Critique comics #026 – Motor Girl de Terry Moore, Green Valey intégrale

titre comics

Débutons la semaine avec deux titres comics des éditions Delcourt. Le premier est écrit par un auteur dont la renommée n’est plus à prouver tant il aborde des thèmes actuels dans ses récits. De Strangers in Paradise à Echo, Terry Moore donne vie à des histoires créées avec cœur. Motor Girl en est un nouvel exemple. On parlera ensuite de fantasy et sa magie de légende avec les preux chevaliers de Green Valley. Max Landis à qui l’on doit dans le cinéma la réalisation de Chronicle et sur papier le comics Superman: Alien invente un univers plein de charisme.

 


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Motor Girl est écrit et dessiné par Terry Moore, auteur américain de comics que l’on connaît en grande partie pour Strangers in Paradise, également édité par les éditions Delcourt. Après avoir travaillé sur quelques titres pour DC Comics et Marvel, Moore s’est consacré à ses propres projets avec notamment Echo (2009) et Rachel Rising en 2011. Motor Girl est son œuvre la plus récente (2017) et se compose de 10 numéros regroupés dans cette intégrale aux éditions Delcourt. La particularité des créations de Moore est qu’elles sont en noir et blanc, ce qui peut surprendre quand on sait que les comics sont principalement édités en couleurs sauf Walking Dead. Mais avec Moore, cela est avant tout une qualité. L’histoire nous présente une femme vétéran de guerre en Iraq, Samantha Lockyear qui vit et travail dans une casse automobile en plein coeur du désert américain. Dans sa solitude elle échange avec un gorille qui parle, Mike. Si la quatrième de couverture nous balance tout de suite une info capitale du récit, je ne le ferrais pas ici, puisque je pense que le comics perd de sa saveur quand on le sait en amont. Au fil de la lecture, on apprend à connaître cette jeune femme traumatisée par les tortures liées à ses séjours en Iraq, mais qui possède une force de caractère pleine d’empathie.

La complicité de Sam et Mike réchauffe le coeur

Nous faisons aussi la connaissance de la vieille dame à qui appartient la casse, et qui est presque comme une mère de substitution pour Samantha. Très vite, le lecteur découvre des éléments troublants aussi bien sur l’état psychique de l’ex-militaire mais aussi sur l’arrivée de supposés extraterrestres sur Terre. Moore joue sur un fil conducteur où les informations entre le réel et l’imaginaire sont floues. Par exemple, est-ce que Mike est bien réel ? Est-ce que les ovnis ont réellement envahi la Terre ? Autour de cette trame de fiction, l’auteur évoque des éléments très terre-à-terre liés au quotidien mais surtout aux héros de guerre. Comme vous le savez déjà – malgré le fait que cela soit très caché aux yeux de beaucoup – le retour à la vie “normale” des militaires est très difficile et souvent traumatisant à bien des niveaux. C’est donc sur l’aspect humain que Terry Moore développe son scénario. Les personnages sont tous très attachants, et on aurait même voulu les suivre un peu plus longtemps. Le ton est juste et nullement forcé, ce qui rend la lecture prenante et profonde. Le dessin de Moore ne souffre d’aucun défaut, est très accessible même pour un lectorat non-comics. Il est tout à fait envisageable de donner ce récit à un lecteur n’aimant que la bande dessinée ou le manga. Le trait est propre et fluide, donnant des personnages semblables à vous et moi. L’édition de qualité en 200 pages par Delcourt est complétée par une galerie de couvertures et de croquis. En conclusion, Motor Girl est une œuvre intimiste pleine d’émotion abordant le stress post-traumatique de milliers de militaires trop souvent abandonnés lors du retour à leur vie en société. Difficile de ne pas verser une petite larme arrivé en fin d’histoire.

17/20

 

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Green Valley est scénarisé par Max Landis s’étant récemment fait remarquer dans le monde des comics notamment par Superman : Alien, mais aussi pour son film Chronicle. La partie graphique est assurée par Giuseppe Camuncoli, artiste italien ayant collaboré sur les séries The Amazing Spider-Man, Hellblazer mais aussi Star Wars: Dark Vador. Cette (grosse) intégrale contient les 9 numéros parus en 2017 aux éditions Image Comics. Le récit nous embarque dans une épopée fantastique menée par les Chevaliers de Kelodia, les plus grands et valeureux chevaliers de leur contrée. Disons-le clairement, l’univers créé par ce duo reprend les codes de la fantasy avec sa magie, dragons et épées qui s’entrecroisent, tout en jouant sur son principe. Bien entendu le lectorat fan de ce genre de récit y trouvera son compte, mais avec une tournure SF en rentrant dans le concept de voyage dans le temps. L’aventure de ces chevaliers intrépides et bien écrite se laisse lire avec plaisir, mais on est loin de la promesse de lecture “inédite” que nous fait Max Landis en fin d’ouvrage dans son texte. Toutefois, on ne peut pas nier que le tout se tient bien, avec de petits rebondissements bien imaginés. Le gros atout de Green Valley réside dans son esthétique. En effet, Giuseppe Camuncoli livre des planches de toutes beautées. C’est moderne sans trop en faire, et les décors sont flamboyants et détaillés. La calorisation de Jean-François Beaulieu y est pour beaucoup, avec quelque chose de vif et de bien exécutée. L’encrage de Cliff Rathburn est également à mentionner, tout comme l’édition de Delcourt. En conclusion, Green Valley reste une lecture dans le genre fantasy galopante maniée par un scénario classique à première vue, mais avec une exécution distrayante et dynamique. L’humour est également bien présent sans faire dans le grotesque, avec une touche graphique pop qui attire l’oeil.

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