Critique comics #036 – Selina Kyle: Catwoman tome 1

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Catwoman alias Selina Kyle est apparue pour la première fois en 1940. Depuis, elle n’a cessé de sauter de toit en toit vivant au jour le jour, passant du statut de voleuse à sauveuse. Associée à Batman comme le lait aux céréales, la jeune femme est bien plus que ça et surtout bien plus qu’une femme aux courbes sensuelles. Après avoir quitté Gotham, la voilà sous le trait de Joëlle Jones qui compte bien en faire plus qu’une simple femme chat. Et pour un premier tome, on peut dire qu’on sur la bonne voie !

 

Disponible aux éditions Urban Comics ou sur Amazon au prix de 15,50€ 

Merci à Anne-Catherine de Dargaud Suisse pour cette immersion dans la nouvelle vie de Selina


Joëlle Jones est une dessinatrice et scénariste américaine du monde des comics qui débuta sa carrière en tant qu’artiste freelance pour Dark Horse Comics et Oni Press à partir de 2006. Mais c’est en 2015 qu’elle se fait connaitre du public avec la série qui l’a Lady Killer édité en VF par Glénat . Par la suite, on lui confia quelques couvertures chez Marvel (Mockingbird, Spider-Woman, Scarlett Witch, Ms. Marvel). En 2016, DC annonce que Jones a signé un contrat d’exclusivité avec eux, ce qui lui vaudra de travailler sur la mini-série Supergirl : Being Super avec Mariko Tamaki au scénario. L’année suivante elle fait son arrivée sur le titre Batman Rebirth de Tom King en dessinant des couvertures et des pages intérieures à partir du numéro 33. En avril 2018, DC lui offre la série Catwoman actuelle où elle écrit et dessine le tout, aisé sur quelques pages par Fernando Blanco (Fallen Ange, Manhunter).

Ce premier tome intitulé Pâles copies contient les 6 premiers numéros de la série, qui voit Selina Kyle dans sa nouvelle vie après avoir laissé Bruce Wayne/Batman à l’autel le jour de leur mariage. Afin de s’éloigner de sa vie passée, elle retourne dans sa ville natale, Villa Hermosa, où elle découvre qu’une imitatrice commet des méfaits sous l’identité de Catwoman. En luttant pour reprendre sa place et arrêter cette mascarade, Selina va attirer l’attention de la police mais aussi d’une certaine Raina Creel, aperçue dans le numéro 50 de Batman par King.

Cette nouvelle série intervient après l’un des plus grands événements de l’histoire de Batman depuis son lancement en 1940. Chapeauté par Tom King depuis le lancement de DC Rebirth, Batman a croisé la route de nouveaux ennemis mais aussi des anciens, dont Catwoman. La particularité de cette dernière est qu’elle se trouve à la frontière entre le bien et le mal. Au fil du temps, le personnage a su gagner en nuances et n’est jamais resté bien longtemps dans le camps des méchants. Depuis le run de Ed Brubaker (coll. DC Signatures – Ed Brubaker présente Catwoman), Selina a montré qu’elle ne supportait pas les injustices envers les plus fragiles. Son passé quelque peu flou à ses débuts a par la suite été clarifié notamment avec Brubaker. Selina et sa sœur Maggie furent placées dans un foyer catholique après le suicide de leur mère. Si Maggie a su trouver sa place avec une vie tranquille, Selina connut la prostitution avant de devenir l’ange gardien du quartier. Chose qui n’enchanta guère Black Mask qui décida de lancer une vendetta contre elle en torturant sa sœur et le mari de celle-ci… Par la suite, on a pu voir Catwoman dans divers récits sous la plume de Paul Dini (coll. DC Signatures – Paul Dini présente Batman), puis en 2015 dans sa propre série Catwoman de l’ère New 52 (coll. DC Renaissance suivit de Catwoman Eternal), le one-shot Batman : À la vie à la mort, et enfin dans le run de Tom King, également disponible chez Urban Comics en 8 tomes. Précision que cette série Catwoman peut être lu indépendamment du Batman de King.

Le scénario de Jones est très classique dans son déroulé. Catwoman qui met son nez dans les affaires d’une famille politique riche et puissante avec de sombres secrets, et voit donc sa vie menacée. Le rythme est bon mais aurait mérité un peu plus de peps, car certains points de l’intrigue traînent un peu en longueur. Mais ses petits points négatifs sont relégués au second plan quand on voit la maîtrise que possède Joëlle Jones sur Selina Kyle. Car ici, si la jeune femme enfile volontiers son costume de Catwoman, c’est avant tout à masque découvert qu’elle se révèle la plus intéressante. C’est en s’appuyant sur des éléments imaginés par Ed Brubaker durant son run que Jones écrit son récit. On peut le voir par rapport au passé de Selina, de l’attachement qu’elle porte sur sa ville natale mais surtout le lien affectif qu’elle a avec sa sœur, Maggie. Sensible, fragile, forte, et déterminée, c’est ainsi que le lecteur perçoit le personnage. On peut même dire qu’elle nous apparaît sous un nouveau jour, et qu’on la découvre plus complexe que la simple “voleuse de bijoux en costume de cuir jouant au chat et la souris avec Batman”. La psyché du personnage est mise en page à travers les pensées de Selina devenue insomniaque ainsi que par le dessin de Jones. Son passé avec Bruce est d’autant plus important puisqu’on est témoin de tout l’amour qu’elle lui porte mais qu’elle a préféré s’éloigner pour laisser Batman rester le protecteur de Gotham. La famille Creel est censée représenter la menace de ce premier arc, notamment la matriarche Raina. Si cette dernière possède un esprit dangereux, on est quelque peu perdu face aux motivations de cette femme au bord de la folie. Le scénario laisse présager qu’elle reviendra à coup sur, et on espère qu’elle sera un peu plus développée par la suite.

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Le dessin de Jones est exceptionnel. En voyant la prestance que dégage Selina Kyle il est difficile d’imaginer quelqu’un d’autre que Jones la dessiner. Chaque geste témoigne de la grâce qu’est cette femme, de la beauté qu’elle renvoi aux personnes autour. Il y aussi cette assurance qui est à la fois un masque et une vérité. La construction des planches est intéressante, dynamique et portée en grande partie par soin qu’apporte Joëlle Jones aux visages en gros plan des personnages. Les yeux et le regard de Selina on de quoi damner un homme ou une femme sur place. Magnifique. Fernando Blanco illustre les quelques flashbacks dénotant ainsi avec le style de sa comparse. C’est différent mais son trait se marie très bien avec le passé de Selina et sa sœur. La colorisation de Laura Allred (Batman’66, iZombie, Silver Surfer) et John Kalisz (JSA, Batman and Robin, Hawkman) accentue le ressentit de récit pulp noir.

En conclusion, avec ce premier tome, Joëlle Jones invite aussi bien les anciens lecteurs que les nouveaux à découvrir une Catwoman plus aboutie. Le personnage ne nous a jamais paru aussi humain que sous le trait de Jones. La touche accordée à la vie personnelle de la jeune femme ouvre la possibilité d’avoir un récit plus intimiste mais toujours avec assez d’action pour nous faire passer un très bon moment de lecture. Affaire à suivre !

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