Critique manga #414 – Adabana tome 1, 2 et 3

Amie pour la vie, ou amies à la vie à la mort ? Dans Adabana le meurtre d’une jeune fille horrifie les habitants d’une petite ville, alors que la principale coupable semble hermétique à son geste. Malgré les preuves qui s’accumulent et les aveux de cette dernière, l’avocat de la principale suspecte va découvrir bien des choses. Un récit en trois tomes qui ne laissera personne insensible et qui vient truster les premières places des meilleurs mangas que j’ai pu lire depuis…. toujours.

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Merci à l’équipe des éditions Kana et à Anne-Catherine de Dargaud Suisse pour leur confiance


NON est une mangaka d’origine japonaise ayant débutée sa carrière dans le doujinshi. Elle publie son premier titre en 2010, Delivery Cinderella, chez l’éditeur Shueisha dans les pages du magazine Shuukan Young Jump. Après 12 tomes, elle revient avec Hare Kon (20 tomes) en 2014, cette fois-ci chez Kodansha. Cette dernière connue une adaptation en drama en 2022. Adabana arrive en 2020 chez Shueisha pour un total de 3 tomes. Depuis 2021, elle travaille sur le partie graphique de Children’s Project avec Sayaka KANDA au scénario.

Le synopsis de Adabana est très simple : une adolescente de 17 ans, Mizuki, tue sa meilleure amie, Mako, mutile et abandonne son corps au bord d’un lac Après avoir envoyé l’une des mains à sa famille, Mizuki décide de se présenter à la police pour déclarer son crime. Alors qu’elle est interrogée par une police ébranlée par son geste, Mizuki semble ne pas vouloir s’épancher plus sur l’affaire. Au fur et à mesure de l’enquête, l’avocat de la jeune fille va aller de surprise en surprise. Mizuki était-elle en possession de ses moyens lors du meurtre de son amie Mako ? A-t-elle agi seule ? Est-ce vraiment elle la responsable ? Que cache cet acte abominable ? Alors, je le dis tout de suite, Adabana a été un énorme coup de cœur du début à la fin. D’un prémisse tout simple, la mangaka a su écrire un scénario aussi humain que violent. Chaque retournement de situation est bien pensé, et on tourne les pages avec envie. J’ai eu de l’attachement pour ces deux amies que la vie a quelque peu amochée, pour ne pas dire autre chose. Mizuki est une jeune fille introvertie, à l’apparence froide et qui ne mâche pas ses mots si besoin. Mako, elle, est solaire, toujours souriante malgré ses soucis qu’elle ne dévoile à personne. Deux personnes que tous opposent mais qui vont former un duo presque fusionnel et qui vont s’épauler l’une et l’autre. Les secrets sont nombreux, la violence est aussi bien présente dans les actes que dans les mots. Les émotions sont vives, écorchées, et elles font mal car elles peuvent nous parler à des degrés différents. Que l’on ait vécu 1% de leurs épreuves ou non, on ne peut rester insensible face à ce que Mizuki et Mako transmettent. Bien sûr on se fait parfois de fausses idées sur chacun des personnages. On doute même d’eux, de leurs propos, de leur sincérité, et de leur santé mentale. C’est avec cet ensemble que l’on est emporté par l’habileté qu’a NON de raconter son histoire. C’est sombre, oui, même beaucoup, mais il y a une lumière en dessous qui au final l’emporte sur tout le reste. L’amitié, et pourquoi pas plus, est ce qui fait la solidité de tout ce qui transparaît dans Adabana. Certains verront le tout comme  »de trop » mais parfois ce sont dans les œuvres les plus poussées et les plus tranchantes que l’on en apprend le plus sur les relations humaines, sur soi et sur les autres. Le monde est aussi beau que moche, et dans Adabana il a ces deux aspects qui s’affrontent. Chaque personnage abrite en lui une âme bien différente. Venons-nous au monde mauvais ou le devient t’on ? Pourquoi certains arrivent à ne pas sombrer dans la noirceur et commettre des actes abjects même en ayant vécu l’horreur ? Et pourquoi d’autres que la vie semble avoir gâté finissent par devenir des êtres abominables ? Ce sont des questions qui restent, en quelque sorte, toujours sans réponses même après tous ces millénaires.

Visuellement, NON offre un récit où le trait est poétique. C’est cru, émouvant, fragile et dur. La mangaka ne laisse aucune case sans émotion. Les expressions, surtout le regard, communiquent énormément. Mizuki est une héroïne qui ne parle pas beaucoup, mais dont le visage valent tous les mots qu’elles ne prononcent pas. C’est assez explicite sans pour autant être gore. Tout dépend de la sensibilité de chacun, ce qui fait que le récit reste pour un public averti. Le travail d’édition de la maison KANA est de qualité. Le grand format offre une vraie respiration au dessin de NON. La traduction de Sophie Lucas (Time Shadows, Bucket List of the Dead) transmet à merveille les émotions du récit.

En conclusion, trois tomes, pas besoin de plus pour que NON délivre une histoire aussi tragique que pleine de vie. Deux meilleures amies qui se protègent, qui doutent, qui s’aiment, et qui tombent. Comment peut-on tuer celle que l’on voit comme une partie de soit ? C’est ce que je vous invite à découvrir dans Adabana. Un titre que je relirais à l’avenir, et très souvent.

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