Chaque nouveau tome des Tortues Ninja se révèle être une lecture dynamique dont le scénario n’est pas uniquement fait d’humour, comme on peut l’imaginer quand on pense aux personnages à carapaces. Non, Eastman et co. traient les personnages de la même manière qu’un Greg Rucka peut traiter une Wonder Woman: avec sérieux, et les faisant évoluer. Le tome 5 et 6 finissent de prouver aux plus frileux que cet univers n’a rien à envier à un DC Comics ou à un Marvel.
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Merci Stéphanie, j’ai toujours le générique de la série animée en tête après coup
Le tome 4 des Tortues Ninja avait été un album de transition, où nos héros à carapaces se sont mis au vert le temps de quelques chapitres. Dans ce cinquième tome intitulé Les fous, les monstres et les marginaux, les Teenage Mutant Ninja Turtles sont fraîchement de retour à New York pour affronter les conséquences des évènements précédents qui voit le Clan Foot et son chef Shredder avoir la main sur la ville. En parallèle de cette histoire, nous avons Casey Jones qui tente de faire le deuil de son père, qui travaille désormais avec ses Dragons pour Shredder. Quand on se lance dans la lecture de ce tome, on perçoit très vite que chaque personnage n’est plus le même que lors du lancement de la série. Nous avons d’abord les Tortues qui tentent de reformer une famille et de se perfectionner pour contrer le Clan Foot et l’arrivée imminente du Général Krang. Leonardo, qui d’habitude est celui qui adore la castagne va être plus cérébrale dans ce tome, avec l’aide de son père adoptif et spirituel Splinter. Le reste de ses frères Tortues poursuit chacun d’autres pistes pour trouver une solution. Mais dans ce tome, c’est surtout la relation entre Casey et son père, Hun qui est le point central du récit. En effet, après avoir terminé à l’hôpital et avoir failli mourir, Casey passe par toutes les étapes du deuil de sa relation avec son père. Hun n’est pas loin d’être dans la même position que son fils, puisqu’il voit Shredder menaçant d’éliminer Casey s’il ne peut pas le convaincre de les suivre. Choix compliqué et douloureux aussi bien pour le père que le fils. L’action est moins présente, mais trouve tout de même de belles séquences grâce à l’entrée du Roi des Rats. L’originalité ici est qu’il nous raconte son histoire fortement inspirée de la contine du Joueur de Hamelin. Visuellement, le personnage rappelle un peu le comte Nosferatu sur son trône, et c’est franchement réussi. L’atmosphère qui règne tout le long est psychologiquement sombre, très mélancolique et presque défaitiste. Toutefois, il existe un peu d’espoir notamment grâce à l’intervention du professeur Harold, qui pourrait détenir une clé importante pour combattre la technologie de Krang. Il faudra d’ailleurs attendre la toute dernière page pour voir le général arriver.
Dans le tome 6 intitulé Le Nouvel ordre mutant, le général Krang et Shredder se rencontrent enfin, et tout l’enjeu est de savoir s’ils vont pouvoir trouver un terrain d’entente. La joute verbale qui s’ensuit est assez délicieuse dans le genre, surtout si vous aimez voir deux ‘baddies’ essayer de surpasser l’autre. Le général Krang était resté une menace moins présente sur le devant que ne l’a été Shredder. Mais avec le scénario que met en place Kevin Eastman et Tom Waltz on sent que Krang n’a pas à pâlir devant un Shredder. L’action est présente dès le premier chapitre, ce qui redynamise la série qui avait connu des passages plus calmes dans les deux tomes précédents. Maintenant reste à savoir comment cette guerre d’ego va se terminer, car en ce qui concerne le début il y a de quoi trembler pour la suite…. Ce qu’il y a de bien avec cette série, c’est que les scénaristes n’oublient pas d’approfondir les personnages humains, et arrivent à équilibrer le traitement de chaque protagoniste. Même si on a tendance à préférer voir l’évolution concernant les mutants, on apprécie tout de même de voir Casey et April O’Neil avancer petit à petit dans leur histoire. Mais le moment le plus fort de ce tome 6 prend les traits de Rockasteady et Bebop, personnages emblématiques et chers aux fans des Tortues. La toute fin du tome a de quoi nous prendre par surprise et on s’impatiente d’avoir la suite !
Mateus Santolouco continue de faire du beau et bon travail et son talent n’est plus à prouver. À souligner aussi que Cory Smith s’en sort très bien dans le tome 6. La galerie des mutants est vraiment l’un des points forts, puisque nous avons le droit à des designs imaginatifs s’inspirant du règne animal pour avoir de nouveaux mutants. Le trait harmonieux sur nos petites Tortues les rend réellement attachantes. La colorisation de Ronda Pattison est le complément parfait aux magnifiques planches de Santolouco. Le design des Tortues n’a jamais été aussi réussi que jusqu’à son arrivée sur la série, dont je conseille toujours la lecture du prequel »L’Histoire secrète du Clan Foot » [mon avis ici] disponible chez HiComics.
En conclusion, ces deux nouveaux tomes prouvent que Teenage Mutants Ninja Turtles est traité avec sérieux par les scénaristes, qui n’oublient pas d’y inclure un peu d’humour pour alléger l’ensemble. Difficile d’imaginer sans avoir lu qu’il se dégage même une pointe de noirceur du traitement apporté aux personnages, par exemple. Les fans de l’univers seront ravis, mais pas que, puisque les novices sauront aussi apprécier ce comics.