
Ci-dessous je vais vous parler de trois titres des éditions Akata, qui comme toujours, sont engagés. Deux d’entre eux sont des titres LGBT qui s’adressent bien entendu à des lecteurs de tous horizons, adolescents, adultes, parents, peu importe votre sexe, et orientation sexuelle. Le troisième titre, Moi aussi, s’adresse à un public qui n’a pas peur aux yeux puisque l’on y parle harcèlement sexuel, moral et psychologique. L’histoire se déroule sur le lieu de travail de la jeune femme en question. Alors si vous êtes sensible, peut-être que ce titre n’est pas pour vous. Voilà, je tenais à vous prévenir.

Merci aux éditions Akata et à Grégoire pour les lectures et la confiance

Disponible aux éditions AKATA dans la collection Medium ou sur Amazon || Disponible également au format numérique | LIRE UN EXTRAIT
Shino TORINO est une mangaka dont Autour d’elles est la première œuvre professionnelle de cette artiste japonaise qui depuis a publié plusieurs titres, tous inédit sur dans nos contrées. Autour d’elles a été prépublié dès 2008 au Japon dans le magazine Feel Young (Un drôle de père, À nos amours, First Job New Life) de l’éditeur Shoedensha. La série s’est terminée en 6 tomes. L’histoire est celle de deux femmes, Michiru et Maya qui ont pendant un temps formé un couple. Michiru, elle était celle qui allait à droite à gauche, avec femme et homme, tandis que Maya était celle qui était la plus fidèle dans le couple et qui était la plus amoureuse, on va dire. Mais ça c’était il y a 5 ans. Depuis, Michiru est parti et n’a plus donné de ses nouvelles. Mais la voilà qui revient en mère célibataire dans la vie de Maya et qui s’installe chez elle. Les jours si calme de Maya ne le sont plus du tout avec le petit Yûta, et l’un des voisins, Nico, va venir aussi mettre son petit grain de sel à l’ambiance puisqu’il va se prendre d’affection pour le petit. Comment ce petit monde va-t-il s’entendre, et la relation des deux jeunes femmes comment va-t-elle évoluer ? Ce manga s’inscrit dans une Seinen tranche de vie comme beaucoup d’autre avec pour particularité d’être un manga LGBT. Le scénario et les propos de vie commune qu’il tient sont très bien écrits. Les personnages féminins ont des personnalités très bien pensées et nous poussent à avoir des réactions. Que ce soit la calme et réfléchis Maya, ou la plus tumultueuse Michiru, chacune d’elles provoque en nous des conflits. Michiru est celle qui nous pousse réellement à avoir les plus fortes réactions, parfois à nous demander si elle n’est pas un peu trop irresponsable, voire immature dans sa manière d’aimer. A-t-elle était réellement amoureuse de Maya, ou a-t-elle simplement profité de sa génération d’autrefois ? Et à présent pourquoi revenir après être partie sans donner une seule explication ? Et puis, Maya pourquoi accepter de lui ouvrir sa porte ? Beaucoup de questions qui appellent à des réponses que la mangaka va s’efforcer de répondre avec intelligence, force et surtout avec de l’émotion. Il y a beaucoup de moment joyeux dans ce manga, beaucoup de tendresse aussi et les liens que les personnages vont créer entre eux jouent un rôle capital dans la manière dont le scénario se déroule. Shino TORINO y veille, et pour le moment c’est réussi. Niveau graphique nous somme sur un trait doux, et très expressif. On sort du dessin ordinaire pour entrer dans quelque chose de plus personnel et qui sort des sentiers battus. À l’avenir il sera facile de reconnaître le style de Shino TORINO au premier coup d’oeil. Le chara design est aussi très inhabituel, mais possède un charme évident. Il y un vrai sens du détail quand on prend le temps de regarder les planches. Côté édition, l’éditeur AKATA offre un bon bouquin, aucun reproche à faire. La traduction de Jordan Sinnes (Don’t Fake Your Smile) est de qualité. En conclusion, un premier tome qui confronte deux visions de l’amour et qui ouvre le débat entre l’amour sincère et l’amour volage, qui soulève pas mal de questions chez le lecteur. Un moment de lecture plein de moments chaleureux, mais aussi tendre et de mélancolie qui nous font passer un moment de lecture agréable et qui promet une suite intéressante.


Disponible aux éditions AKATA ou sur Amazon au prix de 6.99 € || Disponible également au format numérique || LIRE UN EXTRAIT ICI
Reiko MOMOCHI est une mangaka bien connue des lecteurs francophones puisqu’on lui doit deux séries mémorables par leurs thèmes, Double Je et Daisy – Lycéennes à Fukushima. Les deux titres font d’ailleurs partie du catalogue des éditions Akata et je ne peux que vous recommander d’aller les découvrir. Moi aussi (Otona no Mondai Teiki Series en VO) et l’un de ses titres les plus récents parut au Japon, et terminé en deux tomes aux éditions Kodansha. Satsuki travaille en intérim en tant qu’opératrice dans un service client téléphonique. Elle y est aussi formatrice pour les nouveaux employés. Très investie dans son poste, elle est une employée modèle. Mais malheureusement elle va devenir la cible du harcèlement sexuel d’un de ses supérieurs. Ce n’est pas la première fois que ce dernier pratique la chose avec une de ses employées, et Satsuki est sa nouvelle victime…. Ne sachant que faire, Satsuki sombre de plus en plus dans le stress, la dépression, la solitude et l’isolement jusqu’à devenir l’ombre d’elle-même. La jeune femme réussira-t-elle à briser la loi du silence ? Dans ce premier tome de Moi aussi on découvre tout ce qui arrive quand une femme (ou un homme ) est victime de harcèlement, morale, sexuel et psychologique sur son lieu de travail. Cela commence par une petite remarque tournée en dérision, puis une main qui traîne sur une épaule, puis un regard un peu trop appuyé, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’à un effet boule de neige qui ne s’arrête plus. C’est oppressant, stressant, suffocant et la victime ne sait plus où donner de la tête. On pense que l’on s’imagine la chose, que ce n’est rien, qu’on a grillé un fusible, que c’est une blague. Et en fait pas du tout. Et là on fait quoi ? On le dit à qui ? À un collègue ? Et si il ne nous croit pas ? Et si la ou les personne pense que c’est nous qui provoquons le collègue ou le supérieur ? C’est une pensée sans fin qui nous hante et qui finit pas nous rendre complètement chèvre ? On vit un cauchemar éveillé ! Reiko MOMOCHI le retranscrit très bien. Satsuki passe par toutes ces phases, et elle a des phases où elle passe à l’action pour le dénoncer, mais bien entendu les choses ne se passent pas comme elle voudrait. Soit parce que la personne ne la croit pas, toujours quelqu’un qui essaye de minimiser l’incident – souvent un homme – soit parce que le supérieur en question va jouer l’innocent et faire passer la victime par celle qui invente. C’est une lecture qui a toute sa place dans les bibliothèques scolaires, ou bibliothèque en général tout court pour le coup. Je pense même que les parents devraient lire ceci, et en fait chaque adulte et adolescent devrait lire ce titre. C’est une lecture d’utilité public et peu importe que l’on aime ou non les mangas. Satsuki est une femme forte qui va devoir affronter des moments très difficiles, et le lecteur va apprendre à admirer et va soutenir du début à la fin. Il y a aussi une vraie critique du milieu de l’entreprise, et ça fait un bien fou de lire ça ! La place de la femme, la pression subie à cause de la crise financière, etc. Du côté du dessin, on est sur un trait très prononcé et efficace, avec un style très shojo mais mature. Les visages sont expressifs et agréables. On lit aisément la détresse de la jeunes femmes et le côté malsain de son supérieur. Les moments où l’ambiance doit être malsaine sont bien retranscrits alors on va dire que c’est réussi de ce côté-là, et ce n’est pas forcément facile à faire à mon avis. En conclusion, ce premier tome de Moi aussi remplit largement son but, à savoir sensibiliser les gens face au harcèlement sexuel sur les lieux de travail, mais pas que. Reiko MOMOCHI offre un personnage féminin qui incarne une victime fragile et forte à la fois qui se démène comme elle peut pour se sortir de là et prouver que ce n’est pas elle qui est en faute ici. Une lecture éducative qui se doit d’être lue par toutes et tous.


Disponible aux éditions AKATA dans la collection Medium ou sur Amazon au prix de 8.05 € || Également disponible au format numérique
Gengoro TAGAME est un artiste japonais éclectique qui officie aussi bien dans le manga que dans l’illustration ou dans le roman. Il est très connu pour ses œuvres dîtes bara (manga gay réaliste) dont certains sont sorties en France (Goku – L’île aux prisonniers, TTBM – La compilation de BD Gay très très bien montée !, Arèna, Gunji, Virus). En 2015, les éditions Akata publient son titre Le Mari de mon frère (terminé en 4 tomes) qui conntu un franc succès aussi bien auprès des critiques que des lecteurs. C’est donc tout naturel de voir une autre œuvre du mangaka être publié par chez nous. Our Colorful Days a été rendu disponible dans un premier temps en simultrad, avant d’être proposé en tome relié. Aux Japon, Our Colorful Days a été récompensé par le prix d’excellence du 19ème Japan Media Arts Festival, prix d’excellence pour la Japan Cartoonists Association, et aux États-Unis il a reçu le 30ème Eisner Award de la meilleure publication asiatique. La série s’est récemment conclue en 3 tomes. Sora est un adolescent normal qui va au lycée avec son amie d’enfance, Nao, et qui participe au club d’arts pour peindre et dessiner. Les deux amis passant tout leur temps toujours ensemble, certains vont même s’imaginer qu’ils forment un couple. Et pourtant ce n’est pas le cas, puisque secrètement Sora est amoureux de Kenta, un camarade de classe. Sora est gay, oui. Mais c’est un secret, et il ne compte pas le dire, à personne, jamais. Car les blagues et les choses pas très sympas sur les gays, il en entend très souvent autour de lui, dans sa classe, pas exemple. Un jour alors qu’il a fui un des cours pour ne plus à avoir à entendre ces moqueries, il s’endort au bord de la plage pour apercevoir la silhouette d’un homme assez âgé murmurant des mots d’amour face à lui. Et quand il se réveille, il est parti. Qui était-il? Et pourquoi ces mots adressés à lui ? Dans ce nouveau manga, Tagame aborde à nouveau le thème de l’homosexualité et l’éducation de ce que c’est. Contrairement à Le Mari de mon frère, ici, nous retrouvons des adolescents et non des adultes, ce qui peut aider le lecteur plus jeune à s’identifier plus facilement lors de la lecture. La question de l’acceptation de soi en tant qu’individu LGBT soit au centre du récit, il a aussi celui d’accepter l’autre qui est »différent » de nous hétéro (par exemple). Une personne LGBT n’est pas moins »ordinaire » qu’une personne non »LGBT », celui pense cela est tout simplement simplet d’esprit et étroit de l’âme, et surtout intolérant de l’esprit. L’adolescence est une période cruciale dans une vie, il y a tellement de changement qu’il est parfois difficile de comprendre tout ce qui se passe dans notre cors et avec nos émotions. Chaque individu vit des choses difficile à cette époque, et se construire par la suite est tellement fatigant que de comprendre et d’accepter qu’on puisse être LGBT n’arrange pas cette charge mentale et physique. Our Colorful Days s’inscrit dans un manga qui aidera certains qui ne sauraient comment trouver de repères pour savoir où aller, quoi décider et comment aller mieux. Le trait de Gengoro TAGAME est plutot rond, sans aller dans l’extrême. C’est maîtrisé, et le style du mangaka est reconnaissable dès la première page. En conclusion, ce premier tome de Our Colorful Days livre un message important concernant la société et son regard sur les personnes LGBT. Gengoroh est sur un terrain connu, tout en plaçant cela dans un contexte s’adressant à des adolescents pour les accompagner dans un âge charnière de leur vie. Une idée qui trouvera forcément écho dans leur cœur pour qu’ils puissent en tirer des leçons et la force d’être eux même un jour.
