Critique #067 – Wonder Woman : Warbringer de Leigh Bardugo

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Avec le succès du film en juin dernier, Wonder Woman est en plein sous les projecteurs public, et avec Justice League dans quelques jours en salles, sa présence et les histoires autour d’elle ne vont cesser de fleurir. Et c’est tant mieux ! Wonder Woman existe depuis 75 ans et se doit de briller avec la même intensité que les Superman et les Batman. Le message d’espoir, d’amour et de tolérance qu’elle porte en elle depuis sa création des mains de Williams Moulton Marston se doit d’être entendu et transmis. Avec Warbringer, son message est encore plus fort et parlera aux nouvelles générations comme aux plus anciennes. 
Acheter Wonder Woman : Warbringer sur le site des Éditions Bayard ou sur Amazon.
Si vous voulez en savoir plus sur le personnage, je vous invite à découvrir mon dossier lui étant consacré. Et ma critique du film est ici.

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Je remercie les éditions Bayard et le site Babelio pour cette lecture épique et coup de cœur 


Leigh Bardugo est une écrivaine américaine née à Jérulsalem, ayant grandi aux États-Unis dans la ville de Los Angeles. Elle est diplômée de l’université de Yale, et a travaillé dans de nombreux domaines comme le journalisme, la publicité, le cinéma ou encore dans les effets spéciaux. Elle est connu du public pour ses romans dans le genre young adult et fantaisy, comme la trilogie Grisha dont le premier tome vient de paraître aux Éditions Milan, la duologie Six of Crows disponible chez Le Livre de Poche Jeunesse, et depuis cette année aux Éditions Bayard avec Wonder Woman : Warbringer.

Wonder Woman : Warbringer fait partie de la collection de livres DC ICONS se focalisant à chaque fois sur la jeunesse d’un héros de l’univers DC Comics différent. Ici, Wonder Woman ouvre le bal, et sera suivi en 2018 de Batman : Nightwalker, et Catwoman : Soulstealer, puis en 2019 par Superman.

L’histoire de Warbringer se déroule sur l’île de Themiscyra lieu de résidence et de vie des Amazones, dirigée par la respecté reine Hippolyte mère de Diana alias la future Wonder Woman que l’on connaît. Âgé de 17 ans à peine, Diana, princesse des Amazones,  a encore tout à prouver à son peuple, à sa mère et à elle-même. Un jour alors qu’elle se mesure aux autres Amazones sur un parcours d’endurance la jeune fille va être témoin de l’explosion d’un bateau au large de l’île. Ignorant l’interdiction faite aux Amazones d’accueillir des humains parmi elles, Diana va porter secours à la jeune Alia. Une action de bravoure et d’humanité que Diana pourrait venir à payer cher puisque Alia n’est pas une adolescente comme les autres. Non, elle est une Warbringer : une descendante d’Hélène de Troie. Ensemble les deux jeunes filles vont se lancer dans un périple en dehors de la terre qui  a vu naître Diana pour arriver dans le monde des Hommes. De New York à la Grèce, elles tenteront de contrer la malédiction qui pèse sur Alia.

Wonder Woman est un personnage très familier de mes lectures puisque je l’ai découvert il y a dix-huit ans dans les comics, mais aussi de visu dans la série télévisée des années 70 avec l’actrice Lynda Carter. Pour beaucoup Diana représente l’amour, la tolérance, l’espoir et bien plus encore. Tout autant qu’hier, elle continue encore d’aider beaucoup de gens grâce aux lectures qui lui sont consacrées chez DC Comics, mais aussi plus récemment avec le film du DCEU (DC Extended Universe) Wonder Woman, avec l’actrice israélienne Gal Gadot dans le rôle-titre. Pour ceux qui auraient vu le film, sachez que cette lecture n’en est pas une extension mais plutôt un retour en arrière complètement indépendant racontant la jeunesse et plus particulièrement l’adolescence de cette future héroïne. Parce que si elle ne porte pas encore le surnom de Wonder Woman – jamais elle n’est appelée ainsi dans le livre – elle en possède déjà les qualités et les prémices de la sagesse qu’on lui connaît.

Pour les plus récalcitrants d’entre vous, sachez que ce roman peut être lu même si vous n’avez jamais ouvert un comics de votre vie, ou que vous n’êtes pas familier avec le personnage de Diana. En proposant de consacrer son récit aux jeunes années de la princesse et à ses débuts dans le monde des Hommes, Bardugo permet ainsi aux lecteurs de tout âge et horizon, familier ou non, de pouvoir se lancer dans l’aventure. Dans les comics, les jeunes années de Diana sont présentées dans quelques comics comme The Legend of Wonder Woman de Renae de Liz, inédit en VF. C’est donc avec une grande curiosité que j’ai découvert cette Diana adolescente qui a su m’attendrir, me faire rire et conquérir encore plus mon cœur. Les origines de sa création sont ici respectées, contrairement à la version du film. Diana est le produit du désir de Hippolyte d’avoir un enfant, qu’elle a sculpté dans la glaise avec le pouvoir des dieux. Elle est donc unique en son genre, et elle en est consciente. D’ailleurs, cette différence lui pèse énormément et elle n’a de cesse de sentir le regard des autres sur elle. Dès le début on constate qu’elle désire plus que tout être mise sur le même pied d’égalité que ses soeurs Amazones, et prouver qu’elle n’est pas différente. Elle va alors s’entraîner encore plus durement que les autres, devenir plus sage et tenter de prouver  à sa mère et à elle qu’elle peut y arriver. Il y a également cette candeur dans la vision de Diana sur le monde et les choses qu’elle ne comprend pas qui est charmante et qui sonne juste avec celle qui n’est pas encore la guerrière farouche de maintenant.

La mère de Diana l’avait avertie que le Monde de l’Homme regorgeait de places et de statues commémorant les victimes de leurs atrocités. « Ils empilent les pierres, forgent le fer et jurent de ne pas oublier, lui avait-elle expliqué Mais ils oublient quand même »

Warbringer est donc un récit initiatique au même titre que d’autres œuvres Young Adult voyant le héros prendre le large pour vivre des aventures. Diana fait partie de cette galerie de personnages qui se cherchent et qui veulent explorer le l’univers, en comprendre les rouages et pourquoi pas changer le monde. En sauvant Alia, Diana ne fait qu’obéir à son instinct, son empathie qui au fil du temps viendra insuffler de l’espoir au sein de la population. Rien qu’avec ce simple geste, Leigh Bardugo montre à quel point elle a su apprendre à lire entre les lignes de ce personnage qui existe depuis 75 ans. En décidant d’accompagner Alia pour briser la malédiction de ses ancêtres, Diana met le pied pour la première fois chez les Hommes, non pas en tant que héroïne mais en tant que simple fille cherchant à se prouver qu’elle peut être quelqu’un et ainsi exister d’elle-même. Diana n’est pas née de la même façon que les autres mais possède autant de détermination et de courage qu’une « vraie » Amazone. Il y tellement de choses à aimer chez cette héroïne à en devenir, comme par exemple son humour. Car oui, Diana possède de la répartie surtout quand une Amazone de son âge ne cesse de la tourmenter et de lui faire sentir qu’elle n’a pas sa place parmi elles. Sote, Diana ne l’est pas. Elle est consciente que son statut de « fille de la reine » lui permet d’échapper au pire. C’est pour cette raison qu’elle n’a de cesse de redoubler d’efforts dans son apprentissage.

L’action dans le roman est présent dès le début sans pour autant démarrer en trombe. Non, l’auteure prend le temps d’installer les différents endroits de l’île, les Amazones qui y vivent, ses défis et bien entendu Diana. Avec l’arrivée d’Alia, les choses vont s’enchaîner et on va vite entrer dans un périple qui n’augure rien de bon pour personne. Car à chaque fois que la présence d’une Warbringer se fait sentir, les difficultés apparaissent. Les différentes descriptions et le fonctionnement de Themyscira sont vraiment très intéressants, et tellement bien écrits que l’on s’y croirait presque. En fait, dès la première page on arrive à imaginer les scènes d’actions, les lieux, mais aussi les expressions des personnages. Moi qui ne connaissais pas l’auteure, je dois dire que j’ai été plus que charmée.

Diana considéra les humains qui conversaient, plaisantaient, portaient des coupes à leurs lèvres… Autant de vies pareilles aux battements d’ailes d’un papillon de nuit : sitôt surgies, déjà évanouies…

Le personnage de Alia prend elle aussi la parole dans le récit, pour nous permettre de la découvrir elle, son passé et ses pensées. Si Alia possède un caractère opposé à celui de Diana, elle n’en reste pas moins un personnage touchant. Comme l’Amazone elle possède un grand courage et un esprit vif. De par son vécu où elle a été victime de racisme – oui Alia est une fille de couleur – elle est consciente de la cruauté du monde, alors que Diana le sait sans réellement l’avoir vécu. Pourtant, sans vraiment s’en rendre compte il existe un parallèle intéressant entre les deux. D’un côté Diana est tourmentée par les autres qui ne la voit pas comme l’une des leurs à part entière, et Alia qui fait partie d’une minorité. J’ai trouvé cette approche assez particulière et finement écrite, sans qu’elle ne vienne à remettre en question les difficultés de chacune. Ici, ce n’est pas à savoir qui a le plus souffert, mais plutôt le cheminement et l’évolution de chacune. Et de l’évolution, il y en a. Au fil de leur voyage, ces deux jeunes filles noueront un lien particulier, doux et indéfectible. Au contact l’une de l’autre, elles grandiront et apprendront. Elles ressortent plus fortes psychologiquement et physiquement.  Sur le chemin, Diana rencontrera les amis d’Alia comme Nim, une jeune fille qui ne mettra jamais en question la présence de Diana. Ou encore Theo, le « love interest » d’Alia que l’auteure introduit sans pour autant s’étendre sur leur relation. Et puis, il y a le frère de Alia, Jason, un brin contrôleur mais drôle à lire. Pourtant, de tous les personnages je pense que c’est le moins intéressant à découvrir. Dans Warbringer, l’auteure a fait le choix de ne pas inclure de la romance, ce qui est une bonne chose. Cette partie est vraiment ce qui se rapproche le plus de la lecture Young Adult à mon sens, voir encore plus jeune, puisque l’on suit une bande de copains sympas mais dont les trépidations ne concerneront pas forcément les plus adultes d’entre nous. 

Le style de Leigh Bardugo est prenant et efficace. Comme le témoignent les remerciements en fin de livre, on constate que l’auteure a su s’entourer pour être au plus proche de son personnage. La vision qu’elle a sur la mythologie grecque est intéressante, moderne sans pour autant la dénaturer. Le récit est également nourri de l’amour qu’elle porte pour cette icône intemporelle. La plume est très imagée, moderne et entraînante à souhait.

En conclusion, avec Wonder Woman : Warbringer Leigh Bardugo réussit à dépeindre une Diana nouvelle sans la réinventer complètement. La personnalité du personnage est respectée et mise en avant de manière intelligente. Les lieux et voyages sont si précis et biens écrits, que la lecture en devient presque vivante. Warbringer est un excellent moyen de découvrir cette héroïne, ainsi qu’un complément pour les connaisseurs

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8 réflexions sur “Critique #067 – Wonder Woman : Warbringer de Leigh Bardugo

  1. J’ai eu ce livre dans la box « mile et un livres ». J’étais très contente parce que je ne connais pas du tout ce personnage de comics mais il m’intéresse beaucoup! Je n’ai pas encore vu le film mais j’aimerais bien aussi! Contente de savoir que même si je n’ai jamais lu les comics, je suivrai sans problème cette histoire! 🙂

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