Critique comics #046 – Heroes in Crisis

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Un héros ça a tendance à se tenir droit, la tête bien haute, le regard sérieux, calme mais toujours sur le qui-vive. Mais au fond est-ce que de sauver le monde ou mourir une dizaine de fois avant de revenir à la vie ne sont pas des traumatisme ? C’est en se basant sur on expérience que Tom King livre un récit qui voit nos héros trouver un refuge au Sanctuaire, là où la peur et la voix se libèrent.

 

Disponible aux éditions URBAN COMICS dans la collection DC REBIRTH ou sur Amazon au prix de 22.50 € | LIRE UN EXTRAIT

Merci à Anne-Catherine de Dargaud Suisse pour cette lecture


Lors de l’annonce de la nouvelle maxi série de Tom King (Batman, The Vision) en 2018, l’attente était grande pour beaucoup de lecteurs. La particularité du style d’écriture de King réside dans sa manière de traiter l’aspect psychologique après de multiples traumatismes. Cet ancien ex-agent de la CIA a dû en voir des vertes et des pas mûres, et peut-être même au sein de son propre “camp”. C’est grâce à son expérience qu’il a pu écrire des séries qui ont récolté de très bons échos auprès des fans de comics et des médias spécialisés. On peut citer Mister Miracle, une maxi série disponible en VF chez Urban Comics en un seul volume, si le coeur vous en dit.

Pour les soucieux de la continuité, ce récit unique se passe dans l’ère actuelle du DC Universe, Rebirth, qui contient de nombreuses séries actuellement en cours de parutions en VO et en VF. Pour les autres qui, comme moi, ne sont pas à jour dans les lectures et qui souhaitent tout de même passer un bon moment de lecture, il est peut-être préférable d’avoir lu le one-shot d’une cinquantaine de pages introduisant la nouvelle temporalité. Il y a eu une sorte de relance de l’univers en faisant reculer de 5 ans les héros et les vilains, comme si les évènements des New 52 n’avaient jamais existé ou presque. Certains éléments sont restés mais d’autres non. Rebirth est un concept parfois un peu difficile à saisir, mais cela ne m’a pas empêcher d’avoir de bonnes lectures comme Wonder Woman Rebirth [mon avis ici] ou Green Arrow Rebirth [mon avis ici]. Heroes in Crisis a pour concept un lieu appelé le Sanctuaire qui permet aux héros de venir s’y confier et trouver l’aide thérapeutique dont ils ont besoin pour parler des traumatismes qu’ils subissent durant leur carrière de héros, et aussi celles bien avant. Par exemple, la destruction de la planète Krypton qui a vu naître Kara Zor-El/Supergirl et Clark Kent/Superman. Si le second était encore bébé et n’a pas de souvenirs, ce n’est pas que le cas de Kara qui avait une douzaine d’années quand elle a été envoyer dans l’espace alors que sa famille et ses proches se faisaient souffler dans l’explosion de la planète. Si je cite cet exemple c’est parce que c’est l’un des moments qui m’a marqué car en une seule case et une simple phrase, Tom King a réussi à montrer une Supergirl brisée. Ce principe s’applique à d’autres héros bien connus (Batman, les différents Robin, Booster Gold, Wally West/Flash, Barbara Gordon/Batgirl, etc) ou beaucoup moins (Lagoon Boy, The Protector, etc).  Mais aussi certains vilains comme Catwoman, Poison Ivy ou Harley Quinn. Bon moralement ce trio se trouve dans une zone plutôt grise puisqu’elles passent d’un camp à l’autre. Mais actuellement elles sont toutes du côté plus lumineux qu’obscure.

Résultat de recherche d'images pour "heroes in crisis"Si l’idée de base du scénariste paraissait brillante, lors de son exécution elle ne fonctionne pas complètement. Non pas parce que King n’arrive pas à jouer sur les traumas des héros et leurs différentes facettes, mais parce qu’il a parasité son histoire avec une enquête sur le meurtre de certains personnages du DC dans ce même sanctuaire. Par qui ? Là est la question. Harley Quinn se retrouve accusé par Booster Gold (un héros qui vient du 31ème siècle) alors qu’elle accuse le héros. Batman, Wonder Woman et Superman (les fondateurs du Sanctuaire) vont alors mener l’enquête pour démasquer le vrai coupable. En parallèle Harley et Booster vont se courir après pour arrêter l’autre et ainsi se disculper des accusations. Alors que les deux histoires se croisent ici et là, King décide d’inclure une autre intrigue servant de rebondissement et de facteur de stress avec la divulgation par un anonyme des confessions des héros lors la thérapie face caméra. Les idées sont bonnes mais ensembles elles ne fonctionnent pas. De plus, lors de l’annonce, Heroes in Crisis ne devait que durer le temps de 4 ou 6 numéros. Mais l’équipe éditoriale de DC Comics a voulu rallonger le truc et on s’est retrouvé avec deux numéros qui n’aident pas l’histoire. Le rythme est mal géré et on a une impression de lenteur. Si de manière générale la construction narrative plutôt lente pour mieux explorer le côté psychologique des personnages me ravis, ici cela ne colle pas avec le reste. Pour que Heroes in Crisis marque un grand coup il aurait dû rester concentrer uniquement sur l’envie de parler du trauma et des peurs des héros. L’idée est brillante, originale est vraiment très peu traitée dans les comics DC. Mais l’histoire du meurtre et de l’enquête parasite complètement le développement.

Toutefois, l’écriture générale de Tom King reste réellement plaisante. On sent qu’il prend plaisir d’exposer ces héros à une certaine forme de vulnérabilité et d’humanité souvent inédite quand on les voit agir au quotidien face au danger. Dans ces moments, le découpage en gaufrier de 9 cases fonctionne et permet de passer d’un protagoniste à un autre et de revenir au besoin sur un autre. On a par exemple les trois Robin de Batman qui vont chacun penser la même chose d’eux-même et avoir les mêmes peur concernant sur les deux autres. Il a y aussi de l’humour qui permet d’aérer les passages dramatiques de manière intelligente sans parodier le concept. La partie enquête est parfois brouillon et au final rien n’avance grâce à Batman, Superman et Wonder Woman. Vraiment dommage.

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La partie graphique est un délice pour les yeux. Clay Mann en fait la majeure partie avec une mise en page de l’action dynamique et plaisante. Le design des des personnages est marqué par un trait fort mais soucieux du détail. Mitch Gerads, Lee Weeks et Travis Moore viennent aider et offrent une continuité visuelle qui ne nous fait pas sortir du bouquin. La couleur de Tomeu Morey, Arif Prianto et Gerads complète le dessin de chacun à merveille.

En conclusion, Heroes in Crisis n’est pas mauvais, non, mais il nous laisse perplexe. La partie consacrée au traitement post-traumatique des héros est vraiment bon, poignant, et révélatrice de l’humanité qui se trouve dans ses meta humains. Un point que l’on a tendance à ne pas prendre en compte quand on est habitué à les voir sauver le monde H24. Mais l’enquête et sa résolution ne tiennent pas la route. Beaucoup de choses se rentrent dedans au lieu de s’emboîter d’une manière cohérente. Est-ce que je le recommande ? Oui et non. Oui, parce que je trouve que la partie confession des protagonistes est réellement très bonne et aurait mérité d’être l’élément central du récit, et uniquement lui. Et non, parce que malgré les grandes qualités de cette oeuvre elle nous laisse sur notre faim. Mais à vous d’en juger. Copie de lire en bulles

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