Critique #155 – Sisters de Michelle Adams, Les Sanctuaires du mal de Terry Goodkind, Les Yeux de Slimane-Baptiste Berhoun

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Avez-vous un frère ou une soeur ? Oui ou non, avec Sisters vous ne regarderez plus celui qui a partagé votre enfance de la même manière. Entre l’amour et la haine il existe autant de nuances et de perversité que de bonheur. Puis, Terry Goodkind vous fait découvrir sa plume, non pas de fantasy, mais de thriller. Surprenant mais bien mené de bout en bout. Et enfin, terminons avec Les Yeux de Baptiste-Slimane Berhoun où un hôpital psychiatrique renferme bien trop de secrets et de morts pour nous laisser indifférent.

Merci à Stéphanie pour la confiance


Disponible aux éditions Bragelonne dans la collection Thriller au prix de 7,90€ ou sur Amazon || Également disponible en numérique

Sisters est le premier roman de Michelle Adams, auteure britannique qui après un essai de six textes en SF s’est lancée dans le thriller. Et on peut dire que cela lui va plutôt bien. L’histoire de Sisters se concentre sur deux sœurs, Irène et Eleanor. Alors qu’elle n’avait que 3 ans, Irène est abandonnée par ses parents qui lui préfèrent sa sœur. Mais pourquoi infliger cela à sa propre chère ? Pourquoi n’en garder qu’une ? Des questions restaient sans réponses depuis près de 30 ans. À présent adulte, Irène reçoit un appel de sa sœur qu’elle n’a pas revue depuis six ans, lui annonçant la mort de leur mère. Décidée à éclaircir les zones obscures de son passé, Irène part pour le domaine familial afin de demander des réponses à son père. Mais est-ce une bonne idée ? Comment les retrouvailles vont-elles se passer ? Dans cette histoire sur fond de manipulations familiale, Eleanor est le personnage le plus marquant. Sadique, perverse et sans scrupules, elle ne se gêne pas pour faire de chacune de ses retrouvailles avec Irène un petit enfer pour celle-ci. La culpabilité elle ne connaît pas, mais elle sait comment la faire naître au fond de sa sœur. Qu’on se le dise, en lisant Sisters on est complètement guéri de l’envie d’avoir un frère ou une sœur. Irène a beau posséder son caractère, face à sa sœur elle ne peut s’empêcher d’avoir de l’admiration pour elle, son aînée. Leur relation est complexe, passant de l’amour à la haine pour nous brosser un portrait différent de chacune d’elles. Michelle Adams arrive facilement à garder l’attention du lecteur. Psychologiquement les personnages sont écrits avec la précision d’un chirurgien. Bien évidemment le côté glauque de l’histoire peut ne pas plaire à certains lecteurs, mais il serait dommage de laisser filer ce thriller entre vos mains. L’auteure y aborde aussi quelque chose qui est certainement la contre-définition même de l’humain, à savoir la solitude. Si de nombreuses personnes la recherchent et l’affectionnent, elles ne peuvent s’empêcher parfois de ressentir le manque de quelque chose. Il y a comme un vide dans la poitrine qu’on essaye en vain de combler. Ne me dites pas que vous ne l’avez jamais ressenti, car cela serait un mensonge. C’est ce sentiment et cette peur endormie que Michelle Adams arrive très bien à mettre en lumière dans son roman. L’histoire nous est racontée par Irène, et il est facile de se sentir happer dans son esprit et ses émotions. Les flashbacks sont des éléments-clés dans le récit, même si parfois la chronologie est difficile à suivre. Si le passé est une source de mystère et de conflit pour Irène, son présent n’est pas simple pour autant. Les personnages secondaires sont intéressants à suivre ici et là, et ils apportent chacun quelque chose aux interrogations que l’on peut avoir. Le style de l’auteure est prenant et très facile à lire. Au fil des chapitres, Adams arrive à nous faire ressentir de la compassion envers Irène. Eléanor suscite autant de haine que de fascination durant la lecture. Mais je ne vous en dirai pas plus. En conclusion, Sisters est un bon thriller psychologique jouant sur les liens familiaux entre deux sœurs que tout oppose. Dérangeant et humain, le récit ne manque pas de révélations afin de nous surprendre.

Tout ce temps perdu. Je sens déjà El se répandre dans les fissures de mon être, comme un poison qui me remplit, qui me complète. Sa coupe de cheveux impeccable, qui fend l’air à chaque pas, comme un coup de couteau, me donne envie de pleurer. Il n’y a qu’une personne au monde que j’ai le droit d’être, c’est Moi, la petite fille abandonnée, telle que j’étais dès ma naissance.

 

Disponible aux édition Bragelonne dans la collection Thriller au prix de 7.90 ou sur Amazon | Egalement disponible en numérique

Principalement connu pour ses écrits dans le monde de la fantasy tels que L’épée de vérité, Terry Goodking s’est aussi essayé au thriller. Les Sanctuaires du mal est paru en 2016 sous le titre de Nest avant d’être traduit aux éditions Bragelonne. Kate Bishop est responsable sécurité dans une entreprise, et doit veiller seule sur son frère autiste. Mais sa vie va se retrouver modifiée à jamais lors de la mort de son frère. Suite à cela elle se découvre un don particulier, celui d’identifier les criminels en les regardant simplement dans les yeux. Mais comme le veut souvent ce type de don, le revers de la médaille la met en danger puisqu’elle devient la cible de ceux qu’elle identifie. Arrive alors un certain auteur, Jack, qui prétend être le seul à pouvoir l’aider grâce à ses contacts dans le Dark Web. Peut-elle faire confiance à son sauvent où est-il le prédateur ultime ? N’ayant jamais lu du Goodkind avant, je ne peux pas noter les différences entre son univers de fantasy et celui plus sombre qui se présente à moi dans cette histoire. La plume de l’auteure est fluide est bien entraînante pour le coup, même si le rythme est beaucoup trop lent par moments. Les dialogues sont aussi bien une qualité qu’un défaut, puisque c’est bavard. Néanmoins, cela dépendra de votre sensibilité à ce genre de choses. L’histoire en elle-même ainsi que les protagonistes nous passionne aisément. Dès que l’action pointe son nez dans le récit, le lecteur retrouve un certain entrain à la lecture. Dans l’ensemble, j’ai autant apprécié les moments plus calmes que ceux plus haletants. Il en faut pour tous les goûts, pas vrai ? Mafia, délinquance sexuelle, et bien plus montrent à quel point le monde a besoin d’un héros. La violence tient une place importante dans le récit, sans pour autant tomber dans de l’exagération gratuite. Goodkind s’applique à installer une ambiance concordant avec son écrit, même s’il souffre de quelques idées un peu trop poussées pour qu’on y croie. Le personnage de Kate devient très vite attachant aux yeux des lecteurs, et sa personnalité est ce qu’il y a de plus crédible. En conclusion, Les Sanctuaires du mal est un essai réussi pour Terry Goodkind dans le thriller. Sans jamais renier son amour pour la fantaisie, l’auteur a tenu à en y ajouter, ce qui n’enlève en rien à la qualité de l’histoire. Un moyen de découvrir que Goodkind possède bien plus que des épées et des dragons à sa plume. 

– Sauver le monde ? Comment voudrais-tu faire ça ? Les choses iront comme elles doivent aller, et rien de plus. Il en est ainsi depuis toujours, et ça continuera. Un combat vieux comme l’humanité… Avec un peu de chance, te sauver toi-même serait déjà très bien

15 sur 20


Couverture Les yeuxDisponible aux éditions Bragelonne dans la collection Terreur au prix de 6,90€ ou sur Amazon | Également disponible en numérique et livre audio

Slimane-Baptiste Berhoun est un auteur français connu en majeure partie pour la franchise Le Visiteur du Futur mais pas que. En effet, après avoir fait parler de lui avec La Meute en 2015, il est revenu en 2017 pour nous présenter Les Yeux. Lucie Klein, élève du professeur Lacan,  arrive à l’Orme dans un hôpital psychiatrique, où des choses bien étranges et effrayantes se passent. La galerie des protagonistes qui défilent dans ce roman est impressionnante. Et aussi criante dans tous les sens du terme. Psychiatres, psychopathes, gardiens à deux doigts de la folie, les centre hospitalier de l’Orme n’est pas un endroit où il fait bon être. Même que les murs eux-même semblent s’animer sous nos yeux. La venue de Lucie ne nous rassure guère, puisque même la jeune femme est troublante, voire dérangeante. Il est difficile de réellement expliquer la sensation que l’on ressent à la lecture de ce livre, mais Baptiste-Slimane Berouhn n’y est pas allé avec le dos de la cuillère. Chaque personnage est pensé pour nous faire peur littéralement. Le chirurgien Valmont ne nous donne pas envie de passer sur sa table d’opération, et le pharmacien Gaultier pourrait bien cacher des choses étranges derrière sa sympathie… Plus on avance dans la lecture plus on se sent comme oppressé, tandis que les événements s‘enchaînent à une vitesse qui ferrait de ce livre une victime des radars de vitesse s’il était une voiture. L’appréhension est aussi quelque chose que l’on ressent, comme si en tournant la page on allait tomber dans le livre et ne pas réussit à en sortir. Les personnages sont tous développés de manière complète, et on arrive très bien à les différencier malgré leur nombre. Lucie est intrigante, glaciale au début puis plus humaine que ne semblait l’indiquer nos premières impressions. Concernant les plot twist, certains détails sont prévisible mais sinon tous le reste est posé au bon moment. Possible que Berhoun soit un magicien ou un sorcier tant il sait manier l’art de raconter. En conclusion, Les Yeux est un thriller glaçant idéal pour nous faire frémir. Si vous êtes amateur de thriller et d’horreur, alors ce livre est fait pour vous. Pour les autres ? Pourquoi ne pas lui donner une chance, vous serriez surpris de constater que l’immersion opérera également sur vous. 

La nuit, tout devenait possible. L’obscurité semblait capable de donner corps aux pensées les plus folles, les plus angoissantes. Et si un monstre hantait réellement cet hôpital maudit? Une bête maléfique, tout droit sortie des enfers pour terroriser les âmes tourmentées prisonnières du bâtiment?  Cette idée ne lui ressemblait pas. Elle n’avait rien de logique, rien de rationnel. Cette idée, c’était la nuit qui la soufflait. Satanée nuit !

 

6 réflexions sur “Critique #155 – Sisters de Michelle Adams, Les Sanctuaires du mal de Terry Goodkind, Les Yeux de Slimane-Baptiste Berhoun

      • Irène m’a parfois un peu agacée par sa manière de retomber dans les filets de sa sœur, mais d’un côté, ça montre le pouvoir que celle-ci arrive à avoir sur les gens… Quant à El, j’ai trouvé le personnage super bien construit. Difficile à cerner, cette femme fascine, inquiète, révolte… La dimension psychologique et bien tordue rend l’histoire assez prenante 🙂

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  1. Tu donnes envie avec Sisters ! J’avais hésiter à le demander. j’aurais dû.^^
    Slimane-Baptiste Berhoun avec Les yeux m’a également bien plu ! Super huis-clos. Je suis d’accord avec les points de ta critique.

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