Critique BD #025 – Gentlemind tome 1

Gentlemind est l’histoire d’une femme, dans les années 40, qui va lutter pour trouver sa place dans un monde dominé par les hommes et le patriarcat. Une véritable petite leçon d’indépendance magnifié par un dessin particulièrement efficace, marquant et charmant.

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dargaud

Merci à Anne-Catherine de Dargaud Suisse pour cette lecture et la confiance


Ce qui attire tout de suite avec Gentlemind c’est sa couverture rouge avec cette femme en plein centre dont émane une classe folle. Le scénario est signé Juan Diaz Canales et Teresa Valera. Le premier nom vous parlera peut-être, puisqu’il s’agit de l’auteur à l’origine de l’intrigue de Blacksad, également chez Dargaud. Teresa Valera, elle, est derrière Curiosity Shop chez Glénat, entre autres. Pour donner vie à tout ça, nous avons Antonio Lapone, dessinateur et coloriste de Sentiers Nocturnes et Greenwich Village.

Le récit prend place dans le New York de 1940, Navit et Arch forment un couple qui tente de vivre de l’art et de joindre les deux bouts. Arch est dessinateur de presse, et Navit, choriste dans un théâtre très à la mode. Un jour, Arch tombe sur un exemplaire du magazine Gentlemind que plus personne ne semble lire. Intrigué, il rencontre son patron, H.G. Powell, milliardaire et dure en affaires. Ce dernier tombe sur un dessin de Navit, et tombe sous charme. Il la veut pour lui, à son service, et passe donc un marché avec l’artiste. Le couple finit par s’éloigner, Arch ne supportant plus de voir celle qu’il aime entre les mains part vers l’Europe où la guerre a éclaté. Plus tard, Navit devient la nouvelle épouse de Powell et hérite rapidement de Gentlemind après la mort soudaine de ce dernier. Désormais, elle va devoir naviguer dans un monde masculin qui ne prend pas une femme au sérieux quand il s’agit de business et d’argent. Combative, intelligente et audacieuse, Navit va donner une seconde vie à Gentlemind n’en déplaise à ses détracteurs.

Pour son scénario Canales et Valera prennent le temps d’installer les personnages et le côté sociétal sans casser le dynamisme de la narration. Ce qui fait que le récit ne perd pas de sa hargne. L’atout séduction est le personnage de Navit. Femme forte que rien ne semble arrêter, elle n’a de cesse de nous charmer. Son indépendance est très marqué, et nul doute que de nombreuses femmes comme elles existaient déjà à cette époque. Il est parfois facile de l’oublier tant on a eu de cesse d’entendre que pendant des décennies les femmes n’étaient bonnes qu’à s’occuper du foyer, des enfants et choyer leur mari. En 2020, il y a de quoi grincer des dents, lever le poing et balancer le plat de gratin à travers la pièce. Si Navit fait des mains et des pieds pour montrer qu’elle est aussi capable qu’un homme pour mener gérer une entreprise, elle est hantée par le souvenir de son premier amant qui est décédé au front. C’est donc une femme complexe aux multiples facettes comme je les affectionne que l’on découvre dans ce premier tome. La lecture peut s’avérer un peu compliquée parfois, puisqu’en tant que tome introductif nous avons le droit à la présentation de pas mal de personnages, avec des ellipses qui n’arrangent pas les choses. Mais quand on arrive enfin à assimiler les deux intrigues qui finissent par ne former qu’une, la lecture se passe beaucoup mieux.

Le dessin d’Antonio Lapone est une merveille ! Le graphisme peut dérouter dans un premier temps, mais passé deux ou trois pages, on y trouve beaucoup de charme. Le trait de Lapone est unique, affirmé et adouci par moments. Son amour pour les années 50, en particulier à New York, est flagrant et rend totalement justice au côté pulp qu’on colle à cette époque. L’artiste y installe une ambiance pleine de charme. Que ce soit des doubles pages avec les différentes couvertures des magazines de l’époque (Esquiver, The New Yorker, Action Comics, Bazaar, etc). Un détail brillamment pensé et dont le rendu est génial ! Niveau édition Dargaud fait toujours du bon travail. L’impression est top et nette.

En conclusion, ce premier tome de Gentlemind offre un personnage féminin avec un potentiel énorme, qui ne cesse de s’affirmer au fil des pages. La voir évoluer dans un monde masculin et hermétique à la capacité d’une femme de faire aussi bien qu’eux est plaisant. Difficile de savoir si le scénario de Canales et Valera va nous emmener dans une lutte contre le patriarcat, vers une redite des années 40 ou une critique du rêve américain. En tout cas, ce tome fait très bien son job d’introduction et de mise en action.

7 réflexions sur “Critique BD #025 – Gentlemind tome 1

  1. Je suis très intéressée par l’univers du titre mais j’avoue qu’à première vue j’ai un peu de mal avec les graphismes. Du coup, il faut que je voie l’objet pour me décider mais j’espère que ça me plaira car je n’ai pas envie de passer à c^toé de l’histoire.
    Merci pour cette découverte !

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    • Merci ^^
      Oui je te conseille de le feuilleter. Quand tu l’ouvres tu ne t’attends pas à ce style, surtout quand tu vois la différence avec la couverture, mais au final je trouve que ça lui donne un cachet. Après, c’est certain que ce n’est pas pour tout les gouts. Tu me rediras ^^

      Aimé par 1 personne

      • Je l’ai trouvé sur NeyGalley pour tester avant un potentiel achat 😉
        Mais merci pour ta réponse qui titille encore plus ma curiosité !

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