Critique comics #009 – Fables, intégrale tome 1

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« Il était une fois… » vous connaissez la suite, non ? Eh bien, détrompez-vous, avec Fables, les contes de fées en prennent pour leur grade et deviennent assez cyniques et critiques de la société. Ayant largement inspiré la série télévisée Once Upon A Time, Fables de Bill Willingham se distingue par sa maîtrise des multiples genres qui peuplent cette première intégrale des éditions Urban Comics. C’est intelligent, beau et visuellement classique, Fables saura plaire aux lecteurs de comics ou de bande dessinée. 

 

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Fables est un comic book américain créé par le scénariste Bill Willingham et Mark Buckingham au dessin, lancé en 2002 sous l’imprint Vertigo de DC Comics. Willingham se fit repérer dans les années 80 avec son premier comics Elementals, écrit et illustré par lui, publié chez feu-Comico. Par la suite il contribua à quelques histoires autour des personnages de Green Lantern, Robin, Sandman, Batman, et la Justice Society of America. Il créa également plusieurs autres titres indépendants comme Coventry et Proposition Player. On lui prête aussi une plume de romancier évoluant dans la fantaisy et autour de l’univers de Fables avec Fables : Peter & Max. Avec le temps Fables remporta de nombreux prix, notamment quatorze Eisner Awards. En 2013, un jeux vidéo autour de la franchise, The Wolf Among Us, vit le jour par les studios Telltale Games. On lui compte aussi des spin-offs (Fairest, Jack of Fables, Cinderalla). En juillet 2015, après dix-huit ans de publication et 150 numéros, Fables tira sa révérence, en prenant le temps de donner naissance à une suite intitulée Everafter : From the Pages of Fables, annulé après seulement douze numéros.
En France, Fables a d’abord été édité par Panini Comics avant de passer entre les mains de Urban Comics, ayant récupéré les droits de DC Comics en 2012. Elle a bénéficié d’une réédition en cartonnée, avant d’être à présent publié en intégrale.

Le synopsis de Fables est assez simple dans son ensemble puisqu’il prend les personnages des contes de fées et les place dans notre monde à nous. Blanche-Neige, le Grand Méchant Loup, Barbe Bleu, Le Prince Charmant, Pinocchio et même les Trois petits cochons sont présents ! Chassés il y a des siècles de leurs royaumes par un mystérieux et puissant Adversaire, ils trouvent refuge dans le notre monde, aussi appelé celui des Communs. À Fableville, une communauté clandestine de New York, vivent ceux pouvant s’intégrer à la société tandis que les animaux (singes volants, cochons qui parlent) vivent à La Ferme. Avec ce beau petit monde il faut bien réussir à mettre de l’ordre dans les rangs. Pour cela il y a Blanche-Neige, devenue une sorte de maire de la communauté, qui va devoir faire face non seulement aux problèmes de couple de La Belle et la Bête mais aussi à l’enquête sur le supposé meurtre de sa sœur Rose Rouge, menée par Bigby Wolf alias Le Grand Méchant Loup

Cette première intégrale est l’équivalent de trois tomes cartonnés “simple” de l’édition précédente, et possède donc trois arcs narratifs. Le premier (n°1 à #5) est consacré à la présentation des personnages tandis que Bigby tente de découvrir qui a eu la peau de Rose Rouge. Au tableau des suspects, pas mal de monde : Le violent Barbe Bleue, Jack (celui des haricots magiques, oui) le vénal et facétieux Prince Charmant, et Blanche-Neige elle-même… il faut dire que celle-ci ne s’entendait pas vraiment avec sa sœur.

L’univers de Fables possède l’atout majeur de séduire n’importe quel lectorat, masculin ou féminin, connaisseurs en contes ou non. Étant publié sous l’imprint Vertigo destiné à un public plus adulte, les personnages sont élaborés de manière à nous rappeler les séries télévisées que l’on peut aimer regarder comme True Detective, Mentalist, ou un Modern Family revisité à la sauce Once Upon A Time mais en plus complexe. C’est à la fois fun et palpitant. Alors que l’on suit l’enquête sur la mort de Rose Rouge, on fait la connaissance des nos chers héros de contes mais pas forcément aussi proches de la version qu’on connaît. Par exemple, si dans les contes traditionnels de Cendrillon, Raiponce et autres il y a un Prince Charmant à chaque histoire, dans Fables, le Prince Charmant se trouve être le même pour chaque princesse ! Il ne possède d’ailleurs aucun scrupule à profiter financièrement d’elles, en promettant monts et merveilles…. ah oui on appelle cela un goujat, pour rester poli. Bigby est l’un des personnages de tête qui a tourné le dos à son passé de Grand Méchant Loup pour devenir shérif de Fableville. Cigarette au bec, et imper gris faisant office de nouvelle fourrure pour celui qui est dorénavant bipède, mais dont l’instinct animal n’est jamais très loin.

Pour ceux ayant déjà regardé la série télé Once Upon A Time, il sera impossible de ne pas faire le parallèle entre la Blanche-Neige de Fables….et Regina Mills/La Méchante Reine dans la série ! Mais rien d’étonnant quand on sait que ABC Network avait acheté les droits d’une adaptation de comics de Bill Willingham en 2008, sans jamais lancer le projet. Entre le côté animal de Bigby et la froideur de Blanche, ce premier tome permet de bien entrer dans le bain. Le lecteur se découvre même une casquette de Sherlock Holmes pour savoir ce qui a bien pu arriver à Rose Rouge, tant le scénario est écrit avec adresse. 

 

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Le deuxième arc (n°6 à #10) nous emmène à La Ferme afin de nous présenter le reste des personnages qui voit arriver Blanche Neige pour son inspection annuelle. Mais alors qu’elle quitte les rues polluées de New York pour respirer l’air pur (et odorant) de la campagne, une révolte commence à pointer le bout de son nez parmi les Fables animaliers. Motivée par le ras-le-bol général chacun souhaite retrouver sa liberté, investir la ville au même titre que les autres Fables, et pourquoi pas reconquérir leurs royaumes pris par l’Adversaire, qui reste encore un inconnu pour le lecteur. Mais rien ne va se passer comme prévu, comme va très vite le démontrer les courses-poursuites dans les forêts et montagnes, des décapitations (!), mené tambours battants pas un rythme qui ne connaît que très peu de pauses. L’intrigue joue sur de multiples aspects sociaux que l’on peut facilement assimiler à la révolte des agriculteurs actuels face aux coûts, etc. Il est assez fascinant de voir à quel point Bill Willingham arrive à superposer le monde imaginaire à celui de la réalité pour correspondre à ce que l’on vit chaque jour qui passe.

 

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Le troisième et dernier arc de ce tome reprend les numéros 11 à 17 de la série, et s’ouvre sur un petit aparté à l’intrigue principale, prenant place en pleine Guerre de Sécession où Jack, librement adapté de Appalache Mountain of Jack Talkes écrit par Richard Chase, récit folklorique Appalaches. Si cette histoire ne casse pas des briques, on appréciera d’en apprendre un peu plus sur le personnage de Jack, et qui selon moi a été rédiger afin de tester les eaux pour la future série spin-off Jack of Fables. Dans le reste des numéros on retrouve notre bon vieux Bigby, dont le physique ressemble énormément à Wolverine des X-Men de chez Marvel. On fait également la connaissance de Boucle d’Or et d’un étrange et envoûtant sortilège…

La partie graphique de Fables est assurée par plusieurs artistes, Mark Buckingham (Doctor Who, Peter Parker : Spider-Man), Lan Medina (Silver Surfer, Venom), Alex Maleev (Daredevil, Moon Knight), Bryan Tablot (2000 AD), Linda Medley (Doom Patrol), et Willingham. Globalement l’harmonie visuelle est présente tout le long des chapitres, sauf quelques différences au niveau du chara-design de certains protagonistes, et en particulier celui de Bigby, moins abouti par moments. Les lecteurs de bande dessinées apprécieront l’approche graphique justement qui s’éloigne du genre super-héroïque que l’on a l’habitude de voir.

 

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Cette édition intégrale par Urban Comics s’ouvre sur une préface de l’auteur, avec en bonus des croquis, de nombreux artworks des couvertures de chaque numéro, qui sont de James Jean. C’est d’ailleurs son travail que l’on peut voir officiant comme couverture rigide principal du volume. Au niveau de la qualité d’impression il n’y a rien à redire, Urban Comics continue de faire un travail soigné.

En conclusion, à l’image d’autre revisites des contes de fées, Fables aurait pu tomber dans une certaine facilité narrative et ne pas se distinguer de la masse. Mais afin de ne pas tomber dans des travers évidents, Bill Willingham a su intelligemment mélanger des thématiques (problème relationnel, politique, misogyne, etc) aux différents genres (polar, folklore, suspens) et offrir un bel écrin à son récit. Les personnages deviennent vite attachants pour certains et détestables pour d’autres. L’humour trouve une place dans le récit sans qu’il ne vienne faire de l’ombre au sérieux des propos. Si vous n’avez pas encore découvert Fables, cette première intégrale est l’occasion de franchir le pas. Vous ne verrez plus jamais Pinocchio ou Le Prince Charmant de la même manière, c’est 100% garantie.17blancinfos

 

5 réflexions sur “Critique comics #009 – Fables, intégrale tome 1

      • Oui c’est vraiment super ! C’est vrai que c’est un peu lourd par contre. Et encore, c’est rien comparé aux intégrales de chez Bliss ou aux Omnibus de Panini xD

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  1. Oh génial, je cherchais un comics de ce genre ! C’est parfait, merci beaucoup 🙂 Toujours aussi parfaites tes chroniques !

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