Critique manga #112 – Sangreal tome 3

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Tremble terre du milieu, et toi oh toi rigoureuses contrées de l’éternel hiver. Voici arrivée Sangreal, épopée royale prête à dégainer son épée et vous mettre tous à terre. Et pour cela pas besoin de faire sur la durée, puisqu’en seulement trois tomes Maru TERAYAMA arrive à tenir un récit aussi dynamique que stable, où les personnages trouveront une fin toute en poésie et force. 

 

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kanadargaudsuisse

Merci à Stéphanie et Anne-Catherine pour cette trilogie épique


Maru Terayama est une mangaka ayant fait ses débuts en 2014 après avoir remporté le prix Shinjin Komikku Taishô de l’éditeur Shôgakukan qui récompense un jeune auteur. Après avoir publié un premier récit dans le magazine Gekkanü Spirits en deux volets, c’est en 2015 qu’elle publie Sangreal (Sanguriaru: Ou e no Rashinbanen trois volumes chez Shôgakukan au Japon, et chez Kana en France dans la collection Big Kana. Afin de l’aider dans son travail, elle a fait appel à une voyante du nom de Yuki Tanami qui exerce depuis plus de 16 ans, lui servant ainsi de guide pour l’écriture des parties consacrées à la lecture des cartes de tarot.

Lors du premier tome on découvrait une histoire en plein Moyen Âge, où la princesse An du royaume d’Arabera était victime depuis des années de tentatives d’assassinat comme le reste de sa famille. Après un énième cortège funèbre, la princesse s’enfuit dans les ruelles lugubres et pauvres du quartier afin de fuir. C’est là qu’elle rencontra Circé, tireuse de cartes de tarot. Cette dernière accepte de l’aider afin de mettre un terme aux complots visant à faire chuter le roi. Après un premier tome assez brouillon, le récit était devenu nettement plus convaincant et entraînant dans son deuxième tome. Je l’avais tellement aimé que je n’ai eu de cesse de repousser ma lecture de ce dernier tome, partagé entre envie et tristesse de voir un bon titre se terminer.

Le récit reprend là où nous avions laissé le prince An et Circé, en plein combat contre Belial, envoyé par Ricardo, neveu du roi et troisième héritier dans l’ordre de succession au trône. C’est donc avec une scène d’action que le tome démarre, et il servira de mètre étalon sur tout la durée. En effet, ce dernier tome est aussi intense dans ses scènes de combat à l’épée, que profond dans ses moments les plus paisibles. Depuis ses débuts maladroit et timide, An a sut s’affirmer au contact des gens, et en pouvant compter sur l’appui de sa “Sage du Roi”. Après avoir révélé au prince son secret, on aurait pu craindre que le duo ne se fractionne, mais en réalité c’est tout le contraire qui se passe. La nature de leur relation fait parfois penser à une possible romance à venir, mais au vu de la situation, la question ne peut trouver réponse.

Décidant de ne plus subir la folie de sa famille, An retourne au château de son père afin de prouver sa loyauté et son envie de redonner une vie convenable au peuple. En affrontant tour à tour Ricardo et Felipe, le prince gagne en puissance. Il est bien loin le temps où il ne s’assumait pas, étant simplement ce que les autres voulaient qu’il soit. Les sourires machiavéliques de ses cousins n’auront que peu d’emprise sur lui, et seule la pensée de voir son peuple continuer à souffrir, et la vie de Circé en danger, aura de quoi donner des sueurs froides au jeune homme.

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Le rythme s’étant intensifié au vu de sa fin toute proche, Mayu TERAYAMA se lâche complètement. Les planches explosent sous nos yeux, mettant en lumière toute la folie qui peut accompagner la soif de grandeur et de quasi-immortalité en un sens. Pas celle du corps, non, mais celle de la puissance et de l’emprise que l’on peut exercer sur un peuple démuni et affamé. La loyauté des alliés de An lui seront précieuse tout au long du tome. Circé aura une place de choix dans cette reconquête du trône, son passé nous sera dévoilé, et on se dit que si la paix revient au royaume, elle devrait couler des jours heureux auprès de An. Enfin, peut-être ?

Du début à la fin, la question concernant le destin de nos héros nous semble évidente, et pourtant l’auteur arrive à troquer les cartes et nous surprendre. L’évolution de An n’est pas le seul point positif du récit, puisque chacun, et même le roi, trouvera une cohésion satisfaisante à la lecture. On ne pleure certes pas pour certains d’entre eux, mais on appréciera le fait que même les méchants aient droit à une fin.

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Comme pour la narration, la mangaka met tout ce qu’il a  dans les dessins. Si dans le tome 1, le chara-design souffrait de pas mal d’imprécisions, depuis le tome 2 TERAYAMA nous montre toute l’étendue de son style. Le trait est dynamique et ultra-précis sans jamais donner la sensation d’en faire trop. Le découpage judicieux des pages met bien en avant cette impression malsaine que dégagent les expressions des plus fous d’entre eux. Le visage du prince n’est que hargne envers ses ennemis et l’injustice qui gangrène le royaume, tandis que celui de Circé n’est que amour et compassion envers celui qu’elle a promis d’épauler de ces cartes de tarot. Les décors fourmillent de détails et deviennent vite impressionnants.

En conclusion, en seulement trois tomes, Maru TERAYAMA réussit à proposer un récit historique palpitant ou le lecteur passe un très bon moment. Le dessin est ultra travaillé tout en se permettant de jouer sur la psyché instable de certains personnages. La fin imaginée par la mangaka est aussi inattendue que satisfaisante. Les rebondissements trouvent un dénouement et on ne peut que saluer ce premier travail de l’auteure.

17/20

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