Critique manga #029 -Love, Be Loved Leave, Be Left tome 1 et 2

titre manga (24)
Si l’on pouvait choisir de qui tomber amoureux et tomber en désamour, la vie serait plus facile sur plusieurs aspects. Pourtant, en amour le cœur a ses raisons que la raison ignore, quitte à nous le faire piétiner. Amour, amitié, famille… chaque relation est complexe et souvent imprévisible. Love, Be Loved Leave, Be Left est un shojo aussi doux qu’un bonbon sans qu’il ne tombe dans le ridicule, tant la maturité de l’écriture de Io Sakisaka est parlante. 
Achetez les tomes 1 et 2 Love, Be Loved Leave, Be Left sur le site des éditons Kana ou sur Amazon.

kanadargaudsuisse

Merci à Stéphanie et Anne-Catherine pour ce petit coup de cœur doux et mature


Io Sakisaka est une mangaka très connue dans le milieu des shojos, née à Tokyo en 1975. Cette japonaise fit ses débuts professionnels en l’an 2000, et travaille depuis avec l’éditeur Shueisha en prépubliant plusieurs de ses histoires dans le magazine Bessatsu Margaret. Après plusieurs séries courtes, elle retient l’attention avec Blue en 2006. Mais c’est l’année d’après qu’elle rencontra un vif succès avec le titre Strobe Edge, une série en 10 tomes. Entre 2011 et 2015, paraît la série Blue Spring Ride en 13 tomes, véritable carton. Depuis, elle travaille sur Love, Be Loved, Leave, Be Left. Ces trois séries longues sont toutes publiées aux éditions Kana, et ses histoires courtes ont récemment bénéficié d’une publication en relié dans la collection Short Love Stories (mon avis sur le tome 3).

Love, Be Loved Leave, Be Left est une shojo traitant de l’amitié et de l’amour. On y fait la connaissance de Yuna un jour de printemps où elle doit se rendre à la gare pour dire au revoir à sa meilleure amie qui déménage. Effrayée à l’idée de débuter sa vie de lycéenne sans personne qu’elle ne connaisse à ses côtés, elle va se jour même rencontrer Akari, elle aussi venue dire au revoir à quelqu’un. Ayant oublié son porte-monnaie, Akari va alors demander à Yuna si cette dernière peut lui prêter de l’argent afin d’acheter son ticket. Après avoir accepté, Akari promet de revenir le lendemain pour la rembourser. En échange de sa bonne foi, elle lui laisse un bracelet auquel elle tient beaucoup, ainsi que son numéro de téléphone. À son grand étonnement, Akari est belle et bien présente le lendemain pour honorer sa promesse. En rentrant chez elles, elles vont découvrir qu’elles habitent à présent dans le même immeuble. C’est ainsi qu’une amitié nouvelle va fleurir entre elles.

Yuna et Akari sont deux jeunes filles aux personnalités très différentes. Yuna est plutôt très réservée, timide, et ayant beaucoup de mal à parler aux autres surtout aux garçons. Rêvant de voir son prince charmant arriver pour lui ravir son cœur, ses yeux se poseront sur un beau garçon aux cheveux blond croisé le jour du départ de sa meilleure amie. Akari est ouverte aux autres et n’a pas peur d’aborder les garçons et de provoquer l’amour. Si au début tout le monde est étonnée de les voir si bien s’entendre, le lecteur lui aura le loisir d’apprécier leur complicité et de s’attacher à chacune d’elles. Autour de ces deux jeunes filles gravitent deux garçons : Kazuomi et Rio. Le premier est l’ami d’enfance de Yuna alors que le second et le frère de Akari. C’est d’ailleurs ce même beau garçon que Yuna avait croisé quelques jours auparavant… le destin ? Voyant que Yuna n’a pas de problème pour parler avec Kazuomi, Akari va avoir l’idée de les faire tomber amoureux l’un de l’autre, car selon elle l’amour peut aussi se provoquer. Ne connaissant rien à l’amour, à part celui dans les mangas, Yuna va se laisser porter par la philosophie de vie de sa nouvelle amie sans pour autant la comprendre totalement.

Ce qu’il y a de plus parlant dans ce shojo, ce sont les différences entres les personnages. Chacun évolue à son propre rythme tout en grandissant au contact des uns et des autres. C’est à la fois fascinant et doux de voir ce quatuor échanger entre eux à propos de la conception de l’amour, de l’amitié et de la famille. Ce thème-ci est d’ailleurs très bien exploité à partir de la moitié du tome 1 pour se terminer sur une note inattendue mais très bien amenée. Si Rio est plutôt assez superficiel au premier abord, ne tombant amoureux que des filles qui lui plaisent sans chercher à les connaître, on  lui découvre vite une certaine blessure au cœur qui vient lui donner une façon de penser très contemplative. Kazuomi, lui, semble être le petit ami par excellence, gentil et intentionné, ce qui aux yeux de Akari en fait le prince charmant idéal pour Yuna. Pourtant, Akari va vite se rendre compte que l’amour ne peut se provoquer aussi facilement et que parfois il ne tombe pas là où on l’aurait souhaiter. Yuna ne sera pas non plus étrangère à cette idée de l’amour, puisqu’elle montrera à plusieurs reprises des bribes de sentiments naissants envers l’un des deux garçons…

Au fil des pages, et surtout dans le tome 2, on remarque très vite des changements dans le comportement de Yuna, qui peu à peu grâce à ses liens amicaux tente de s’épanouir et d’avancer la tête haute sans avoir peur du regard des autres. Bien entendu ce n’est pas un changement radical mais bien progressif, ce qui rend ce shojo encore plus crédible. Si je ne vous révèle pas le dénouement inattendu du tome 1 c’est pour ne rien vous gâcher, car personnellement je n’ai rien vu venir, et pourtant quand je l’ai lu je n’ai pas été choquée. Pourquoi ? Simplement parce que l’écriture de Io Sakisaka est si précise et efficace qu’elle arrive à rendre cette histoire naturelle. Ici, pas de chichi ni de rebondissements incroyables, non, chaque moment est tout à fait crédible dans son déroulement ce qui est vraiment assez bluffant, je dois dire. Le fil des pensées de chaque personnage est assez révélateur de la capacité de narration de l’auteure, qui a très bien fonctionnée sur moi. L’envie d’aller de l’avant de ces jeunes gens est très évocateur également,  surtout celui des deux héroïnes. Elles sont certes jeunes, mais arrivent déjà à apprendre de leurs erreurs et des préjugés qu’elles peuvent avoir.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Io Sakisaka est une auaure que j’ai connu avec les premiers tomes de Blue Spring Ride, qui ne m’avaient pas plus enchanté que ça. Peut-être était-ce dû au fait qu’elle fait partie de sa première grosse œuvre, et que je lui avais trouvé des facilités bien trop prévisibles. Avec Love, Be Loved Leave, Be Left l’auteure nous livre un récit plus poignant qui témoigne de son évolution dans l’écriture. La partie graphique de ces deux tomes est aussi plus parlante que dans Blue Spring Ride, selon moi. Le trait est magnifique sans entrer dans un dessin extrêmement complexe. D’ailleurs cela serait gâcher le scénario que de proposer un dessin moins typé shojo. Les personnages sont très beaux et poétiques, tout en ayant une profondeur dans le regard amplifiant ainsi leurs pensées et sentiments. C’est aérien et tendre et sans prétention.

En conclusion, Love, Be Loved Leave, Be Left est un shojo manga très efficace dans l’évolution de ses personnages porteurs de valeurs tels que l’amitié et l’amour, sans pour autant en être déjà des experts. Ce quatuor est attachant, doux et drôle ce qui rend la connexion avec le lecteur très instinctive et immédiate. Une histoire que l’on suit avec tendresse et envie. Si vous avez aimé les précédentes œuvres de Io Sakisaka nul doute que vous allez aussi tomber en amour avec cette histoire. Pour ceux qui ne connaissent pas encore cette mangaka, comme moi, je vous conseille vivement de vous intéresser à son style en passant par Love, Be Loved Leave, Be Left tant la maturité du titre vous parlera. 18

Ce diaporama nécessite JavaScript.

6 réflexions sur “Critique manga #029 -Love, Be Loved Leave, Be Left tome 1 et 2

  1. Pingback: C’est le premier, je balance tout! #4 | Akatsuki no Manga

  2. Pingback: Love Be Loved, Leave Be Left – Tome 1, de Io Sakisaka

  3. Pingback: Tout ce que je ne t’ai pas dit, de Kylie Fornasier

Laisser un commentaire