Critique comics #025 – Shirtless Bear Fighter, Locke & Key tome 5, Invisible Republic tome 2

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Pour ce JeudiComics, je vais vous parler d’un homme nue comme un vert – sauf quand on le force à porter un pantalon – à la virilité impressionnante et séduisante qui cogne des ours et se goinfre de sirop d’érable tout en devant sauver le monde. Il s’agit de Shirtless Bear Fighter qui mêle avec habileté humour, moments WTF, et récit polar-héroïque. Retournons ensuite dans le Massachusetts, au manoir Lovecraft, où la famille Locke n’a pas fini de se débattre avec les « key » dont les serrures secrètes les narguent. Et enfin, pour terminer,  atterissons sur la lune d’Avalon en l’an 2843 pour constater les dégâts socio-politiques et autres manœuvres mises en place pour contrôler le peuple. 

 


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Shirtless Bear Fighter est une comics co-écrit par Jody Leup (The Weatherman, Deadpool, Uncanny X-Men) et Sebastien Girner (Black Science, Deadly Class), avec les dessins de Nil Vendrell. Le récit fut publié en 2017 chez Image Comics, et intègre à présent le catalogue de HiComics. Parler de Shirtless Bear Fighter c’est comme essayer de parler d’une pochette surprise : On ne sait pas ce qui nous attend. Le pitch nous narre le récit de Cogneur, élevé par des ours, et qui se retrouve aujourd’hui à leur cogner dessus. Viril, fort et nue comme un vert, Cogneur est quelqu’un de taciturne qui tente de protéger les forêts. Sa force il la puise dans les pancakes et le sirop d’érable, et il va devoir en avaler pour pouvoir défendre la Grande Ville attaquée par des ours surpuissants, sous l’appel des agents du FBI Burke et Silva. Sera-t-il se montrer à la hauteur de sa légende ? Le scénario est à mille lieux de ce que vous pouvez imaginer. Chaque page regorge de petits rebondissements inattendus et bien maniés. C’est absurde à de nombreux moments, mais c’est totalement assumé. Si je devais vous donner des indices sur ce que contient le comics, je dirais : ours, pancakes, action, barbe, poils, floutage de pénis, papier toilettes, et trône d’or. La narration rapide et portée sur l’humour permet de rentrer directement dans la lecture. Cogneur est un personnage qui, contre toute attente, devient très vite attachant. On a un peu l’impression de regarder l’émission Man vs Wild, les vêtements en moins.

© 2017 FUZZY WIPES, LLC. 

Sous l’humour et le déjanté, on retrouve un fil rouge de vengeance, de critique de l’abattage intensif d’arbres, et un petit complot entre puissances économiques. L’univers est simple mais très bien développé et, arriver en fin de tome, on a très envie d’en voir plus ! Le dessin de Nil Vendrel, dont c’est le premier travail pour l’industrie comics, est moderne et rafraîchissant. Le trait oscille entre léger et plus marqué, les personnages sont charismatiques et très expressifs. Les planches sont dynamiques, donnant presque l’impression de faire sortir l’action hors du cadre. La colorisation de Mike Spicer (Horizon, Extremity) offre des cases vives, mettant très bien en avant le trait de Vendrel. L’édition de Hicomics est comme toujours de qualité et complétée par une galerie de couvertures. En conclusion, Shirtless Bear Fighter est LA surprise de cette rentrée 2018, voir de l’année tout court. C’est fun, décalé sans jamais tomber dans la surenchère. Cogneur éclipse facilement les héros à capes que l’on connaît, tels que Batman et Superman, pour finalement s’imposer comme un homme que l’on souhaite revoir au plus vite. Je ne vous en dis pas plus pour ne pas gâcher la lecture, mais foncez, et vive les poils !

Thanksgiving

 

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Si le début du premier tome ne m’emballait pas, c’est en attaquant la seconde moitié que j’ai enfin pu percevoir ce que Locke & Key pouvait donner. Depuis, la tension et l’horreur – couvent psychologique – n’ont eu de cesse de monter en crescendo. Le tome 5 intitulé « Rouages » ne déroge pas à cette règle. Ici, Joe Hill continue de creuser son univers et de développer ces personnages de façon convaincante et subtile. Les pouvoirs se trouvant dans les clés sont mises en avant, mais ne sont pas nécessairement ce qui fait que l’on apprécie le récit. Il s’agit avant tout de suivre cette famille dans son nouveau cadre de vie, traîner leurs bagages émotionnels et tenter de ne pas tomber en lambeaux. Et on peut dire que depuis le tome 1, chacun des trois enfants Locke en ont fait du chemin. Nous avons, par exemple, l’adolescente Kinsey souhaitant se libérer de ses peurs en risquant de se perde elle-même en court de route. Pourtant, elle a tenu bon et représente un soutien émotionnel pour son grand frère Tyler, qui doit endosser le poids d’être l’homme de la famille. Le manoir de Lovecraft est mis en avant par l’ambiance qui transpire de ses murs, et accentue cette ambiance de huis clos. Joe Hill veille à garder les pensées de ses personnages comme un véritable ressort émotionnel pour que le lecteur s’investisse dans l’histoire.

 LOCKE & KEY © 2010 JOE HILL, AND IDEA DESIGN WORKS, LLC

Celui qui incarne le méchant, Dodge, n’est pas en reste et poursuit sa quête avec les moyens dont il dispose. Le titre “rouages” vient du fait que l’auteur met en lumière les ancêtres des protagonistes principaux à travers une clé qui permet de voyager dans le temps. On a donc pas mal de réponses, mais aussi beaucoup d’action. Les chapitres se lisent avec attention et une voracité à la hauteur des créatures que l’on voit défiler. Le style de Gabriel Rodriguez donne naissance à des décors somptueusement sombres, et à des personnages au design travaillé et très expressif. Les couleurs complètent le tableau où la trame est bien rodée. En conclusion, Locke & Key est sans aucun doute une série indé de comics que l’on se doit d’avoir au moins lu dans sa vie. On reste suspendus aux cases qui nous passent sous les yeux comme si on allait découvrir le secret de l’immortalité. Le tome 6 sera le grand final et on a toute confiance en l’imagination de Hill pour nous retourner le cerveau en un claquement de doigts.

17/20

 

Disponible aux éditions HiComics au prix de 16.90€ ou sur Amazon | Également disponible en numérique | LIRE MON AVIS SUR LE TOME 1

Invisible Republic revient pour un second tome (sur les 4), avec toujours Gabriel Hardman et Corinna Bechko au scénario, Bechko également au dessin et Jordan Boyd à la couleur. Le premier tome d’une guerre de science-fiction post-apo posait de très bons éléments, avec un cliffhanger de fin de tome laissant présager une suite de qualité. Le tome 2 suit toujours le journaliste déchu Croger Babb, en chemin pour rencontrer Maïa Reveron, cousine d’Arthur McBride et auteure du journal intime (ou de bord) sur McBride. Maïa passe alors un marché avec lui, en propoant de lui raconter le passé sur le lien entre elle et son cousin. La narration continue d’explorer les méandres de la politique en l’an 2843 sur la lune d’Avalon. Le régime mis en place menace, ne  respecte en rien le droit humain et ne pense qu’à sa pomme.  Le récit continue de se diviser entre passé et présent, nous ramenant 42 ans plus tôt pour que l’on comprenne le cheminement de chacun sur Avalon. La vérité n’est pas gratuite de nos jours, et l’est tout autant dans ce futur de science-fiction où la population n’a pas de place pour être libre. Les dialogues sont percutant et raviront ceux qui aiment quand un récit pèse le pour et le contre d’une politique X ou Y. Dans le tome 1, je n’avais pas vraiment réussi à m’attacher à Croger Babb, le trouvant trop calculateur, et dans ce tome 2 le ressenti a été pareil. Pour moi, Maïa possède plus de nuances dans sa personnalité, ce qui la rend plus intéressante à suivre. On s’amuse à tenter de la comprendre, tandis que le rythme est toujours aussi soutenu.

© Bragelonne – 2018

Les révélations affluent, nous laissant parfois pantois. Le récit s’offre des parallèles avec la légende du Roi Arthur, tout en intégrant des thèmes tels que manipulation et espionnage. Ce qui m’avait véritablement séduit au-delà du contexte politique et post-apo, c’était les dessins de Hardman. Ce dernier livre des planches travaillées, avec un côté parfois un peu brouillon mais collant bien à l’ambiance. Les visages sont facilement reconnaissables, et la fatigue se perçoit facilement sous les yeux de certains personnages. La colorisation de Boyd contribue bien à la mise en avant des cases de Hardman. On oscille entre couleurs tristes et ternes, et des tons plus vivants voire chaleureux. Les arrière-plan sont soignés, presque floutés à certains moments, pour accentuer cette ambiance grisonnante. L’édition de HiComics est irréprochable, avec de nombreux bonus dont les écrits de Bechko. En conclusion, Invisible Republic est un comics qui mélange un genre de fiction politique, de post post-apo et de thriller de manière naturelle et efficace. Si je n’ai pas accroché à Babb, je ne désespère pas d’y parvenir avec la suite.

15 sur 20

 

Une réflexion sur “Critique comics #025 – Shirtless Bear Fighter, Locke & Key tome 5, Invisible Republic tome 2

  1. Bête réflexion en te lisant mais pourquoi flouter le penis au lieu d’assumer le truc jusqu’au bout ? :/ vu que tu décris un comic assez wtf je trouve ça dommage de s’autocensurer.

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