Critique #073 – Jumelles de Saskia Sarginson

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Les relations dans une fratrie ou avec des membres de notre famille sont toujours particulières. entre discordes et bons moments, chaque lien est mis à rude épreuve face aux événements de la vie. Dans Jumelles, les deux sœurs ne font pas exception. Sous la plume incisive de Saskia Sarginson, le lecteur découvre cette relation particulière teintée de secrets de famille.

 

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Merci à Anne pour cette lecture


Saskia Sarginson est une auteure britannique née à Manchester en 1961,  mais qui a grandi à Suffolk. Elle possède un diplôme en littérature anglaise de l’université de Cambridge, et aussi un diplôme en mode et design de l’école de St. Martin of Art. Elle a travaillé dans la presse (Cosmopolitan, M & S Magazine, …), à la radio et dans le monde de l’édition (également en tant que « ghost writer ») avant de totalement se consacrer à l’écriture. Son premier roman, Jumelles (The Wins) est paru en 2013, et le deuxième Without You en 2014. Elle vit actuellement à Londres avec ses quatre enfants, dont des jumelles, et son mari scénariste/producteur pour la télévision.

Comme le fait entendre le titre, nous suivons des jumelles, Isolte et Viola, qui inséparables durant leur enfance, ne le sont plus depuis qu’elles sont devenue adultes. Isolte exerce le métier de rédactrice dans un magazine de mode et partage la vie d’un photographe, tandis que Viola, détruite par l’anorexie, se consume peu à peu sur un lit d’hôpital. Dans ce thriller, Saskia Sarginson propose de démêler les raisons qui ont fait que ces deux sœurs ne se parlent quasiment plus.

La narration de Sarginson se déroule en deux temps. Le premier est à la troisième personne du singulier et raconte le moment présent, tandis que les moments dans le passé sont raconté à la première personne du singulier, soit par Isole soit par Viola. On assiste donc à deux histoires souvent différentes, puisque comme on le sait le ressenti de chacun face à un événement et tout aussi varié que les couleurs qui composent un arc-en-ciel. Petit à petit on en vient à découvrir les raisons de leur éloignement. Cela nous ouvre aussi sur la personnalité de chacune, qui malgré leur ressemblance physique nourrissent des envies différentes. Le moment de la séparation entre les deux est d’ailleurs assez crédible, puisque ce lien si fort peut être représentatif de beaucoup de relations en dehors de celui propre aux jumeaux. En effet, au-delà de cette relation fusionnelle vient s’ajouter des moments douloureux pour chacune et aussi une certaine tension qui s’émane des caractères de l’une et de l’autre.

Les moments que nous avons passés ensemble dans la forêt et sur la plage vivent en moi ; plus que de simples souvenirs, ils me rappellent qui je suis vraiment, où est ma vraie place.

En dehors des souvenirs les plus douloureux, on assiste également à de vrais moments de complicité et d’affection réelle. Personnellement je me suis plus sentie investie dans le personnage de Viola de par ce qu’elle a subi durant son enfance, comme les moqueries par rapport à son physique qu’elle n’a jamais aimé. Comme on le dit, les enfants sont de vraies éponges ce qui a conduit – et bien d’autres choses – à ce que la jeune fille se retrouve aujourd’hui affectée par l’anorexie. Ce thème est en général quelque chose que j’évite dans mes lectures, car cela me touche de beaucoup trop près. Pourtant ici dans Jumelles j’ai réussi à y voir des liens avec mon propre vécu et ressenti. Ce n’est pas une lecture pédagogique, mais je trouve que le sujet est traité avec délicatesse et sans détour. Isolte, elle, est une jeune femme plus enjouée et surtout plus forte. Elle possède une vie sociale et sentimentale stable, mais va toutefois vite déchanter quand la vie lui jouera quelques tours. Si au départ elle semble un peu plus distante avec le lecteur, de fil en aiguille, le récit arrive à lui donner une nouvelle approche ce qui apporte son lot d’émotions. Du côté du reste des personnages je préfère ne pas trop en dire, mais il faut savoir que plusieurs relations passées ont fait de nos jumelles qui elles sont aujourd’hui et surtout leur rapport faces épreuves de la vie.

Peu importe ce que nous portions, personne n’arrivait à nous distinguer, bien que j’aie toujours été le plus gros bébé puis la plus potelée, enfant.
Dodue, comme disait ma mère.

Parfois, lorsque Isolte et moi nous tenions à côté l’une de l’autre, quelqu’un me pointait du doigt et s’écriait, comme s’il venait de découvrir quelque chose d’extraordinaire :
– Ha ! C’est toi la plus grosse des deux !

La plus grosse. Je détestais ces mots.

La plume de Saskia Sarginson possède deux atouts : la simplicité et la complexité. La simplicité car elle arrive à raconter son histoire de manière à ce que n’importe quel lecteur puisse avoir envie de lire son livre. Et la complexité car le style est travaillé. La psychologie des personnages est fouillée et crédible, surtout pour Viola. L’atmosphère générale du récit est propre au thriller à suspens. Toutefois, j’ai été quelque peu étonnée de la fin assez âpre qui laisse un arrière-gout d’inachevé. Il y aussi le fait que l’on se perd parfois dans les alternances entre passé et présent, ce qui peut compliquer la lecture à certains moments.

En conclusion, Jumelles reste une bonne lecture qui a répondu en grande partie à mes attentes. Le traitement apporté à l’anorexie est assez juste et proche de ce que quelqu’un ayant vécu cela peut ressentir. Le style est prenant malgré quelques bémols propres au fait que ce soit un premier roman. Mais je reste sur une bonne impression puisque cela est un premier roman. Jumelles saura plaire aux amateurs de thriller ainsi qu’aux novices qui seraient intéressés par la lecture d’une relation si fusionnelle qu’elle en devient parfois blessante.

15 sur 20Infos roman (28)

2 réflexions sur “Critique #073 – Jumelles de Saskia Sarginson

  1. Oulala, en ce qui me concerne, je suis beaucoup moins enthousiaste que toi suite à cette lecture.
    Pourtant, le pitch me tentait beaucoup et le fait d’aborder la gémellité m’attirait énormément.
    Mais l’écriture est très (trop) dense parfois avec des passages trop longs, trop descriptifs.
    J’ai eu beaucoup de mal à m’attacher aux personnages, même du mal, malheureusement, à être affectée par l’état des deux soeurs.
    Bref.
    J’ai failli l’abandonner et j’ai tenu mais bon, j’en ressors déçue 😦

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