Critique manga #361 – 9 Lives Man – Un amour à sens unique

À quel point une personne peut-elle avoir un impact sur nous sur le long ou le court terme ? Peut-on changer de vie grâce à elle ? Peut-on devenir plus fort, plus courageux, ou trouver notre voie grâce à quelqu’un d’autre ? Peut-on se perdre à cause de quelqu’un et ne plus savoir quoi faire pour remonter la pente ? Les relations humaines sont complexes difficiles douloureuses, mais elles sont aussi belles et importantes à notre existence et conditions d’être humains. Dans 9 Lives nous le découvrons de manière subtile et magnifique.

Disponible aux éditions MAHÔ ou sur Amazon au prix de 7.40 €


Monday Recover est une mangaka taïwanaise, déjà à l’origine de plusieurs œuvres à succès dans son pays comme Ruban Rose, Heaven on Earth. Elle a également été nommé pour plusieurs prix au fils des ans. En 2019, elle remporte le grand prix de la BD de l’année et celui de la meilleure BD pour jeunes adolescents de la 10 ème édition des Golden Comic Awards pour Ruban Rose. En octobre dernier, 9 Lives Man – Un amour à sens unique a remporté la 11ème éditions des Golden Comic Awards. Précisons que 9 Lives Man s’inspire d’un roman de la littérature classique tawaïnaise à succès, mais que c’est dans une version très libre que Monday Recover a orienté son scénario.

L’histoire est celle de Lin Ziyang, un avocat plutôt beau, grand, élégant et qui réussit bien dans son métier. Un jour arrive dans son cabinet une nouvelle employée qui va devenir son assistante. À sa grande surprise il la connaît, mais elle semble ne pas se souvenir de lui. Il s0agit de Quing Li, une fille qu’il admire et aime en secret depuis ses 14 ans car ils ont passé toute leur scolarité ensemble jusqu’à la fin du lycée. N’ayant jamais eu le courage de lui avouer ce qu’il éprouvait pour lui, saura-t-il saisir cette nouvelle opportunité que semble lui offrir le destin pour enfin lui avouer ses sentiments ? Est-ce que le temps joue-t-il en sa faveur ou a-t-il filé trop vite et trop loin ?

Cette histoire complète commence de manière presque classique et entre très rapidement dans le sujet. Mais très vite on sent que la mangaka possède tout le talent nécessaire pour surprendre à avec une grande subtilité, et elle ne va pas manquer de le faire à plusieurs reprises. Premièrement il y a ce petit décompte qui s’est installé au-dessus de la tête de Ziyang depuis qu’il s’est épris de Quing à l’âge de 14 ans. Le symbole d’un cœur suivi d’un x et du chiffre 9 (coeur x9) se trouve au-dessus de sa tête et n’a cessé de diminuer au fil du temps… mais pourquoi ? À vous de le découvrir. Mais c’est amusant et très bien pensé. D’autres subtilités et bonnes idées apparaissent au fil de la lecture, dont une très surprenante alors que l’on croit l’histoire terminée. Je ne la dévoilerais pas bien entendu, car c’est un gros tournant du récit et qui apporte encore une couche de réflexion sur l’impact que peut avoir une personne sur la vie d’une autre. Restons sur l’exemple de Ziyang dont la présence de Quig de près ou de loin a forgé son chemin. C’est par exemple grâce à elle qu’il s’est lancé dans des études pour devenir avocat. Il a persisté dans ses études jusqu’à réussir ses examens. Sans elle quel chemin aurait-il suivi ? Un autre, oui, certainement. Mais aurait-il été l’homme droit, et aussi juste qu’il est aujourd’hui ? Que l’on s’en rende compte ou non, chaque rencontre que l’on fait dans notre vie a un impact significatif sur notre futur. Cette personne peut être dans notre vie le temps de quelques mois ou de quelques années, et on peut ne pas réaliser les changements qu’elle opère en nous, mais ils sont bien là. Les relations humaines sont complexes, bonnes et mauvaises à la fois, mais nécessaires à notre évolution, et c’est cela que décrit la mangaka à travers les personnages principaux dans 9 Lives Man. Le personnages de Quing évolue aussi même si c’est principalement Ziyang que l’on suit. On le sent dans certains flashbacks, ses mots et ses choix. On le comprends beaucoup plus dans la seconde partie du manga. Admirée depuis toujours, oui, mais est-ce un sentiment apprécié par la personne qui le vit au quotidien ? Question intéressante qui mérite réflexion, et à laquelle Monday Recover s’efforce d’apporter une réponse.

Visuellement c’est agréable et très rafraîchissant. L’humour présent subtilement à l’écrit passe drôlement bien par les actions de notre héros masculin qui se cache sous cette apparence de calme presque froide, alors qu’au fond c’est une pile de traque face à cet amour de jeunesse. Le trait est assuré, doux et vraiment joli. Le design des personnages est charmant et délicat. On appréciera particulièrement le regard de notre héroïne qui a quelque chose de pétillant qui nous la rend sympathique au premier regard. L’ensemble a un côté très léger qui ressort parfois, rendant le tout très plaisant à lire. Côté édition, l’éditeur MAHÔ nous régale d’une impression de qualité comme à son habitude. La traduction est signée Roxanne Gardeil (Dragon Metropolis, Don’t Call Me Magical Girl, I’m OOXX).

En conclusion, une bien belle surprise que fût ce 9 Lives Man – Un amour à sens unique. Je pourrais même m’avancer sur un petit coup de cœur puisqu’il est facile de s’y retrouver quand on a parfois eu un béguin pour quelqu’un sans jamais oser l’avouer et que l’on reste avec des regrets. Monday Recover communique parfaitement tout ce que l’on peut ressentir après coup, et sur les relations humaines en général. C’est écrit avec délicatesse, avec un brin d’humour, et beaucoup d’intelligence. Le scénario est plein de petites surprises qui vous surprendront, et qui à coup sûre vous fera passer un excellent moment de lecture.

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