Le temps qui passe est une chose que l’homme ne peut contrôler malgré ses tentatives d’arrêter les grains de sable qui roulent pousser par le vent que l’on pourrait appeler « le quotidien ». Les relations que l’on bâtit autour de nous son primordiales en bien des choses et auront des répercussions sur notre vie et celles de notre descendance bien après notre passage sur Terre. Avec « Toutes les histoires d’amour du monde », Baptiste Beaulieu explore le passé de son grand-père pour assembler les pièces du puzzle de la vie de sa famille. De son côté, Amor Towles donne naissance à « Un gentlemen à Moscou » surprenant dans une culture russe qui nous échappe mais séduisante. Deux histoires différentes en bien des thèmes, mais qui parle d’humains et relations avec brio.
Merci aux responsables service de presse pour ces découvertes
Disponible aux éditions Mazarine au prix de 19.50€ ou sur Amazon | Également disponible au format numérique | VOIR LA BANDE-ANNONCE DU LIVRE
Baptiste Beaulieu est un médecin généraliste et romancier français, dont le premier roman Alors voilà sort en 2013 aux éditions Fayard. Deux ans plus tard il signe Alors vous ne serrez plus jamais triste, La Ballade de l’enfant-gris (2016), et enfin en octobre dernier Toutes les histoires d’amour du monde. Depuis la réédition en poche de La Ballade de l’enfant–gris, Beaulieu est un auteur qui était dans ce que je nomme “à découvrir” ou “wishlist”. L’arrivée de son nouveau roman dans ma boite à lettre a été une surprise de taille, et c’est ainsi que je me suis lancée. L’origine du roman est assez personnelle du point de vue de l’auteur. En effet, il y a 5 ans, à la mort de son grand-père, Beaulieu découvrait 3 carnets adressés à une inconnue du nom d’Anne-Lise Schmidt. Sur le papier était écrit toute une vie de souvenirs, de drame, de secrets et d’amour. Toutes les histoires d’amour du monde est donc un récit inspiré de faits réels d’une beauté qui se dévoile au fur et à mesure. Jean, médecin de profession n’est pas en bon terme avec son père Denis depuis le décès de Moïse, son grand-père. Les raisons sont nombreuses, mais c’est bien une seule qui a fait déborder le vase comme on dit. Laquelle ? Vous le découvrirez à la lecture… Six mois plus tard, l’arrivée de son père dans la salle d’attente de son cabinet, Denis évoque les lettres qu’il a trouvé. Dans ces écrits, Moïse livre son passé, présent et futur à cette Anne-Lise que Denis et Jean ne connaissent pas. En essayant de reconstruire l’histoire de sa famille, Jean espère pouvoir renouer avec son père. Les voyages entre passé et présent sont écrits avec finesse, rendant la lecture compréhensive et agréable. Les personnages possèdent des qualités et des défauts qui font d’eux des êtres presque palpables. Les parallèles entre ces trois générations sont nombreux, et on retrouve certains traits de caractère de Moïse chez Jean et Denis. Les épreuves du temps n’ont pas été les seuls facteurs déterminant dans les choix qu’ils ont fait durant leur vie. Première et Seconde Guerre Mondiale, l’enfance, les amitiés et les amours de Moïse nous passionnent, comme si on les vivait nous aussi. Dans le présent, les non-dits qui empêchent père et fils de réapprendre à s’écouter et à se parler donnent une atmosphère intimiste au récit, mais moins envoûtante que celle narrant Moïse. C’est le seul « reproche » que je pourrais faire à ce roman. L’écriture de Baptiste Beaulieu est personnelle et universelle à la fois. Avec cette histoire, l’auteur semble coucher son âme sur le papier avec un choix de mots pensés mais naturels à la fois. La construction narrative prend tout son sens dans les derniers chapitres, alors si vous n’êtes pas amateurs de retours entre passé et présent, sachez que cela est nécessaire et que le roman n’aurait pas eu le même impact si cela avait été fait autrement. En conclusion, comme l’indique le titre Toutes les histoires d’amour du monde, Baptiste Beaulieu exprime l’amour avec un grand A. Que ce soit entre un homme et une femme, un père et un fils, ou à travers les époques, les sentiments sont justes et remplis d’espoir. De plus, avec ce roman l’auteur espère pouvoir trouver cette fameuse Anne-Lise Schmidt pour mieux se comprendre et apprivoiser ses racines. Un très beau roman que je conseille vivement.
Que signifiait tout cela ? Tout ce bruit après tout ce silence ? Ces pages et ces pages gribouillées après ces années muettes ? Mon grand-père avait mis de l’ouate autour de son existence, il avait feutré tous ses rapports avec ses fils, avec sa femme, avec ses petits-enfants, et maintenant il nous faisait ÇA ? Il écrivait la vérité et l’adressait à quelqu’un d’autre ? À une inconnue ? Pépé, salaud.
Disponible aux éditions Fayard au prix de 24€ ou sur Amazon | Également disponible au format numérique | VIDÉO DE AMOR TOWLES PARLANT DE SON ROMAN
Un gentleman à Moscou est le troisième roman de l’américain Amor Towles, connu pour Rules of Civility paru en 2011. L’histoire commence en 1922, lorsque Alexandre Ilitch Rostov est condamné est assigné à résidence par un tribunal après la rédaction d’un poème remettant les fondements du régime soviétique. Il emménage alors dans le luxueux hôtel Metropol de Moscou sous haute surveillance. S’il quitte les lieux, il périra. Pas le moins du monde accablé par cette sanction, Alexandre explore l’hôtel dans ses moindres recoins. Restaurants, immenses couloirs, salons et salles de réception rien ne le laisse indifférent. Les liens que cet être si particulier et charmant qu’est Alexandre, arrivent à nouer avec le personnel, les diplomates de passages, les actrices et bien d’autres sont en grande partie responsable de l’ambiance que dégage la lecture. On s’amuse autant que lui à fréquenter le temps d’un instant ces personnes, jusqu’à ce que l’on ait l’impression que c’est nous qui les avons rencontré. Le temps passe, Alexandre prend ses quartiers malgré le manque de luxe que possède sa “chambre” mais s’en accommode sans trop broncher. L’humour, il en possède et arrive à nous le transmettre facilement. Peu à peu son quotidien se met en place, et si la peur de nous ennuyer nous traverse l’esprit durant la lecture, Amor Towles possède une certaine forme de magie dans son écrit pour que cela ne soit pas le cas. Chaque chapitre est rythmé par une richesse de mots ou de rencontres qui fait que l’on reste attentif. Certains personnages nous marquent plus que d’autres, comme par exemple la petite Nina. Du haut de ses 9 ans elle va entraîner ce cher Alexandre dans ses aventures pleines de féerie qui ne nous laisse pas insensible. C’est d’ailleurs cette amitié que j’ai trouvé la plus touchante. Elle nous berce avec délicatesse, humour et dynamisme sans que l’on en prenne conscience. En conclusion, si au premier coup d’oeil Un gentleman à Moscou ne se distingue par son synopsis que par le contexte de l’URSS, il possède un charme décalé ayant pour personnage le comte Alexandre. Imprévisible et déstabilisant, le roman d’Amor Towles passe du calme à l’action avec facilité, tout en dressant un tableau de la culture russe sans tomber dans des travers bien trop faciles. Un roman à adopter pour voyager hors de sa zone de confort.
Le comte n’avait guère l’occasion de côtoyer des enfants, mais il était suffisamment bien informé pour savoir qu’un enfant n’est pas censé aborder un inconnu sans raison précise, l’interrompre au milieu d’un repas, et surtout lui poser des questions sur son apparence physique. L’école avait-elle renoncé à apprendre aux élèves à se mêler de leurs affaires ?
Le premier je l’avais croisé mais pas spécialement remarqué, et le 2ème pas du tout. Merci pour les découvertes. Apparemment, tu as été conquise par tes 2 lectures.
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Je note Un gentlemen à Moscou dont la couverture me tentait déjà beaucoup avant de lire ta chronique. Merci pour la confirmation ^-^
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