est celle de deux prestigieuses familles évoluant dans le monde du kabuki, une forme de théâtre japonais traditionnel, où le jeu d’acteur est impressionnant et codifié. Cet art se distingue par le maquillage élaboré des acteurs et la mise en scène. Sôgorô et Gensuke sont chacun l’héritier d’une des familles. Célèbres et considérés comme des prodiges, ces lycéens vont devoir apprendre à collaborer sur scène pour un spectacle où les genres se mélangent pour ne former qu’un seul et même portrait : celui de l’art dans toute sa splendeur. Ce premier tome pourrait se résumer par cette simple phrase, tout en mettant en avant que, même s’il nous introduit aux personnages et à l’univers, la mangaka prend déjà le temps de creuser ses protagonistes. Sôgorô est un garçon portant énormément d’intérêt à ce que le public pense de lui, notamment sur les réseaux sociaux. S’il est très vite déstabilisé quand une critique négative sort, il peut compter sur certaines personnes de son entourage pour lui rappeler qu’il est talentueux.

HANAKOI TSURANE Volume.1 © Isaku Natsume 2016 Originally published in Japan in 2016 by SHINSHOKAN CO., LTD., Tokyo.

Pourtant, il sent bien que depuis quelques mois il n’est plus en osmose avec les personnages qu’il incarne sur scène. Et ce n’est pas l’arrivée de Genseku, qu’il considère comme son rival – car plus talentueux que lui, selon lui – qu’il va réussir à se détendre. Gen est plus enthousiaste et se réjouit de pouvoir passer du temps avec Sô. La ligne narrative de NATSUME est très bien construite, et ne laisse pas place à la précipitation. Le rapprochement entre les deux garçons se fait de manière organique et simple. Ici, pas de scènes explicites ni rien. C’est un récit mature qui, comme une fleur poussant dans un jardin, grandit lentement mais d’une manière belle et agréable à voir. Le thème du kabuki est très intéressant et donne une dimension unique au manga, ce qui permet une lecture ludique sans être ennuyeuse. Le dessin de la mangaka est doux, avec un trait affirmé et fort. J’ai été frappé par la manière dont elle réussit à maquiller les acteurs pour donner l’impression d’avoir un tout autre personnage, tout en prenant soin de faire en sorte que le lecteur arrive à l’identifier. Les vêtement portés lors des représentations sont travaillés, ainsi que les expressions. Les décors ne sont pas des plus présents, mais quand ils le sont on sait où l’on se trouve. En conclusion, ce premier tome du Théâtre des fleurs laisse présager une suite sensible et captivante, où la relation et la personnalité de Sô et Gen vont sans aucun doute nous charmer.

15 sur 20

 

Disponible aux éditions Taifu Comics ou sur Amazon || LIRE UN EXTRAIT

HAGI est une mangaka s’étant faite connaître pour un otame qu’elle a illustré : Usotsuki Shangri-La sorti sur PS Vita. Ne me quitte pas ( Koi ni mo Naranai en VO) est son premier manga paru en 2016 au Japon, et disponible depuis le 24 août dernier aux éditions Taifu pour la VF. Le récit s’ouvre avec un seau d’eau vidé par la fenêtre d’une classe de lycée . La victime de l’accident, en dessous, porte le nom de Koga, un lycéen assez en retrait. En s’excusant auprès de ce dernier, l’arroseur répondant au nom de Tajima va apercevoir Koga pleurer. La raison est la mort de son poisson rouge, offert par la personne qu’il aime le plus au monde. Troublé par les larmes du jeune homme, Tajima va apprendre que le responsable de cette perte est son chat (!)… mais pleure-t-il la mort de son poisson ou bien autre chose ? Le caractère des deux protagonistes est ce qui nourrit fortement ce premier one-shot de HAGI. À travers la mort du poisson rouge, la mangaka parle ouvertement de chagrin et du sentiment d’abandon. Tajima est un garçon sociable qui aura du mal à savoir quand Koga est sérieux ou non, ce dernier n’hésitant pas à le taquiner sans même parfois s’en rendre compte.

© hagi 2017 KADOKAWA CORPORATION

Les personnages secondaires, tels que la sœur de Tajima, ne sont pas des plus présents (one-shot oblige) mais trouvent facilement une petite place pour nous apparaître sympathiques. Le chat joue même un certain rôle en dehors de la mort qu’il a provoqué, puisqu’il va venir créer des moments de quiproquos mais aussi bousculer le destin de Tajima et Koga. Le dessin de HAGI est simplement magnifique. Que ce soit sur la couverture ou dans les pages intérieurs, la mangaka livre un travail propre, délicat et très expressif. Certaines cases font même dans le lyrisme visuel, avec l’eau comme chef d’orchestre. L’édition de Taifu Comics est impeccable. En conclusion, Ne me quitte pas est un premier manga très réussi qui m’aura fait penser à The First Love Melt In Ultramarine en un sens, avec une dose de Your Dream. Deux one-shots du même éditeur que je vous recommande chaleureusement. En seulement 160 pages, HAGI nous éblouis par le traitement de ses personnages, sa construction narrative voguant entre réalisme et métaphore, et on ne peut qu’attendre avec impatience d’autres travaux de sa part.

 

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Aki UEDA donne naissance à son premier manga en un one-shot au titre poétique A beautiful sunny day. Au Japon le titre est paru chez l’éditeur Printemps Shuppan en 2015, sous le titre de Kitaru Harekake no Ashita yo. Harechito et Ôjirô travaillent à récupérer des objets cassés pour les remettre en état de marche. Aucun objet n’ayant de secret pour lui, Harechito arrive à réparer tout ce qui lui passe entre les mains. Pourtant il y a deux choses qu’il ne semble pas pouvoir remettre à neuf : un objet hérité de son papi et le cœur de Ôjirô. En un seul one-shot, Aki UEDA écrit une histoire mêlant du rêve, de l’amour et du drame. Les deux hommes sont complices et intimes, mais pas au sens amoureux. Pourtant, dès les premières pages on sent l’alchimie entre les deux et on ne peut qu’attendre de voir comment la relation va évoluer. Respectueux, tendre et fragile, l’amitié-amoureuse de ces deux êtres abîmés par la vie ouvre une magnifique fenêtre que je nommerais : espoir. Les séquences de flashbacks permettent d’approfondir l’histoire qui nous montre la rencontre entre les deux hommes.  Il est impressionnant de voir à quel point la mangaka arrive à gérer la narration dans un laps de temps limité.

Kitaru Harekake no Asuyo © Aki Ueda 2016 Originally published in Japan in 2013 by FRANCE SHOIN Inc., Tokyo.

Le métier peu commun de ce duo est ce qui incorpore la part de rêve dans l’histoire, et se place merveilleusement bien dans le paysage ensoleillé où vivent nos héros. Le trait de UEDA oscille entre dureté et délicatesse, et donne vie à des planches où l’expression des sentiments passe sans même que les mots ne soient nécessaires. Mélancolie et amour  se lisent dans chaque mimique et regard des personnages. Les décors sont paradisiaques et nous laissent songeurs. En conclusion, A beautiful sunny day est l’exemple même d’un one-shot traitant de l’humain et de chaque sentiment qu’il peut ressentir au cours de sa vie. Les personnages se révèlent très touchants, et on ne peut qu’espérer découvrir bientôt d’autres récits signés Aki UEDA.

17/20

 

 

 

 

10 réflexions sur “Critique manga #165 – Le théâtre des fleurs T1, Ne me quitte pas, A beautiful sunny day

    • Je te remercie ! Oui, le synopsis de base est simpliste, mais j’ai réellement apprécié le fait que la mangaka arrive à construire une récit plus profond qu’il n’y parait. Et le dessin est tellement beau je trouve. A beautiful sunny day est le plus mature des trois titres je trouve, et est construite de manière complète et je suis encore surprise que la mangaka ait réussi à en dire autant en un seul one-shot !

      Merci d’être passé comme toujours. J’ai corrigé quelques coquilles et tournures de phrases, c’était pas possible de laisser ça comme ça, j’espère que la lecture est meilleure du coup!

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  1. Mon dieu *-* Je craque sur les trois titres… Mon portemonnaie va hurler si je repars avec les 3 lors d’un passage au magasin. Ils ont l’air tellement bien ! Bravo pour tes avis en tout cas, ils donnent tous envie et font bien craquer !

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  2. Merci pour ces reviews!

    J’ai lu « le théâtre des fleurs » un
    peu par hasard. J’avais pas vu que c’était un yaoi, j’ai beaucoup aimé la couverture et que l’univers tourne autour du kabuki.
    Ça a été vraiment une bonne surprise, j’attends la suite impatiemment !

    « A Beautiful Sunny Day » me tente bien, l’histoire à l’air plutôt bien ficelé 🙂

    Aimé par 1 personne

    • Oh ? Je suis super contente que vous ayez adoré « Our Dinning Table » ! Dans le meme style (vie de famille) il y a Ikumen After en deux tomes pour l’instant, si vous ne l’avez pas encore lu.
      Hésitez pas à revenir pour me donner votre ressentie concernant Ne me quitte pas. J’espère que toute la beauté du titre vous plaira. Merci beaucoup pour votre commentaire, ça me fait toujours plaisir d’avoir des retours et d’échanger autour.

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      • Alors pour être honnête, j’ai été déçue par « Ne me quittes pas ». Sur la même thématique (homosexualité), j’ai nettement préféré « Our dining table » – peut-être parce qu’il abord aussi d’autres thèmes ? Je vais m’intéresser à « Ikumen after » – merci !

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