Deux thrillers, deux enquêtes, Ne me quitte pas et Sous nos yeux entrent dans la catégorie de récits à suspense où la psychologie fait toute la différence. Entre disparitions inquiétantes et personnages déterminés, rien n’est laisse au hasard. En débutant ces romans, le lecteur se lance dans une enquête où rien n’est jamais une certitude.
Merci à Stéphane des éditions Milady et Bragelonne pour cette double dose de supense
Disponible aux éditions Milady dans la collection Suspense ou sur Amazon au prix de 7,90 | Également disponible en grand format chez Bragelonne et en numérique
Mary Torjussen est une romancière britannique diplômée de l’Université de John Moores de Liverpool, et a enseigné plusieurs années de choisir pleinement l’écriture. Ne me quitte pas (Gone Without A Trace en VO) est son troisième roman, mais le premier à être traduit en français. La particularité de Ne me quitte pas se trouve dans le fait que l’auteure a pris pour cadre la région où elle vit actuellement avec ses enfants. L’histoire est celle d’Hannah, une femme comme n’importe quelle autre. Un jour, en rentrant chez elle, elle découvre que son petit ami Matthew est parti en emportant tout. Rien de nouveau sous le ciel des séparations me direz-vous ? Mais, dans Ne me quitte pas, toute trace de l’existence de Matthew a disparu. Réseaux sociaux, photos, mails, textos,.. personne ne sait où il est. Hannah va alors tenter l’impossible pour comprendre et le retrouver. Mais rien ne va se passer comme prévu… Ce thriller psychologique s’inscrit dans la veine des romans de Paula Hawkins (La Fille du train, Au fond de l’eau), Clare Mackintosh (Te laisser partir, Je te vois), Shari Lapena (Le couple d’à côté, L’étranger dans la maison) ou encore B.A. Paris (Défaillances, Derrière les portes). En partant de ce point de départ intrigant, l’auteure va petit à petit faire montrer la tension. Il est facile de se mettre à la place d’Hannah, et ainsi de compatir à ce traumatisme. Parce que oui, c’est bien un traumatisme qui à nos yeux nous ferait perdre pied jusqu’à devenir une obsession. La descente aux enfers d’Hannah est extrêmement bien traitée, et surpasse même certains personnages de thriller du même type, comme par exemple la jeune femme dans La Fille du train [mon avisi ici], qui parfois nous faisaient grincer des dents. Les émotions de l’héroïne écrite par Mary Torjussen sont plus vifs, confus et sont parfois tellement mélangées les uns aux autres que l’on se demande si elle ne va pas littéralement péter un câble. D’ailleurs la frontière entre la santé mentale d’Hannah et la réalité est parfois trouble. Et si Hannah avait sombré dans la folie ? C’est avec ce doute que l’autre file son histoire une maille après l’autre pour arriver jusqu’à nous prendre à revers. Des éléments extérieurs viendront encore plus accentuer cette sensation, nous laissant toujours un sentiment que quelque chose cloche. Mais quoi ? La lecture nous fait nous poser des questions et faire des suppositions sans que cela ne soit réellement conscient dans notre esprit. Petit à petit, la situation échappe à Hannah et au lecteur, on se sent aussi bien observer qu’elle dans l’histoire. Le seul point négatif se trouve dans son rythme de début parfois trop lent et répétitif. La plume de Mary Torjussen est fluide, agréable est assez percutante pour nous tenir entre ses griffes. La construction se tient et on est surpris à de nombreux moments. Petit mot sur la couverture qui diffère entre la version GF et la version poche, et je dois avouer que je préfère de loin celle de la version poche. En conclusion, dans Ne me quitte pas Mary Torjussen installe une ambiance pesante nous faisant tourner les pages sans que l’on ne puisse s’arrêter. Un thriller psychologique à couper le souffle !
S’il était mort, j’aurais été capable d’évoquer nos bons moments, nos rires, nos vacances, nos instants complices sur le canapé, nos corps se touchant par hasard. Maintenant, je risquais de ternir ces souvenirs en y mêlant ce terrible soupçon : À quoi pensait-il vraiment alors ? Était-il en train de préparer son coup ?
Disponible aux éditions Bragelonne dans la collection Thriller ou sur Amazon au prix de 7,90€ | Également disponible en grand format et format numérique
Cara Hunter est une auteure du Royaume-Uni titulaire d’un doctorat en littérature anglaise de l’Université d’Oxford. Sous nos yeux (Close to Home en VO) représente le premier tome d’une série qui suit les enquêtes menées par l’inspecteur Adam Fowley. À ce jour la série compte 4 tomes, dont deux parurent en VF aux éditions Bragelonne. Le récit débute avec la disparition de la petite Daisy Mason, 8 ans, lors d’une fête organisée dans son jardin par ses parents. Vêtue d’un costume de pâquerette pour les festivités, personne ne sait ce qui a pu se passer. C’est l’inspecteur Adam Fowley qui va mener l’enquête, avec en toujours en tête la disparition de son propre fils, Jake, il y a quelques mois de ça. Comme le montre les statistiques dans ce genre d’affaires c’est souvent un proche le coupable. Et ce n’est pas les membres de la famille Mason qui vont venir faire mentir les faits puisque le comportement de certains dénote très vite. De la mère de famille au père, en passant par le petit frère, chacun semble cacher quelque chose. Mais quoi ? Une famille modèle comme tant d’autres, mais jusqu’à quel point ? Les thrillers avec des disparitions d’enfants sont devenus légions, à tel point que cela peut très vite faire rouler des yeux et ne pas nous donner envie de lire. On se dit que quand on en a lu 5, on les a tous lus. Le rythme est très imposant, rapide et on ne voit pas venir les choses. La tête pourrait presque venir à tourner, si ce n’était pas pour la plume de l’auteure. Cara Hunter arrive à maîtriser son récit et maintenir un certain suspense. Les points de vues qui se croisent vont venir donner du relier au récit et ne laissant pas de place pour l’ennui. Comme l’inspecteur, le lecteur va suspecter chaque personnage. La mère, Sharon, va se montrer réfractaire à l’enquête ne voulant aucunement apporter son aide à la police. Barry, le père, lui n’a d’yeux que pour sa fille mais ne souhaite pas se monter aux médias. Et le petit frère, pourquoi reste-t-il dans son silence ? Leur écriture est complexe et titille constamment notre curiosité. Il est quasiment impossible de venir ressentir de l’empathie pour la mère tant elle n’est qu’apparence et étiquette respectable. Il faut dire que le quartier est réputé pour tenir à son image et n’accepte pas que l’on vienne égratigner le bonheur apparent. C’est donc dans un climat plutôt hostile que l’inspecteur Fowley va devoir démêler le vrai du faux. L’auteure a également mis en avant la vitesse à laquelle les infos et rumeurs peuvent se propager sur les réseaux sociaux, et éventuellement faire plus de mal que de bien à l’enquête. Un point assez rare passe par le fait que l’auteure n’a pas donné de chapitres à son récit. C’est donc une lecture qui peut sembler un peu longue par moments alors qu’en réalité l’histoire possède un très bon rythme. En tout cas moi cela m’a un peu dérangé. En conclusion, de questions aux révélations, le premier tome de la saga Adam Fowley lance d’une belle manière un personnage assez fort. Le postulat de base n’a rien d’intéressant puisque très dans la tendance littéraire, mais a le mérite de bénéficier d’une construction intelligente. Un thriller noir où les pages elles-même suintent d’angoisse.
Des flashes, des gens qui se penchent en avant sur leur chaise. Ils ne s’intéressent pas à ce que déclare la famille – tout le monde dit la même chose en cas de disparition d’enfant -, mais ils tiennent absolument à savoir comment ils le disent. Ils veulent se faire une idée du genre de personnes que sont les Mason. Résistent-ils à cet examen scrupuleux ? Ont-ils l’air plus convaincants ? Sont-ils aimables ? Ce qui est en jeu, c’est la personnalité et la crédibilité. Et, cela va sans dire, cette grande obsession anglaise : la distinction.
Tu as bien raison avec la frontière entre la santé mentale et la réalité d’Hannah. J’ai apprécié cette ambiance dérangeante et troublante. Comme toi, j’ai trouvé qu’il y avait quelques répétitions, mais la fin surprenante a balayé ces défauts.^^ Je te rejoins sur ton ressenti à bien des reprises.
Je n’étais pas tentée plus que ça par Sous nos yeux, mais en fait, il a l’air bien chouette ! 🙂
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J’ai beaucoup aimé l’originalité de sous nos yeux…
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