Critique manga #024 – Après la pluie tome 1 et 2

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« Après la pluie (vient) le beau temps. » Proverbe que l’on a entendu plus d’une fois au cours de notre vie. Parfois il trouve son sens et parfois non. Comment voir notre futur quand une situation actuelle nous gâche la vue de ses nuages gris. Impossible parfois, mais surtout difficile à surmonter. C’est à travers ce manga que nous allons suivre plusieurs protagonistes tentant de donner un sens à leur vie et de profiter des quelques rayons de soleil qui peuvent y briller.

 

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kanadargaudsuisse

Merci à Stéphanie et Anne-Catherine pour ce rayon de soleil innatendu


Jun Mayuzuki est une mangaka née en avril 1983 dans la préfecture de Kanagawa au Japon. Elle est connue pour son shojo Après la pluie (Ko iwa Ameagari no You ni) lancé en 2014 dans le magazine Big Comics Spirits, et en relier chez Shogakukan. Le titre connaît un bon succès auprès des lecteurs mais aussi auprès des critiques professionnelles qui lui ont décerné le prix Comics Natalie Grand Prix en 2015, et a été classé quatrième par plus de 400 professionnels du milieu en 2016. Actuellement, le titre est toujours en cours de parution au Japon et compte huit tomes, et trois en France dans la collection Big Kana des Éditions Kana. À noter aussi que le manga connaîtra une adaptation en série animée dès janvier 2018.

Après la pluie est un manga que l’on classera dans la catégorie Big de Kana de par la maturité de son récit. On suit Akira Tachibana, une lycéenne de dix-huit ans. Ancienne coureuse d’athlétisme scolaire, elle se retrouve sans pouvoir exercer sa passion après une blessure à la cheville. Discrète, elle reste une énigme pour son entourage surtout au lycée où elle semble ne pas être sensible aux conversations de ses pairs. N’ayant plus d’activité après les cours, elle a commencé depuis un certain temps à travailler dans un café-restaurant. Mais ce qu’elle se cache bien de dire est le fait qu’elle est amoureuse de son patron, Kondo.

Le premier tome s’ouvre sur une Akira en salle de cours où l’ennui se lit sur son visage. Elle est abordée par un de ces camarades, Yoshizawa, qui semble troublé par la jeune fille. Mais, elle ne lui prête pas la moindre attention et préfère le laisser en plan sans rien dire afin d’arriver à temps à son travail. Si l’aspect financier ne semble pas être la motivation première d’Akira envers son poste de serveuse on sent qu’elle fait de son mieux.  

À vrai dire il est difficile de classer ce manga dans une bulle propre. Il n’est pas complètement un shojo, ni un josei… il évoque simplement le quotidien que vous et moi pouvons vivre chaque jour. On y parle d’amour, d’amitié, de la société, du politiquement correct ou non, d’éducation, et surtout de cheminement personnel de soi. Cette partie est abordée avec Kondo, une calvitie naissante à l’arrière du crâne, un divorcé peu enclin à se soucier de son apparence. En tant que patron, Kondo ne s’en sort pas vraiment. Il est plutôt du genre à s’excuser sans cesse auprès des clients et de ses employés, ce qui lui vaut les railleries de ces derniers. D’ailleurs, il en est conscient et en souffre quelque peu même s’il ne le montre pas.

La part de shojo d’Après la pluie réside dans l’attirance réelle qu’éprouve Akira envers son patron. La différence d’âge entre les deux est flagrante et même si la jeune fille ne semble pas s’en soucier, Kondo lui s’en soucie. Certes il la trouve jolie, et certes s’il avait trente ans de moins il serrait ravie de la côtoyer. Mais, honnête et soucieux du regard de la société et surtout de sa propre vision de lui si quoique ce soit se asse, il tentera de lui faire comprendre qu’entre eux rien n’est envisageable. Pourtant, un certain lien se créera entre eux qui se transformera en quelque chose de plus dans les prochains tomes. Toutefois, ce point reste incertain puisque l’auteure prend le temps de traiter toutes les questions que Kondo et Akira se posent de façon lente et sensible. 

Si Akira s’exprime peut, le lecteur est invité à la découvrir un peu plus à travers ses réflexions intérieures. Entre jalousie naissante, doute et tristesse, on sent que le personnage d’Akira est fort mais également fragile. Sa blessure à la cheville lui ayant refermé un pan de sa vie, la solitude l’a gagné peu à peu et continue de l’habiter. L’histoire se déroulant au présent à l’intelligence de se voir entrecouper par quelques pages de flash backs permettant de marquer cette différence entre la Akira d’avant et la Akira actuelle. À l’époque, elle était une sportive ayant un but et une passion faisant partie intégrante de sa personnalité. Dans ces pages noircis sur les côtés pour bien faire comprendre que cela se passe dans le passé, le lecteur découvre une jeune fille déterminée, fonceuse et joviale. On y voit sa meilleure amie de l’époque, Haruka Kiyan, coureuse également. Cette amitié autrefois forte s’est retrouvée au fil du temps relêguée en second plan tant Akira s’est éloignée des pistes après son accident. Le lecteur comprend vite que de revenir sur ce terrain attriste la lycéenne même si elle ne le montre pas ouvertement. C’est dans ce genre de moment, que l’on peut ressentir de la compassion envers elle, et s’attacher à elle. Car oui, jusqu’ici une certaine froideur, voire une distance était présente entre ces mêmes lecteurs et elle. Plus on avance dans le récit, plus un certain aspect philosophique se dégage, et c’est en lisant attentivement entre les lignes que le titre Après la pluie prend tout son sens. Une subtilité bien amenée par Mayuzuki qui prête à sourire.

Si le tome 1 présente le paysage en premier plan dans la vie de Akira, c’est dans le tome 2 que les choses vont se développer afin de nous éclairer un plus sur sa personnalité et ce qui l’entoure. Face à ses sentiments de plus en plus présents, Akira tente de se rapprocher de Kondo ce qui créera des situations gênantes entre les deux. Cet homme conscient d’avoir l’âge d’être son père, reste incrédule face au fait qu’une jeune fille de 18 ans puisse être amoureuse de lui. Il ira même à croire que cela fait partie d’un canular. Sa réaction est juste et parfaitement logique dans le contexte du récit, ce qui permet au titre de s’ancrer encore plus dans le réel.

Dans les deux tomes, on fait également connaissance avec le reste des personnages – principalement des employés du restaurant – ce qui permet d’élargir le scénario et de ne pas rester trop concentrer sur le duo principal. Parmi eux se trouve, le cuisinier Ryôsuke, un goujat dans la vingtaine qui viendra mettre à mal la jeune fille. Pour contraster avec la maturité du récit, la mangaka a eu la bonne idée d’y inclure Yûto, le fils du patron. Du haut de son jeune âge, Yûto apporte une ambiance bon enfant qui donne le sourire. Un chapitre entier est également axé sur Yoshizawa, amoureux transit de Akira et totalement imperméable au fait qu’elle ne le voit pas de la même manière. Personnellement, je le trouve très attachant, drôle, et maladroit. Sa maladresse et son côté joyeux sont plutôt charmant et j’espère même qu’il arrivera à s’affirmer un peu plus au fil des tomes.

Le scénario n’est peut-être pas riche en rebondissements mais sait retenir l’attention du lecteur en utilisant des situations de la vie quotidienne. Pour y arriver la mangaka mêle avec subtilité et talent les sentiments et doutes que peuvent ressentir chacun d’entre nous. Ainsi il est facile de retrouver une part de vécu en chacun d’eux. Au fil des pages, notre envie de savoir si une telle romance peut être possible entre deux personnes si différentes, et nous pousse à continuer la lecture. L’ataraxie du titre met également en question de savoir quoi faire quand ce que l’on pensait acquis et perpétuelle dans notre vie prend soudainement fin. Existe-t-il un moyen de surmonter cette perte d’une partie de soi ? Peut-on y voir un signe quelconque ? Chaque lecteur est invité à se faire sa propre idée là-dessus, tout en apportant de l’espoir. 

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Le dessin de Jun Mayuzuki est doux et délicat, et colle parfaitement au récit et à son rythme. Le charadesign est très en accord avec les personnalités de chacun. Akira est grande, fine et élancée, alors que Kondo est plus trapu presque en retrait. L’émotion du récit se ressent dans les planches du manga, se permettant parfois de ne pas possèdr de dialogue pour mieux faire parler son message. Le découpage des planches est classique mais efficace et sans prétention aucune de faire dans le différent. Une vision qui colle parfaitement à la simplicité du récit.

En conclusion, Après la pluie est un titre prenant place dans le réalisme de notre monde, où les personnages vivent leur quotidien tout en tentant de répondre aux questions de la vie de tous les jours. Chaque moment possède une humanité propre rendant le récit plaisant à lire. Des héros simples pour une histoire qui poétise sur le fait que le soleil apparaît toujours après la pluie.

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5 réflexions sur “Critique manga #024 – Après la pluie tome 1 et 2

  1. J’ai justement lu le premier tome il y a quelques jours, et le tome 2 m’attend tranquillement dans ma PAL. J’ai trouvé cette lecture sympathique, mais pas transcendante. Je suis contente d’apprendre que l’histoire est plus prenante dans le tome 2 🙂 ça me donne un peu plus envie de découvrir cette suite.

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    • Merci pour ton commentaire et d’avoir pris le temps de me lire. J’ai pensé comme toi après la lecture du tome 1. Du coup j’étais contente d’avoir le tome 2 sous le coude, qui explore plus le passé des personnages par exemple, ce qui donne plus de consistance au récit et qui permet au lecteur de s’investir un peu plus. Sur les trois, je dois te dire que j’ai trouvé le tome 3 au-dessus. Ma chronique sera en ligne jeudi 🙂

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