
La collection Life des éditions Kana ne cesse de recruter de nouvelles séries depuis son lancement en 2020. Personnages forts, récits matures, drôle et touchants, la maison belge forge une continuité sans failles dans sa ligne éditoriale tout en ayant d’autres cordes à son arc. And de Mari OKAZAKI et First Job New Life ont de quoi plaire aux jeunes et moins jeunes.
Merci à l’équipe Kana et Anne-Catherine de chez Dargaud Suisse pour la confiance et la patience

DISPONIBLE AUX ÉDITIONS KANA DANS LA COLLECTION SOUS-COLLECTION LIFE DE BIG KANA AU PRIX DE 7.45€ || ÉGALEMENT DISPONIBLE AU FORMAT NUMÉRIQUE || LIRE UN EXTRAIT ICI
Mari OKAZAKI est une mangaka ayant fait ses études aux beaux-arts de Tama, au Japon. Avant de se lancer dans le manga, elle travaille dans une agence de publicité en tant que conceptrice et dessinatrice. En 2000, elle démissionne pour tenter sa chance dans le milieu professionnel du manga. On peut citer plusieurs one-shot aux éditions Delcourt tel que Déclic Amoureux, BX., Vague à l’âme, puis des histoires plus longues notamment Complément affectif datant de 2004. En 2010, elle sort And (&) chez l’éditeur Shodensha dans le magazine Feel Young (Autours d’elles, First Job New Life, Entre les lignes, Sans complexes ?, Un drôle de père). La série compte 8 tomes au total, avec une traduction disponible aux éditions Kana. Le récit suit l’histoire de Kaoru Aoki, une célibataire travaillant comment secrétaire médicale à mi-temps dans un hôpital ayant décidé de réaliser son rêve d’ouvrir un salon de manucure. Sa particularité réside dans le fait que le salon n’ouvre ses portes que le soir quand tous les autres magasins tirent le rideau. Ainsi les femmes travaillant jusqu’à tard peuvent s’y faire dorloter sans se soucier de l’heure. Entre son travail alimentaire et son rêve, Kaoru doit également jongler avec les remarques concernant son célibat. Et que se passe-t-il quand une rencontre avec un chirurgien dans la quarantaine vient encore plus compliquer les choses ? Forte de sa réputation avec ses nombreuses publications francophones passées, Mari OKAZAKI revient sur le devant avec, toujours, cette mise en avant de femmes indépendantes, amoureuses et qui se cherchent. And n’échappe pas à cette exploration de différents thèmes liés à la société et la place des femmes. Kaoru est une femme plutôt attachante qui malgré ses doutes persiste à avancer pour atteindre ses rêves.

Yagai est un chirurgien à la réputation selon laquelle il n’aime personne et qu’il n’est pas forcément des plus fiables. Ce dernier est froid mais sérieux dans son travail et ce qu’il décide d’entreprendre. Tout du long des quatre premiers tomes, j’ai eu beaucoup de mal à sympathiser avec lui. Son écriture est bien menée mais il ne dégage rien. Enfin si… il est toxique. Voilà ! Par la suite, le récit pose des questions pertinentes concernant l’indépendance des femmes dans le milieu du travail, et surtout au niveau de création d’entreprises. La mangaka prend le temps de faire bien évoluer les choses. Visuellement, le trait de OKAZAKI est fin, efficace et facilement reconnaissable. Le rendu est très bon et pose un trait très mature. La mangaka apporte un soin particulier aux regards. Niveau édition, rien à redire c’est du Kana, donc de qualité. La traduction est assurée par Aline Kukor (Otaku Otaku, Bloom Into You, SHY) qui comme toujours maitrise le tout. En conclusion, And est une série mature qui pose les bonnes questions concernant les femmes dans le monde du travail, mais aussi au niveau personnel. Même si de mon côté le récit n’a pas pris avec moi (pour ça que je stop la lecture) je ne peux que reconnaitre le talent de narration de Mari OKAZAKI.


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Yoko NEMU est une autrice de manga originaire de la préfecture de Gifu. Sa carrière elle la débute en 2008 chez l’éditeur japonais Houbunsha (Le Chef de Nobunaga, Le Maître des livres, Le Voyage de Kuro) avec la duologie Pen to Chocolate. Vient ensuite d’autres œuvres comme Gozen 3-ji no Fukyouwaon (2009), Trap Hole (2013), Futsutsuka na Yome desu ga! (2015), ou encore plus récemment Kocchi Muite yo Mukai-kun en cours chez Shodensha. En France, elle se fait connaître avec First Job, New Life, série terminée en 4 tomes. En ce début d’année 2022, les éditions Kana poursuivent leur aventure avec la mangaka en publiant le prequel de cette dernière intitulée New Love, New Life en 3 tomes (Shodensha). Après avoir terminé ses études, la jeune Tamako se retrouve à travailler dans un bureau de design spécialisé dans les affiches pour pachinko (machines de jeux de billes et d’argent très populaires au Japon). Mais ce travail elle ne l’a pas vraiment choisi, puisque c’est son père, qui dans une tentative désespérée a envoyé son CV sans lui demander son avis ! La voilà embarqué dans une boîte où rien n’est facile et où les gens sont un peu perchés (mais gentils). Et puis, quand l’amour s’en mêle… Cette petite série sans prétention aucune est presque comme un témoignage de la première expérience dans le monde du travail par une personne comme vous et moi. Tamako est une jeune fille à laquelle on s’attache assez finalement et qu’on prend plaisir à suivre. Ses interactions avec les autres constituent des moments de vies aussi drôles que sincères. Tamako n’est pas forcément douée pour nouer des relations, aussi bien amicales qu’amoureuses.

L’amour, elle ne l’a jamais connu ou ressenti, alors imaginez bien sa surprise quand cela lui tombe dessus sans prévenir. Maladroite mais forte, elle arrive à faire face aux critiques aussi bien sur son lieu de travail que sur son manque de féminité (du point de vue des autres). La vision du monde du travail est assez réaliste avec les bons et les mauvais côtés. Je ne dirais pas trop avec qui l’amour prend naissance, mais c’est compliqué et un chouïa problématique. On y trouve aussi du harcèlement dit ordinaire mais qui ne devrait simplement plus exister. Malgré ça, la jeune femme continue de faire de son mieux au boulot. Sur quatre tomes, la mangaka ne perd pas le nord et offre un scénario travaillé. Côté dessin, le trait rond de la mangaka permet de donner une singularité et douceur au dessin. Le design des personnages est délicat mais fort en présence. Niveau traduction, on remercie Misato RAILLARD (La Rose de Versailles, Paradise Kiss, Naruto, Boruto) qui n’a plus rien à prouver. En conclusion, une petite série qui devrait devenir une référence dans le conseil de lectures pour les jeunes adultes se lançant dans le monde du travail. Mais pas que, puisque n’importe qui peut s’y retrouver ici et là au fil de la lecture.
