Critique manga #121 – Devil’s Line tome 1 et 2

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Arrivé sur les étagères françaises en 2015, DevilsLine a le plus souvent été discret, et cela et bien dommage. Mais avec un récent animée débuté en Japon et en simulcast sur ADN, le manga de Ryo HANADA revient sur là où le mérite, c’est-à-dire sur le devant de la scène. Avec son style graphique passant du seinen horrifique à la romance shojo, DevilsLine possède toutes les qualités pour séduire un large public friand de voir les vampires dévoiler toute l’animalité qu’ils ont en eux, mêlant sexe et violence. Alors, si vous n’avez pas encore découvert ce titre, sachez qu’il n’est pas trop tard ! Foncez !
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Le titre est également disponible en digitale sur  IZNEO
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kanadargaudsuisse

Merci à Stéphanie et Anne-Catherine pour cette plongée dans le vampirisme polarisé et sentimental


Ryo HANADA est une mangaka née en 1987 à Ehime au Japon, mais vivant actuellement à Tokyo. Son seul et unique titre à ce jour est le seinen DevilsLine, prépublié dans le Gekkan Morning Two des éditions Kôdansha depuis 2013. Actuellement le titre compte 11 tomes en cours au Japon, et 10 aux éditions KANA dans la collection Dark Kana, depuis 2015. En début d’année nous apprenions que le titre allait bénéficier d’une adaptation en série animée avec Tokumoto YOSHINOBU à la réalisation, au sein du studio d’animation Platinum Vision. La série est diffusée depuis avril dernier et est disponible en simulcast  VOSTFR sur la plateforme de streaming ADN.

Le récit s’ouvre sur Tsukasa Taira et Shouta Akimura rentrant du lycée, interloqué par un étrange garçon semblant les suivre de loin. Alors que Shouta s’apprête à dire au revoir à son amie – dont il est amoureux – il se fait interrompre par le garçon en question avec ses mots : “Salut vampire. Le sang des garçons ne te suffit plus ?”. En deux phrases le ton du récit est donné. Sans le savoir le quotidien de Tsukasa va voler en éclat en découvrant qu’une population de vampires côtoient les humains tout en dissimulent leur vraie nature. Le sauveur de la jeune fille se nomme Anzai, être hybride, appartenant à une brigade spéciale chargée de neutraliser les vampires ayant franchi la limite en s’attaquant à des humains. Car à la moindre goutte de sang, ces créatures se transforment en véritables monstres dont la rage et la soif de sang sont les seuls maîtres. C’est ce que va constater Tsukasa, blessée par son camarade, réveillant le démon intérieur de Anzai… malgré les risques et la dangerosité de la situation, les deux vont nouer une complicité mise à mal par la nature du garçon et sa mission.

Alors, avant que vous ne me disiez que cela ressemble en grande partie à Twilight et autres récits vampiriques de la même trempe, sachez que DevilsLine possède une mythologie vampirique respectant la nature très sombre même du buveur de sang. Le récit de Ryo HANADA possède les qualités d’un seinen à la psychologie violente et complexe, ne laissant pas de place aux rayons de soleil. Le lien affectif et étrange qui lie Anzai et Tsukasa va en l’encontre de la ligne de conduite d’Anzai, puisque ce dernier s’était toujours promis de ne pas se mêler aux humains, encore moins avoir de l’affection pour l’un d’eux. Le premier tome pose les bases du récit sans donner trop d’informations sur la suite. La mangaka ayant pris le parti de miser pour le moment sur la relation naissante entre humain et vampire tout en dressant plus tard des parallèles avec les relations inter-espèces ayant mal tournéesTsukasa est une jeune fille plutôt maladroite et introverti, mais qui malgré son apparence fragile cache un véritable état d’esprit de battante. Autour d’eux, nous avons les membres de la brigade spéciale divisée en plusieurs équipes. Anzai est affecté à l’équipe F comprenant Takashi Sawazaki, Juliana Lloyd, et le médecin Ryusei Yanagi. Chaque personnage apporte son charme au récit, créant ainsi une sensation d’attachement entre le lecteur et eux. Les personnalités et les caractères définis mais troubles de certains contribuent à l’atmosphère psychologique et mystérieuse du titre.

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Dans le tome 2, le récit s’emballe pour réellement montrer toute sa capacité à développer plusieurs lignes narratrices (romance, polar, horreur) afin de ne former qu’une seule et même histoire où le lecteur ne connaît pas de repos. Il est difficile de ne pas vous spoiler certains événements du tome précédent pour vous expliquer les enjeux placés sur la table par la mangaka. Nous avons par exemple les explications concernant la naissance des demi-vampires, des liens charnels unissant un humain à un vampire, alors que cela était interdit. Anzai est un personnage pilier du récit, puisque dans ce tome de très brèves fenêtres sur son passé nous sont ouvertes, mais aussi tôt refermées par l’auteur afin de mieux nous appâter. Concernant Tsukasa, cette dernière ne déméritera pas, puisqu’elle ne mettra à de nombreuses reprises sa vie en danger pour sauver des personnes qu’elle ne connaît ni d’Eve ni d’Adam. De nouveaux personnages viennent enrichir le récit en humour, notamment avec Hans Ri, devenant très vite attachant. Étant aussi un demi-vampire, on aura le droit à des informations en plus, très bien pensées de la part de l’auteure. La relation entre Anzai et Tsukasa continue gentiment d’avancer sans jamais paraître niaise ou lassante. Le tome 2 apportera aussi son lot de rebondissements, dont la mise en place d’un complot pouvant avoir des répercussions dramatiques à l’échelle nationale nippone. 

L’autre point positif réside dans la capacité de DevilsLine a mélanger les a priori de la société entre le bon et le mauvais. Si de base, le vampire est toléré, il reste montré du doigt comme étant un monstre, une créature qui se doit de rester dans les rangs. Face à  lui, l’homme et toute la perfidie dont il peut faire preuve. De ce fait, le récit pose une vraie question : le démon est-il toujours celui qui porte des crocs, ou bien l’humain revêtant le costume de l’agneau ?

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Le dessin de Ryo HANADA oscille entre shojo et seinen, avec un trait parfois maladroit et appuyé. Le charadesign des vampires rend bien justice à toute la bestialité qu’habite ces créatures. Les canines sont longues proches des crocs d’un animal, les yeux injectés de sang perturbent et nous glacent. Le sang se permet de couler et de gicler sans être utilisés inutilement. L’atmosphère violente et sombre du manga colle bien au côté urbain du récit. Le travail sur les regards est important et méticuleux même si on ne le dirait pas au premier coup d’oeil. L’édition de KANA est dépourvue de défauts, avec une traduction très correcte assurée par Julien Delespaul, s’occupant déjà de Tenjin, Strike the Blood, ou encore des romans Seraph of the End

En conclusion, DevilsLine est gentiment devenu un coup de cœur alors que je ne m’y attendais pas. Partant d’un simple récit avec des vampires et des humains, Ryo HANADA livre une copie sans gros défauts mêlant plusieurs genres allant de la romance au polar sombre en passant par l’horrifique et le thriller psychologie. Le tout est dosé avec intelligence et maîtrise, où l’humour trouve aussi sa place. Les personnages sont aussi attachants qu’intriguant et on ne peut s’empêcher de nous laisser porter par leurs péripéties.

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