Critique #125 – Tous les soleils d’hier par Sarah Winman

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Après m’avoir transformée à jamais avec Une fille facile, je dois dire que j’étais plus que prête à découvrir d’autres titres de chez l’éditeur Stéphane Marsan. Mon choix s’est porté sur Tous les soleils d’hier par Sarah Winman promettant un beau récit. Finalement je suis tombée sur quelque chose de plus fort, de plus immense malgré la simplicité à laquelle l’auteure semblait promettre.  

 

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INFOS : Site Stéphane Marsan

Merci Anne-Catherine. À présent je t’invite à le lire, si ce n’est pas déjà fait.


Sarah Winman est une auteure et actrice britannique. En 2011, elle sort son premier roman intitulé When God Was a Rabbit adapté en plusieurs langues, notamment en français sous le titre de Quand dieu était un lapin aux éditions Flammarion. Elle remporta le prix du meilleur auteur de l’année aux Galaxy National Book Awards. Son deuxième roman, A Year of Marvellous Ways vit le jour en juin 2015, et reste inédit en VF. Tous les soleils d’hier (Thin Man en VO) fut édité en 2017, avec une parution en mai 2018 en France chez Stephane Marsan.

L’histoire est celle d’un tableau, ou presque. Oui, un tableau de peinture bien célèbre, puisqu’il s’agit de Les Tournesols de Van Gogh. De ce cadre jailliront les souvenirs jadis de deux hommes: Ellis et Michael. Leur rencontre se fait dans les années 60, quand l’adolescence rimait avec insouciance. À travers leur passion pour l’art. Ellis souhaite en vivre, mais son père ne veut pas en entendre parler. Sa rencontre avec Michael, chante tout en lui et sans son quotidien. Une amitié inégalable se forge entre les deux jusqu’à fleurir en histoire d’amour. Hélas, Ellis n’a pas le courage de s’accepter et préfère se laisser porter par sa complicité avec Annie, la jeune femme que les deux garçons rencontrent. Seize ans plus tard, après le décès de son épouse, Ellis n’a plus rien pour lui à part ses morceaux de bonheur passé, ses regrets et son premier amour.

Dans ce récit, deux thèmes cohabitent ensemble pour nous livrer une lecture mélancolique mais forte : L’art et l’humain. Ils donnent alors naissance à des conversations profondes entre Ellis et sa mère, où le passé prend le rôle de narrateur. Les personnages sont écrits avec délicatesse. La narration se permet des voyages dans le temps entre les années 60 et 90, où Michael et Ellis prennent chacun la parole. À travers leurs souvenirs, on sent que l’auteure a voulu les traiter à part égale, ne donnant jamais la sensation que l’un est mis plus en avant que l’autre. À la lecture, on finit par assimiler l’amitié à l’amour qui finissent par ne former qu’une seule identité. Car ici, on découvre que la frontière entre les deux est floue, presque insondable tant l’intensité des sentiments font que les deux se mélangent. Annie, joue un rôle important puisque c’est son arrivée qui bouleverse les deux hommes et leur lien. Pourtant, entre les trois l’amitié brille de manière incroyable.

Je me souviens de Douvres qui s’éloigne, je suis sur le pont du ferry. Nos mains posées sur le bastingage, mon petit doigt qui effleure le sien. L’excitation du voyage qui me ronge les entrailles, mon envie brûlante de l’embrasser, ce que je ne pouvais pas faire, bien sûr. Et puis soudain, son doigt qui me caresse la main, et ça m’électrise, ça m’électrise tellement qu’il y avait de quoi l’illuminer tout entier, ce putain de bateau. 

La plume de Winman est fluide et simple sans être schématisée. Au contraire puisqu’il n’y a pas de distinction entre les phrases narrées et les dialogues. Si on départ on est surpris, on finit par adhérer. Cela ne dérange pas du tout à la compréhension du récit. L’apport de sa vision des liens entre les gens et la passion qui fait voler les principes en éclats donne une lecture unique et profonde. Amour, amitié, identité sexuelle, regrets, tragédie, premier amour, souvenirs… tant de mots que l’auteure prend le temps de sublimer en écrivant un récit intime. Winman se permet des descriptions nous faisant entrer dans le récit sans que l’on ne veuille en ressortir. Certains passages semblent comme murmurer à notre coeur. C’est déroutant et impressionnant à la fois.

Concernant le choix de traduction de titre (Thin Man en VO), on comprend dès la fin du bouquin pourquoi ce titre et pas un autre. Personnellement, j’y vois même trois significations : la première fait écho aux bonheurs passés présent dans ce bouquin. La seconde peut veut venir du fait que « tournesol » trouve son origine dans l’italien “girasol” voulant simplement dire “qui tourne avec le soleil« . La fleur en elle-même rappelle un soleil avec son centre foncé comme pour représenter le noyau ardent de notre soleil, et les pétales pour les rayons. Et puis, il y a aussi le parallèle entre le tableau de Van Gogh. Enfin, bref tout ça pour dire que c’est vraiment très bien trouvé.

En conclusion, en moins de 200 pages, Tous les soleils d’hier réussi à nous toucher de manière profonde et sincère. Sarah Winman décrit avec brio la dimension des liens entre les personnes sans jamais sonner faux. Une lecture courte mais vibrante où les protagonistes prennent forme sous nos yeux peu à peu telle la fresque éblouissante d’un artiste.

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