Critique manga #314 – En proie au silence tome 1

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L’éditeur AKATA a toujours su se démarquer des autres maisons d’éditions en proposant des récits honnêtes et qui poussent à réfléchir. Pas le genre de réflexion banale, non, mais bien des réfléxions profondes et qui bousculent. En proie au silence ne fait pas exception, puisquà travers ce premier tome l’éditeur et la mangaka invitent le lecteur à ouvrir les yeux et taper du point. Le silence tue. 

 

Disponible aux éditions AKATA dans la collection Large ou sur Amazon au prix de 8.05 € | Également disponible au format numérique LIRE UN EXTRAIT ICI

SP AKATA

Un grand merci à Guillaume et à toute l’équipe de Akata !


Akane TORIKAI est une mangaka japonaise dont la première publication remonte à 2004 avec un-shot. Mais ce n’est seulement qu’après plus de 15 ans de carrière, que le lectorat francophone est invité à découvrir son travail. Et c’est grâce aux éditions AKATA que l’on découvre En proie au silence (Sensei no Shiroi USO en VO) à la thématique forte. Publiée dès 2013 dans le magazine Gekkan Morning Two de l’éditeur Kodansha, la série est terminée en 8 tomes. Côté vie personnelle, est mariée au célèbre mangaka Inio ASANO (Dead Dead Demon’s DeDeDeDeDestruction, Bonne nuit Punpun, Solanin).

Dans ce premier tome, on fait la connaissance de Misuzu Hera, une jeune professeure dans la vingtaine qui se dévoile petit à petit au lecteur. À travers ses pensées, on apprend qu’elle perçoit la société divisée en caste, avec d’un côté les riches et les puissants dont font partie les hommes, puis les faibles et pauvres dont fait partie les femmes. Dans quelle catégorie se classe-t-elle ? Dans la deuxième bien évidemment. Si la jeune femme pense de cette manière c’est qu’elle a une raison (ou plusieurs ?) d’être aussi tranchante dans ses propos mais aussi dans son silence.

En proie au silence est un titre qui se classe dans les Seinen dramatiques cherchant à réveil l’opinion. Si l’on prend le temps de s’intéresser à la vie de son autrice, nous ne sommes pas surpris de cette dénonciation des injustices qui sépare les hommes et les femmes. La misogynie est abordée de front et sans pudeur. Le lecteur est spectateur, oui, mais est aussi invité à être acteur. À la lecture on découvre que Hara se comporte de cette manière pour plusieurs raisons, dont une plus grande qu’une autre. Akane TORIKAI nous fait revivre les moments passés de sa protagoniste qui l’ont mené à devenir ainsi à travers de multiples flashbacks. L’humain en général en prend pour son grade. Hypocrisie, manipulation, et bien d’autres sont des armes que les hommes et les femmes utilisent dans la vie de tous les jours, que ce soit intentionnel ou non. Il est compliqué de rester  »propre » quand nous sommes aussi sollicités de tous les côtés. Amis, collègues, parents, inconnus,… tellement de déclencheurs à nos maux les plus cruels, parfois.

Durant la lecture, on ne peut que se sentir mal à l’aise face aux flashbacks, aux pensées mais aussi aux moments présents du quotidien de la professeure. Mais le point qui point qui tire encore plus la série vers le haut est la mise en parallèle de Hara et d’un élève de 16 ans, Niizuma, qui subit également la société qui l’entoure. La construction scénaristique se fait en crescendo. Le personnage de Hara ne prend toute sa dimension que dans les dernières pages. Le lecteur est invité à la comprendre et l’accompagner, pour le meilleur comme le pire. Niizuma n’apparaît que tardivement dans le tome, mais il apporte énormément aussi bien pour confronter la manière de pensée de Hara que celle du lecteur. Les dernières pages sont d’ailleurs un véritable effet miroir et coup de poing pour les deux personnages.

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Le trait de Akane TORIKAI fait dans le réalisme des expressions et du design des personnages. C’est sobre mais précis. Les scènes les plus dures ne nous sont pas complètement épargnées même si nous ne voyons pas de parties intimes. L’artiste arrive à jouer sur les angles et sur les images de choses plus  »innocentes » comme un mouchoir, par exemple, pour marquer le lecteur. Le travail d’édition d’AKATA est toujours de qualité.

En conclusion, ce premier tome d’En proie au silence bouscule le lecteur d’une manière intelligente et honnête. Rien n’est gratuit dans la mise en scène. C’est réellement bien tenu du début à la fin. Le sexisme ordinaire, le silence autour cet acte, et plus… pas de détour dans les propos, mais une finesse tout de même dans ce que Akane TORIKAI expose au grand jour.15 sur 20

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3 réflexions sur “Critique manga #314 – En proie au silence tome 1

      • Juste par curiosité (et j’espère que je n’ai pas loupé le passage où tu le dis) : qu’est-ce qui te pousse à arrêter ?
        Je te demande parce que certains éléments m’ont mise mal à l’aise lors de ma lecture mais que j’ai tout de même envie de lui donner sa chance pour voir si c’est corrigé ensuite ^^!

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