Critique #024 – L’inconnue du quai de Mary Kubica

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Combien de personnes croisons-nous chaque jour? Des centaines et bien plus. Combien de visages regardons-nous, sans vraiment nous en rendre compte? Des centaines et des centaines. Combien de regards tristes et hagards prêtons-nous attention ? Très peu. À combien de personnes tendons-nous la main dans la rue, quand elles semblent en avoir besoin sans le dire ? Aucune. 

L’inconnue du quai (Pretty Baby en VO) est le deuxième roman de Mary Kubica, auteure américaine ayant étudiée les arts et l’histoire de la littérature américaine de l’université d’Oxford dans l’Ohio. Avant de laisser libre cours à son imagination dans ses écrits, Mary a exercé le métier d’enseignante, et se décrit comme une passionnée de Dickens et d’Hemingway. Elle vit actuellement à Chicago avec son mari et ses deux enfants, où elle aime la photographie, le jardinage et s’occuper d’animaux dans un refuge local. Son premier roman Une fille parfaite est paru en 2015 chez Mosaic, suivi par L’inconnue du quai en 2016, et Ne pleure pas chez Harper Collins en début d’année. Son quatrième roman Every Last Lie paraîtra en VO le 27 juin prochain.

L’intrigue de L’inconnue du quai débute à Chicago, par une journée d’hiver extrêmement pluvieuse et froide, où Heidi en se rendant à son travail remarque sur le quai bondé de la gare, une jeune sans-abri un bébé dans les bras. Cette épouse et mère d’une fille de 11 ans, Zoe, sera alors hantée par la vision de cette jeune fille dans le froid que personne ne semble remarquer. S’occupant d’une association prenant en charge les réfugiés et plus nécessiteux. Ignorant les protestations de son mari, Chris, et l’hostilité de sa fille, Heidi va suivre son cœur et ouvrir son foyer à celle qui dit s’appeler Willow. Mais est-ce vraiment une bonne idée de laisser une totale inconnue entrer dans sa famille ? Car comme on dit, le visage que l’on montre aux yeux de tous n’est pas forcément celui de la vérité.

Le récit est facilement abordable par sa forme, grâce à chaque chapitre raconté du point de vue d’un des trois personnages – HeidiWillow et Chris – chacun leur tour, se livrant à nous comme si nous étions l’oreille attentive qui ne révélera jamais leurs plus sombres secrets. Heidi, l’épouse et mère de famille qui lutte contre l’injustice en aidant les réfugiés, celle qui décide que la famille ne mangera plus de viande, que le tri sauvera la planète, quitte à s’oublier et taire ses maux au plus profond de son être. Chris, le mari et père de famille souvent en déplacement, qui fantasme sur sa collègue de bureau tout en disant le contraire à sa femme, et qui veut simplement manger de la viande (bon sang!). Et enfin Willow, l’inconnue du quai au bébé (Ruby) dans les bras, ne parlant pas de son passé mais qui la hante chaque jours qui passe.

En partant d’une histoire simple, Mary Kubica ne va cesser de jouer avec nous en nous plongeant dans les méandres de la psychologie humaine. Au fil des pages, le récit devient sombre sans jamais tomber dans l’insupportable, car Kubica sait parfaitement comment marcher sur cette ligne qui sépare la folie de la raison. Heidi qui ne veut qu’aider cette jeune fille au bébé de trois mois qui pleure, devient de plus en plus sombre, obsessionnelle quitte à vous filer la trouille. Willow, celle qui ne veut pas évoquer son passer nous le raconte à nous, lecteurs. Aucun des personnages n’est soit blanc soit noir, de nombreuses nuances de gris existent en eux nous laissant parfois bouche béé.

Ma mère adorait le thé . Surtout le thé vert . Des effluves de la boisson de Mme Flores viennent me chatouiller les narines , et aussitôt la voix de ma mère me revient en mémoire , affirmant que le thé vert protégeait du cancer, des maladies cardiaques et de la vieillesse .
Dommage qu’il n’ait pas eu également le pouvoir d’empêcher la Bluebird de sortir de la route .

La construction du roman est maîtrisée du début à la fin, avec une tension palpable et angoissante juste ce qu’il faut.  Chaque information distillée par l’auteure censée nous donner une nouvelle vision du roman est donnée au bon moment, sans que l’on ne puisse en deviner les conséquences. Pour être honnête avec vous, je n’ai absolument pas vu venir la fin, simplement parce que je n’imaginais pas comment l’auteure allait pouvoir conclure une telle histoire. Attention, tout n’est pas sombre dans ce récit, il y a une place pour l’amitié, le romantisme et le rêve. Comment ? Pour cela, il va falloir lire le livre41tPJIDQtKL._SX297_BO1,204,203,200_.

En conclusion, Kubica est une véritable maestra du thriller qui sait quel rythme donner à son histoire pour que les personnages ne sonnent jamais faux. Il est empreint d’un tel réalisme qu’il est facile de se rendre compte que la frontière entre la folie et la réalité est très fine, même trop fine. C’est donc avec plaisir que je vais me procurer Une fille parfaite, son premier roman, disponible chez Harper Collins en poche en espérant y retrouver ce qui fait la plume de Mary Kubica: le talent.

18blancPowell industries (3)

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