Critique #095 – Par amour de Valérie Tong Cuong

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Comme pour les blessures, certaines horreurs commises dans l’Histoire de l’humanité ne peuvent jamais trouver de remèdes pour expier les maux engendrés. Parmi les lectures sur le sujet de la Seconde Guerre Mondiale, Par Amour de Valérie Tong Cuong arrive à se distinguer de par la plume de son auteur. Un récit poignant où l’amour et le sacrifice vont de pairs.

 

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MERIC AU LIVRE DE POCHE POUR (5)

Merci à Maud pour cet arc-en-ciel de sentiments allant de la joie à la tristesse.


Valérie Tong Cuong est une auteure française née en 1964 à Paris. Après son adolescence elle se lance dans des études de littérature et de sciences politiques. Elle travaille huit ans dans la communication avant de tout lâcher pour se consacrer à l’écriture de romans, de nouvelles et de scénarios. Sa bibliographie comprend plus d’une dizaine de romans dont : Big (1997) récompensé au festival du Premier roman de Chambéry, Gabriel (1999), Où je suis (2001) chez Grasset, Ferdinand et les Iconoclastes (2003) Noir dehors (2006), ou encore Providence (2008). En 2013, L’atelier des miracles et Pardonnables sortent chez JC Lattès. Par amour est sorti en 2017, avant de revenir sous format de poche le mois dernier.

L’histoire a pour décor celui de la Seconde Guerre Mondiale, dans le Havre, en 1940, où Lucie et son petit frère sont réveillés de leur sommeil par leur mère, Emeline. Accompagné de leur tante Muguette et de leurs cousins Joseph et Martine, la petite famille décide de quitter la ville occupée par les Allemands. Tandis que ces deux femmes (et sœurs) fuient, leurs maris eux sont au front. Entre cette année de 1940 et 1945, les différents protagonistes vont prendre la parole pour raconter leur vie et vision de la guerre.

La grande qualité de cette histoire est dans le fait que l’on découvre un même événements raconté par des personnes différentes, ce qui donne l’occasion au lecteur de s’attacher à tel ou tel narrateur. Et peu importe que cela soit un enfant ou non, Valérie Tong Cuong a eu la belle idée de laisser chacun s’exprimer et extérioriser ses démons, ses peurs mais aussi ses espoirs. Les secrets de famille et les tabous volent vite en éclat pour nous laisser des protagonistes mis à nu sans rien pour les protéger de notre jugement. Pourtant, le lecteur ne revêtira pas la robe de juge, mais simplement celui de simple témoin. On est ainsi happé par ce récit très humain et bouleversant d’une époque que les plus jeunes d’entre nous non pas connus.

Chaque décision prise par les membres de cette famille se verra affublée de conséquence, laissant planer le doute concernant le fait s’il vont pouvoir s’en sortir ou non. Le Havre est aussi important au déroulement du récit que ne le sont les personnes faites de chair et d’os. Le sujet de la guerre, surtout celui de la Seconde Guerre Mondiale, est source de très nombreux films ou romans, ce qui nous fait nous demander ; est-ce que Par amour vaut-il le coup d’être lu et apporte-t-il “un-je-ne-sais-quoi” de plus à ce fait ancré dans l’Histoire du monde ? Eh bien oui. Par amour est un roman de qualité qui n’hésite pas à offrir une nouvelle approche du sujet tout en intégrant les codes du roman historique.

Je croyais que nous avions vécu le pire, que nous finirions par nous en accommoder, par oublier la fuite, le retour, que nous saurions nous réinventer, retrouver une forme d’équilibre, je n’avais pas encore compris que ce mot, équilibre, ne signifiait plus rien.
Il n’y avait plus d’endroit ou d’envers, de tort ou de raison, de bon ou de mauvais côté : tout cela venait de disparaître dans le fracas de la défaite.

Cette prouesse est due  à la plume de Valérie Tong Cuong qui arrive à trouver la juste limite en le trop et le pas assez. En parallèle au Havre, on découvre aussi le point de vue de la guerre vu par ceux présents en Algérie, nous permettant de nous déplacer dans un tout autre paysage. La violence de la guerre est bien évidemment inévitable et nous glace le sang par moments. Pourtant, l’auteure ne se laisse pas submerger par le sujet en le maîtrisant. La narration est faite avec beaucoup d’honnêteté et d’humanité. De plus, le style de l’auteure est fluide et sans artifices quelconques qui viendraient rendre le récit lourd et indigeste. Les mots sont choisis avec réfection et nous transportent au cœur de cette tension permanente, et au plus près de la mort qui rôde. 

En conclusion, Par amour est un roman chorale poignant aux personnages plus qu’attachants. Au fil des pages, le lecteur se sent concerné par ce qu’ils vivent au cœur de cette Seconde Guerre Mondiale si sanglante et inoubliable. Les faits historiques relatés offrent une dimension de réalité où les événements ne nous laissent pas le temps de nous reposer. Une aventure où les membres d’une même famille se déchirent pour mieux se protéger les uns et les autres, simplement au nom de l’amour.

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4 réflexions sur “Critique #095 – Par amour de Valérie Tong Cuong

  1. je viens juste de le terminer ! et ce fut un coup de coeur 🙂 je vis actuellement au Havre et cette Histoire est ancrée dans la ville et je trouve que l’auteur a fait un magnifique travail en racontant ces événements difficiles !

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