Kingdom est le manga que de nombreux lecteurs français attendaient. Mais avec une cinquantaine de tomes en cours au Japon, les éditeurs étaient très hésitant à se lancer dans ce défi et cette entreprise. Ce sont finalement les Éditions Meian qui se sont attaquées à ce monument qui nous emmène dans un récit historique basé sur la Chine Antique bien réelle, où la fiction donne lieu à des moments de grandes intensités au fil des chapitres.
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Yasuhisa HARA est un mangaka japonais ayant débuté sa carrière en 1999, en étant l’assistant de Takehiko INOUE (Slam Dunk, Vagabond, Real). La prépublication de Kingdom débute en 2006 dans les pages du magazine Young Jumpde Shueisha, et est toujours en cours avec 51 tomes. En 2012, le manga est adapté en animé, mais reste inédit en France. En 2013, le titre remporte le Prix Culturel Osamu Tezuka. Actuellement il est possible de trouver le manga en librairie pour 6.95€ ou en abonnement avec 4 tomes chaque deux mois et ses ex-libris offerts. Pour avoir plus d’informations rendez-vous sur Anime-Store.
En refermant les tomes 3 et 4 de Kingdom, on se dit que le deux précédent n’étaient que des amuse-bouche pour nous ouvrir l’appétit. Car oui, on peut dire que cette suite s’avère être un vrai délice pour les pupilles gustatives. Ne tergiversons pas plus longtemps, les ces deux nouveaux tomes ont été un vrai coup de cœur ! Le troisième tome reprend là où nous avions laissé Shin et les autres : fait prisonniers. Cette mésaventure dans l’action est survenu quand ils décidèrent de suivre Sei afin de s’assurer que rien ne lui arrive lors de sa rencontre avec le chef du peuple des montagnes. Considéré comme des sauvages par la population de la plaine, leur civilisation s’est construite à l’abri des regards. En demandant de l’aide à ces derniers, le roi expose très vite son ambition : la réunification de la Chine. Les premiers chapitres s’avèrent très intenses, tout comme la suite, même si celle-ci est plus centrée sur la stratégie géopolitique et l’action. Si l’ambiance fonctionne et monte en crescendo au fil des chapitres, le mangaka ne se gêne pas pour avoir recours à des pirouettes scénaristiques, mettant le personnage de Shin comme le héros par excellence. Malgré cela, la lecture se veut trépidante tout du long, et ne trouvera jamais de repos.
Difficile de réellement parler du scénario sans évoquer des moments précis, ce qui constitueraient des spoilers. Notons simplement que si vous aviez apprécié les deux tomes précédents, alors vous allez adorer les tomes 3 et 4. Les personnages s’étoffent afin de faire appel à notre empathie. Shin reste le personnage central, mais il se fait volontiers voler la vedette par quelques autres personnages, tels que Heiko ou encore certains soldats de l’alliance du roi et du peuple des montagnes. Les antagonistes ne sont pas si caricaturaux que cela, et c’est avec curiosité que nous avons un Sei Kyou plus présent. La confrontation entre les deux frères du royaume de Qin n’est pas pour tout de suite, mais on sent bien que le moment venu elle sera vibrante. Il est même intéressant psychologiquement parlant de voir Sei Kyou en pleine crise de rage, son ambition et sa délectation dans la violence.
Dans le tome 4, la narration est un peu schématisée mais cela ne constitue pas un mauvais point. Au contraire, Yasuhisa HARA fait en sorte de prendre le lecteur en otage de son action morcelée afin que celui-ci ne puisse arrêter la lecture. En effet, deux batailles différentes en terme de stratégie et de force se déroulent en parallèle. Cette idée permet au mangaka de mettre en avant certains personnages et de marquer les esprits. La mort est aussi au programme, et on sent que ce n’est que le sommet de l’iceberg… Le rythme se veut effréné mais réfléchit, ne précipitant pas le manga dans une narration trop rapide qui aurait pu rendre le tout illisible.
Le style graphique de HARA n’est pas forcément dans l’air du temps, mais au vu du côté historique et de l’ambiance, on peut dire que celui-ci lui sied à merveille. Visuellement on est toujours sur du violent intelligent, c’est-à-dire qu’il se veut réaliste dans les corps qui tombent sous les coups d’épée, et le sang qui gicle. Lors des morts, le mangaka n’hésite pas à exagérer certaines émotions ce qui dans un autre manga aurait pu paraître risible. Ici, ce n’est pas le cas, et on sent vraiment les émotions que dégagent les personnages. Les séquences de combat sont organiques, intelligentes et visuellement accrocheuses. Le trait est marqué, les zones sombres contribuent à la mise en perspective, et les décors sont toujours aussi précis. Rien à redire sur l’édition de Meian, qui prouve qu’ils prennent soin de leur catalogue.
En conclusion, les tomes 3 et 4 de Kingdom sont d’un tel niveau d’intensité que l’on doit se faire violence pour le refermer. Shin reste un pur personnage de neketsu, avec une forte personnalité pleine de sagesse, de maturité mais aussi beaucoup d’humour. Ses compagnons ne sont pas non plus en reste puisque le lecteur finira par s’attacher à eux, et apprendra même à adorer détester les méchants dans toute la cruauté qui les habite. Yashuisa HARA propose une épopée historique qui ravira les amateurs du genre tout en fédérant de nouveaux. Vivement la suite !