Critique manga #177 – Fool’s Paradise tome 1

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Avez-vous déjà rêvé de devenir une célébrité? Paillette, argent, concert, danse, des milliers de fans qui crient votre nom, etc. Pourtant sous les strass et les étoiles brillantes, certains ont tendance à oublier que ce cache un humain, parfois à la psychologie fragile. Fool’s Paradise est un seinen violent en 4 tomes, qui nous embarque dans les coulisses de ce monde où la réussite et et les faux-semblants sont exigés pour garder une image lisse et parfaite de nous. Terrorisme, fandom effrayant, un Japon en perdition et une idole qui ne souhaite qu’une chose : conquérir votre coeur à tout prix.

 

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Également disponible en numérique sur izneo
Série en 4 tomes.

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kanadargaudsuisse

Merci à Stéphanie et Anne-Catherine pour cette lecture angoissante


La collection Dark Kana continue de s’agrandir avec le seinen en 4 tomes, Fool’s Paradise (Guzo Jihen – Hato ni Himei wa Kikoenai en VO), scénarisé par NINJYAMU et dessiné par MISAO, qui signe ici leur première série. Au Japon, le titre a été prépublié en 2016 dans les pages du Young Magazine des éditions Kodansha.

Le scénario aborde le côté paillette et imprévisible de la vie d’une idole japonaise, Sela Hiiragi, dont la communauté de fan s’agrandie de jour en jour. Propulsée au rang de super-star, la jeune fille va être victime d’un attentat à la bombe lors d’un de ses concerts. Elle y perd sa jambe et se retrouve ainsi avec une carrière fortement compromise. Mais c’est sans compter sur sa détermination et son envie de rester sous la lumière. L’auteur de cet horrible crime est recherché par toutes les autorités du pays, comprenant également des fans de Sela, et ne reculeront devant rien pour rendre justice. Parce que les attentats, la population les connaît bien. En effet, quatre ans auparavant, Kazutaka Nichiya, âgé de 13 ans avait provoqué une série d’explosions dans le métro. Quand il fut arrêté beaucoup de personnes, mais pas que, avaient réclamé la peine de mort. Pour éviter ce conflit moral, un système de réinsertion pour certains criminels fut adopté : le SRTP, déjà en application aux États-Unis et dont le taux de réussite est exceptionnel. Le but de ce système est de pouvoir réinsérer les criminels dans la société, en veillant à les rendre incapable de recommencer à tomber dans leur travers. Depuis, le taux de récidive est de 0%. C’est là que l’on fait la connaissance de Kudo, qui croit en ce système, et également le tuteur légal de l’idole Sela.

Ce nouveau titre nous plonge dans les coulisses du métier d’idol toujours très médiatisée, où tout est mis en place pour que l’artiste paraisse irréprochable, charmant, au top, souriant etc. Le but étant de divertir la population au maximum sans montrer de signe de faiblesse. L’exploration de ce domaine aussi fascinant qu’effrayant, NINJYAMU, arrive bien à le maîtriser laissant la tension s’installer doucement. Dans le contexte actuel des choses, le sujet des attentats dans un pays développé (ou non) est toujours difficile à aborder. Ici, on ressent bien toute la violence qui se dégage d’un tel acte barbare. Que cela se passe en Afrique du Nord, en Europe ou au Japon, le crime reste le même et les pertes humaines toujours aussi tragique. En utilisant le statut d’une idole, l’auteur joue sur l’effet psychologique de la nature humaine. L’instinct de survie va peu à peu se lier à celui de la sauvagerie, mettant en avant qu’il suffit de craquer une allumette pour que l’étincelle se transforme en feu intense et violent. Le personnage de Sela nous apparaît sobre, pertinent et honnête à suivre, puisque suite à son amputation on comprend vite que ce métier fait partie de son identité et qu’elle ne peut redevenir insignifiante. Comment était-elle avant d’être une chanteuse adulée ? Ça, le scénario se garde bien de nous le dire… enfin presque. Ce premier tome se fait sous le point de vue de Kudo. Au fil de la lecture, nous nous posons les mêmes questions que lui concernant la folie qui embrase la population quand il s’agit de protéger Sela. Et le fait que les médias ne cessent de parler de cette histoire, n’aide pas à calmer les esprits déjà bien échauffer. Autour, s’organise une grande traque à l’homme, et que le premier suspect est Kazutaka, mais comment cet ancien criminel aurait pu récidiver ? Le système SRTP prouve que cela est tout simplement impossible. Il y aurait-il une faille ?

Ceux ayant lu ou vu Psycho-Pass ne manqueront pas de faire le rapprochement entre le système SRTP et Sybil. Cette partie est extrêmement bien développée, et pousse à la réflexion sur la construction du système juridique, la question de la peine de mort, comment faire quand l’accusé est mineur, et surtout sur les notions de bien et de mal et les limites. Peut-on faire justice soi-même quand on sent que la justice est limitée ? Énormément de questions qui passionnent.

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Le dessin de MISAO est très bon. Le design des personnages les rend tous différents, ainsi pas moyen de les confondre entre eux. Le côté innocent que dégage Sela est très bien retranscrit, mais aussi sa détresse et sa détermination à se relever et ne rient lâcher. Les tenues qu’elle porte sont dans l’esprit d’idole avec un côté gothique ce qui va de pair avec le ton très sombre du récit. Les décors sont là quand il y en a besoin, et on peut dire que pour une première série MISAO s’en sort très bien.  Le trait est vif, le côté violent flirtant avec le pervers se ressent très bien aussi. L’édition de Kana est dans la lignée de sa collection “Dark”, qualité d’impression et de traduction par Pascale Simon (Black Butler, Deadmand Wonderland, Contamination, etc).

En conclusion, ce premier tome de Fool’s Paradise intrigue de par ses idées et son exploration de plusieurs thèmes de société. Les rebondissements sont pertinents et surprenants, et on est très vite happé par la lecture. Un manga en 4 tomes qui promet de nous offrir une critique incisive de l’univers des « idols » et « fandom. »

17/20infos manga

 

11 réflexions sur “Critique manga #177 – Fool’s Paradise tome 1

  1. Salut
    J’ai lu mon tome 1 du coup je reviens te voir et les autres personnes que j’aime beaucoup suivre et discuter. Tout à fait, je rejoins ton avis qui est très intéressant et bien construit comme toujours. J’ai pensé autant à Ikigami qu’à Psycho pass.
    C’est énorme quand même ^^’
    Je n’aime pas tout ces trucs de faux semblant.
    Bien prenant et intéressant ce tome en tout cas.
    ps: le mien sera bientôt en ligne 😉

    Aimé par 1 personne

  2. Pingback: Manga Time : Fool’s Paradise Tome 1 (Fiche) – Les voyages de Ly

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