COMICS #001 – Les super-héroïnes au top : Wonder Woman

10.02.2017 (5)
Hello, hello ! J’ai enfin décidé de vous parler des comics en vous proposant un dossier revenant sur les super-héroïnes depuis leurs créations à nos jours. Et la première à ouvrir le bal n’est autre que la plus connue de toutes, Wonder Woman. Pour essayer d’être le plus clair possible j’ai séparé la présentation en plusieurs parties: origines/création, impact sur la culture/société, représentation dans les autres médias, et enfin un petit guide de lecture VF/VO. J’espère être la plus efficace possible tout en vous apprenant quelques trucs ou en complétant vos connaissances. Si vous souhaitez avoir plus d’infos sur les lectures par rapport aux différentes timelines dans les comics, n’hésitez pas à me poser des questions en commentaires.
Merci et bonne lecture !

Depuis sa création en 1941, la super-héroïne a dû combattre des nazis, des criminels, des super-vilains venus de l’espace, mais aussi le jugement des hommes et des lecteurs de comics. Car, ne nous voilons pas la face, les comics étaient avant tout adressés aux lecteurs masculins en présentant des héros forts comme Superman, Captain America, et Batman. Pourtant, au début des années 40 les femmes représentaient un lectorat important parmi les lecteurs de comics, grâce à des séries « sentimentales » et « bienveillantes » (Mille the Model, Archie Comics) et aux séries d’aventures avec Sheena, Queen of the Jungle. Mais alors que s’est-il passé ? Je vous en parle plus tard.

Sans titre 1Wonder Woman, créée par le psychologue William Moulton Marston et le dessinateur Harry Peter, en 1941.  Lors de ses débuts dans All-Star Comics #8 de la même année, beaucoup de voix s’élevèrent contre l’utilité d’un tel personnage et de son influence auprès des plus jeunes. Mais aux yeux de son créateur Wonder Woman était nécessaire. Lassé de voir des héros uniquement masculins, Marston eut l’idée de créer la super-héroïne Suprema the Wonder Woman. Mais sous les conseils de l’éditeur Sheldon Mayer (de chez DC Comics) Marston abandonna Suprema pour ne garder que Wonder Woman.

Mais avant de devenir Wonder Woman, la belle répond au nom de Princesse Diana de la tribu des Amazones vivant sur l’île de Themyscira, une île interdite aux hommes, dirigée par la reine Hippolyte. Ses origines se trouvent dans la mythologie grecque où elle a été créée à partir d’argile à laquelle les dieux ont donné la vie. Sa première apparition se déroule dans les pages de All-Star Comics #8 où Diana rencontre le pilote américain Steve Trevor lors du crash de son avion sur l’île. Hippolyte, « mère » de Diana, ordonnera au jeune homme de quitter l’île escortée par sa fille. En effectuant ce voyage, Diana ne se doute pas que sa vie et celle de la face du monde va changer, pour ne jamais être la même.

En 1943, arrive la consécration pour le personnage avec le lancement de sa première série lui étant consacrée, devenant ainsi une pionnière dans les titres comics.

« Même les fMarstonnewilles ne voudront plus être des filles tant que nos archétypes féminins manqueront de force, de vigueur, et de puissance. Ne voulant pas être des filles, elles ne veulent pas être tendre, soumises, amoureuses de la paix comme le sont les femmes bonnes. Les grandes qualités des femmes sont méprisées à cause de leur faiblesse. Le remède logique est de créer un personnage féminin avec toute la force de Superman, avec l’allure d’une femme bonne et belle. »

Aux yeux de Marston, les femmwmm_marriedes étaient aussi fortes et capables que les hommes, si ce n’est plus. Pour preuves, dans les comics Steve Trevor est sauvé à nombreuses reprises par la jeune femme, faisant ainsi un parallèle en miroir avec Lois Lane et Superman. Mais avec la fin de la guerre, les hommes sont de retour du front, reprenant ainsi la place qu’ils jugent être la leur, reléguant celle de la femme au fourneau et à l’éducation des enfants. Et comme un véritable miroir de la société, dans les comics, le changement s’opère également. Adieu femme aventurière, infirmière, etc, et bonjour repassage et bons petits plats. Avec la création en 1948 du Comic Code Authority destinée à régulariser le contenu des comics aux USA, l’image de la femme va encore plus régresser. Par exemple, l’éditeur DC Comics va exiger que les femmes n’occupent pas une place centrale dans le récit, laissant ainsi l’homme briller de toute sa virilité et puissance. Allez demander à Lois Lane ce qu’elle faisait dans les années 60 pendant que Superman sauvait le monde, elle n’en garde pas un glorieux souvenir à mon avis…

Avec ce code, Wonder Woman perd de sa puissance féministe pour ne devenir que l’ombre d’elle-même. En 1960, sort un comics revenant sur la jeunesse de Diana, reprenant ainsi le code du comics dit d’origin story appliqué à Superman. La comparaison entre ce dernier et elle n’est pas nouvelle, puisque Wonder Woman possède elle aussi une puissance surhumaine (certains la disant plus forte que le fils de Krypton), un costume aux couleurs du drapeau américain, de la compassion et un sens de la justice inébranlable.

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Vers la fin des années 60, Diana va perdre de sa splendeur (oui encore) en abandonnant ses pouvoirs pour pouvoir rester dans le monde des hommes, et devenir ainsi la simple Diana Prince. Devenue propriétaire d’une boutique de mode, Diana va devoir apprendre à se défendre en apprenant les arts martiaux, comme le personnage de Elektra de chez Marvel. Très franchement ce titre est presque une insulte au personnage, puisqu’elle devient une femme n’ayant plus qu’en tête de faire la fête, de s’amuser avec les hommes, passant presque pour une écervelée. Ce n’est qu’après deux années pénibles que DC Comics décide (sous la pression de certains dont la féministe Gloria Steinem – on en reparle plus bas) que la série s’arrête pour revenir à quelque chose de plus honnête envers le personnage.

Après ce retour, Wonder Woman connaîtra des moments particulièrement marquant comme une adaptation en série télé (on en reparle plus bas), les épreuves qu’elle devra subir pour réintégrer la Justice League, sa mort dans Crisis On Infinite Earths (1986)*, avant de finalement revenir parmi les vivants. En 1987, Greg Potter et George Pérez se retrouvent aux commandes de la nouvelle série consacrée au personnage. Acclamés par les fans, les 60 numéros imaginés par Pérez constituent un véritable tournant dans l’histoire de l’héroïne. Wonder Woman est envoyée comme représentante de l’île Themysciera dans le monde des hommes, où elle doit s’adapter en commençant d’abord par apprendre l’anglais. Ses aventures ont pour thèmes l’injustice, la guerre, l’inégalité, les conflits entre dieux, et la mort.

*Event en douze parties écrite par Marv Wolfman et George Pérez de 1985 qui réinvente complètement l’univers DC en se débarrassant du concept de terres multiples utilisés depuis des années.

Depuis sa création, Wonder Woman a su évoluer avec son temps sous la plume de talentueux auteurs comme Greg Potter, John Byrne, Jodi Picoult (auteur de nombreux romans à succès), J.M. Straczynski, et plus récemment Brian Azzarello entre 2011 et 2015. Dans le run de ce dernier, les origines de la création de Diana son altérées, puisqu’elle va découvrir qu’elle est la fille de Zeus.

Il existe aussi une série se déroulant en parallèle dans un univers alternatif, Earth 2, où Wonder Woman est présentée à travers des flashbacks où on découvre qu’elle périt au côté de Superman et Batman durant le combat contre Apokolips, se déroulant cinq années auparavant. Le premier tome de la série Justice League de la même ère est un miroir de Earth-2, puisque ici la Trinité survie. Je pourrais aussi mentionner le titre Superman/Wonder Woman qui voit le duo former un couple et combattre le mal ensemble, mais je ne le ferrais pas car la série n’est vraiment pas géniale.

En juin 2016, DCSans titre 43 Comics relance son univers avec le reboot DC Rebirth, censé rétablir certains aspects de son ancienne timeline avant le relaunch de 2011, New 52. À cette occasion, une nouvelle série sur le personnage est relancée avec à sa tête Greg Rucka, ayant déjà écrit sur elle par le passé.

Dans une interview donnée au site Comicosity, fin 2016, Rucka aborde la question de la sexualité de Wonder Woman. Depuis le lancement de son titre, le scénariste n’a eu de cesse de poser des indices et sous-entendus ici et là qui laissent entendre que Diana serait queer. La relation intime la plus notable est celle avec le personnage de Kasia, qui reçoit l’affection de la princesse. Mais est-ce si surprenant que cela ? Pas vraiment selon certains fans, la communauté LGBTQ et Rucka.

« Et quand vous pensez à présenter le concept de l’île de Themyscira, son but, et la réponse est « Comment peuvent-elles ne pas avoir de relations entre elles ? Il n’y a pas de sens logique autrement. » C’est censé être un paradis. Tu es censé y vivre heureux. Tu es censé y être capable – dans le contexte où une personne peut vivre heureuse, et que dans ce sens une personne a besoin d’un partenaire pour trouver le bonheur – d’avoir une relation épanouissante, romantique et sexuelle. Et les seules options sont les femmes. Mais une Amazone ne regarde pas une autre Amazone et dit: « Tu es gay. » Non, elles ne le font pas. Le concept n’existe pas pour elles. Alors, est-ce que Diana a déjà été amoureuse et dans des relations avec d’autres femmes ? Comme Nicola Scott [l’artiste du run actuel] et moi le présentons, la réponse évidente est que oui. » Greg Rucka à propos de la sexualité de Wonder Woman.

Lors de sa rencontre avec Steve sur l’île, Diana ne peut s’empêcher de scruter le jeune homme sous toutes ses formes, puisqu’elle n’avait jamais vu d’hommes avant. Pendant longtemps il occupera la place de « love interest » dans les comics, avec une relation parfois ambiguë entre les deux sans pour autant qu’elle ne vienne à accepter de se marier avec lui. Dans certaines adaptations Wonder Woman et Bruce Wayne/Batman flirtent ici et là, avant qu’elle ne vienne à former un « power couple » avec Clark Kent/Superman.

Son impact sur la culture et société

En 75 ans, la princesse des Amazones a su s’ancrer dans la culture de notre société, on retrouve une petite couvrant son visage avec une copie du numéro #178 de la série Wonder Woman dans le film Midnight Cowboy (1969). Sur le petit écran le personnage est souvent mentionné comme dans The Big Bang Theory, Charmed, Friends, The Simpsons, 30 Rock ou encore Family Guy.

Mais là où le personnage aura le plus grand impact se trouve dans notre culture et société, avec la question des droits des femmes et du féminisme. La journaliste, activiste et féministe Gloria Steinem, a autrefois écrit ce qui suit sur le personnage et son importance:

« La famille Amazones de Wonder Woman sur l’île du Paradis, son220px-WW_MsMag groupe de jeunes filles du collège américain, et ses efforts pour sauver l’individualité des femmes sont toutes les bienvenues en tant qu’exemple pour les femmes travaillant ensemble et qui comptent les unes sur les autres. L’idée d’une telle coopération ne semble pas peut-être pas si révolutionnaire pour les lecteurs masculins. Les hommes sont couramment représentés travaillant ensembles, alors que les femmes savent à quel point il est rare de voir l’idée de femmes compatissantes entre elles. […] Wonder Woman symbolise plusieurs valeurs de la culture des femmes que les féministes tentent maintenant d’introduire dans le mainstream : la force et l’autosuffisance des femmes, la fraternité et le support mutuel entre elles ; la paix et l’estime de la vie humaine ; une diminution de l’agression masculine et de la conviction que la violence est le seul moyen de résoudre les conflits. »

Pour preuve, en octobre 2016 les Nation Unies ont nommé Wonder Woman comme ambassadrice honoraire des femmes et des filles durant une cérémonie présentée par le secrétaire de l’époque le Général Ban Ki-moon, Lynda Carter, Gald Gadot et Patty Jenkins. Mais cette annonce ne fit pas plaisr à tous, et souleva une vague de contestation au sein même de l’ONU et des féministes. Ces derniers ne voyaient pas l’utilité de prendre un personnage de fiction pour représenter le combat des femmes à travers le monde. Duite à ce petit tollé, l’ONU annonce l’arrêt de la campagne sans pour autant en donner la raison.

Wonder Woman dans les médias

Forte de sa popularité auprès du public et des femmes, Wonder Woman a eLynda_Carter_Wonder_Womanu le droit à sa propre série télévisée dans les années 70 où elle était interprétée par Lynda Carter, que l’on a depuis revue dans la série télé Supergirl. L’histoire de la série reprend le décor de la Seconde Guerre Mondiale et reste fidèle au comics d’origine. La première saison est diffusée sur la chaîne ABC, mais comme elle coûte cher à produire le network hésite à la renouveler. C’est donc la société de production Warner Bros. qui vient sauver les meubles en proposant au network CBS de récupérer la série. Après trois saisons de loyaux services la série s’arrête. Si vous souhaitez jeter un œil à cette série sachez qu’elle est disponible depuis quelques mois en DVD.

En 2011, la chaîne américaine NBC entrepris de lancer un nouveau projet de série télé avec Adrianne Palicki (John WickAgents of SHIELD) qui finalement ne dépassera pas le stade du pilote.

Au cinéma, le parcours de l’Amazone fût plus compliqué. En 2005, il se murmure qu’un projet de film réalisé par Joss Whedon (Buffy, Avengers) serait en préparation, avant de finalement être annulé pour cause de mésentente entre le réalisateur et la Warner. Il faudra ensuite attendre 2013 avec l’annonce du casting de Gal Gadot pour incarner le personnage dans le DCEU*. L’actrice israélienne décriée par les fans qui la trouve trop maigre et pas assez musclée, ou encore manquant de charisme va tout de même signer un contrat la liant au studio pour trois films. Elle apparaît en 2016 dans le film Batman v Superman : Dawn of Justice, où elle réussit à charmer le public par sa présence à l’écran, éclipsant presque la prestation de ses camarades Ben Affleck (Batman) et Henry Cavill (Superman).

*DC Extended Universe représente l’univers cinématographique DC.

« Wonder Woman est géniale. J’aime tout ce qu’elle représente et tout ce qu’elle défend. Elle n’est qu’amour, compassion, vérité, justice et égalité. Elle est une femme complète » Gal Gadot à propos de son personnage.

Du côté de l’animation, Wonder Woman ne connaît pas la crise. Elle apparaît pour la première fois en 1972 dans un épisode du cartoon The Brady Kids où les protagonistes sont envoyés dans le temps durant les anciens jeux olympiques. On la retrouve ensuite dans Super Friends (1973 – 1986), dans la série animée Superman (1988), Wonder Woman and the Star Riders de 1993, dans Justice League (2001-2004), Justice League Animated (2004 – 2006), Batman : The Brave and the Bold (2008-2011), Young Justice (2012-2013), et actuellement dans DC Super Hero Girls et Justice League Action. On ne coWonder_Woman_2009mpte plus non plus ses apparitions dans les films d’animation souvent basé sur des arcs narratifs des comics : Justice League : The New Frontier, Justice League : Crisis on Two Earths, Superman/Batman : Apocalypse, Justice League : Doom, Justice League : The Flashpoint Paradox, JLA Adventures : Trapped in Time, Justice League : War, The Lego Movie, Justice League : Throne of Atlantis, Justice Leage : Gods and Monsters, Justice League vs Teen Titans, Justice League Dark et The Lego Batman Movie.

On peut citer le premier film d’animation lui étant entièrement consacré, Wonder Woman de 2009. Produit par Bruce Timm, le papa d’Harley Quinn autre grande figure des femmes dans les comics. Le film présente les origines du personnage d’après l’œuvre de George Pérez, avec la présence des personnages majeurs (la reine Hippolyte, Steve, Ares et Artemis).

Mais on peut dire que son grand moment aura lieu en juin prochain avec la sortie en salles de son premier film solo réalisé par Patty Jenkins. L’histoire reprendra les origines des comics, avec cette fois-ci le décor de la Première Guerre Mondiale.  Steve Trevor y est interprété par Chris Pine (Star Trek) et Hippolyte par Connie Nielsen (Mission to Mars, The Devil’s Advocate).

Pour terminer je vous conseille fortement d’aller faire un tour sur le blog The Lesbian Geek tenu par la très compétente et adorable Katchoo, qui parle mieux que moi de Wonder Woman et des comics en général. Retrouvez des infos supplémentaires ainsi qu’un guide de lecture pour commencer les comics Wonder Woman sur le site MDCU Comics, dont je fais partie.

Conseil de lectures

JMSWonder Woman: L’Odysée tome 1 et 2 en VF chez Urban Comics (18€ le tome)BAWonder Woman tome 1 à 6 de Brian Azzarello et Cliff Chiang chez Urban Comics.Sans titre 41Greg Rucka présente Wonder Woman tome 1 (sur 3) chez Urban Comics || Wonder Woman : dieux et mortels tome 1 chez Urban Comics || Wonder Woman Anthologie revenant sur les moments marquants de l’héroïne chez Urban Comics pour 25€.
BAInjustice  : Gods Among Us tome 1 – (en cours de parution) chez Urban comics || Wonder Woman Terre Un – tome 1 par Grant Morrison (en mai) chez Urban Comics || Wonder Woman : Amazon. Hero. Icon (en mai) chez Urban Comics.

En version originale, donc en anglais, je vous recommande quelques petites chosesBAThe Secret History of Wonder Woman par Jill Lepore || Wonder Woman Unbound : The Curious History of the World’s Most Famous Heroine par Tim Hanley

Sans titre 61Wonder Woman ’77 vol 1 & 2 || The Legend of Wonder Woman: Origins (2016) || Who is Wonder Woman || Trinity || Sensation Comics presents Wonder Woman vol 1 – 3 || DC Comics Bombshells vol 1 – 3

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