Critique #021 – Meurtres entre soeurs de Willa Marsh

TITRE PAGE (2).png

Ma question sera simple: avez-vous des frères ou des sœurs ? Si non, le récit qui suit ne vous donnera pas envie d’en avoir, vous serez même presque soulagé d’être enfant unique. Si oui, alors surveillez bien votre frère ou votre sœur d’un coin de l’œil… Meurtres entre sœurs, ne vous laissera pas de marbre, vous êtes prévenus. 

Meurtres entre sœurs est écrit par Willa March, qui est en fait le pseudonyme de Marcia Willet. Cette dernière est née en 1945, dans la région de Somerset, au Royaume-Uni. C’est à l’âge de 50 ans qu’elle se mit à écrire pour la première fois, et est depuis l’auteur d’une vingtaine de romans, publiés dans 16 pays. Quatre de ses romans sont parus sous son pseudonyme. En France, vous le trouverez chez Le Livre de Poche.

Emmy et Olivia sont demi-sœurs, dont le père de l’une a épousé la mère de l’autre, pour former une nouvelle famille. Du moins essayer. Vivant dans la vaste campagne de Londres d’après-guerre (1950), la famille va vite accueillir un bébé, Rosie, censé consolider ce bonheur. Mais la réalité va en être toute autre. Parce qu’avec l’arrivée de Rosie arrive naît une nouvelle atmosphère, celle d’un couple uni par la tendresse d’un nouveau-né, et qui va presque en oublier les deux autres enfants. Rosie devient vite le centre d’intérêt des heureux parents, la petite princesse, que les deux sœurs ne supportent pas. Elles ne voient en Rosie qu’une petite fille pourrie gâtée au caractère insupportable. Olivia et Emmy vont alors se mettre à fantasmer la disparition de cette nouvelle petite soeur qu’elles considèrent comme une intruse.

Avec ces personnages féminins Will Marsh présente diverses personnalités au lecteur. D’abord avec les deux aînées, Olivia la fifille à son papa, et Emily celle de maman. Elles savent très bien tirer profit d’eux en les manipulant et en les faisant culpabiliser afin d’obtenir ce qu’elles veulent. Alors vous vous doutez bien que la naissance de Rosie n’est pas ce qu’elles souhaitent. Et la cadette n’est pas en reste, puisqu’elle est une manipulatrice née et va prendre un malin plaisir à gâcher la vie de ses demi-sœurs. Les années passent, elles grandissent, mais ne perdent en rien de leurs venins et deviennent encore plus vipères que durant leur enfance.

Une relation nourrie par la haine pure va alors s’installer au fil du temps, et avec elle le cynisme de l’auteure qui ne manque pas de piquant. Le récit diabolique imaginé par Willa Marsh se met en marche progressivement, pour ne plus s’arrêter, ne laissant personne indemne. L’humour y est présent et oh so british. Nul doute, qu’il faut aimer ce genre et la répartie qui va avec. Le décor des années 50 apporte quelque chose de chaleureux et froid à la fois, nous entraînant avec lui dans les recoins de la vie de cette famille. Les pages se tournent inlassablement et facilement, tant on veut savoir ce qui va se passer… Ces trois sœurs vont-elles finir par s’attendre avec l’âge et la sagesse qui dit-on vient avec ? L’une d’elles va-t-elle craquer et commettre l’irréparable ? Tantôt anges, tantôt diablesses, le trio ne laisse aucune d’entre elles connaître le repos, voulant chacune toujours plus que les autres. Naïf est celui qui leur donne le bon dieu sans confession.

« A l’âge de cinq ans, Rosie connaît ses parents sur le bout des doigts et les fait manger dans le creux de sa main. A dix ans, elle pourrait en remontrer à Iago, question rouerie. Lorsque ses sœurs rentrent, aux vacances, elle les observe attentivement. Elle devient championne de stratégie en deux temps trois mouvements. Elle n’a jamais entendu l’expression « diviser pour régner », mais elle sait parfaitement la mettre en pratique. »

Willa Marsh dépeint un portrait de famille cinglant et humoristique sans tomber dans l’excès.  Son style est proche d’une Agatha Christie sous acide n’ayant pas de limites que celles qu’elle souhaite. On se laisse facilement porter par l’imagination dynamique du récit, car ici pas de place pour l’ennui. Et si les autres romans de Marsh sont du même acabit, vous pensez bien que j’irais y jeter un œil avec intérêt.

En conclusion, Meurtres entre sœurs est un mélange du genre littéraire et celui du polar, où la jalousie est la véritable instigatrice des « meurtres ». Une lecture utilisant habilement la psychologie de ses personnages en arrivant à les encrer dans un quotidien qui pourrait bien être le nôtre. Alors si l’humour décapant et spécial des Anglais ne vous fait pas peur, c’est le moment de vous lier à cette famille pour le meilleur et surtout pour le pire. Une petite pépite de l’humour à l’anglaise à savourer sans modération.17blancinfos (2).png

Laisser un commentaire