Critique manga #085 – Banale à tout prix tome 1 et 2

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Oh miroir, mon beau miroir dit-moi qui est la plus belle… hum, pardon. Pendant un bref instant j’ai cru que l’on était dans un conte de fées. Difficile de penser autrement avec les deux premiers tomes de « Banale à tout prix », dernier shojo en date des éditions Kana. Toutefois pour ceux qui imaginent que ce titre n’est qu’un énième shojo de plus, sachez que vous avez tort. En deux tomes, Banale à tout prix présente une belle trame scénaristique sur la recherche de soi et sur la véritable définition de ce qu’est l’amour. Entre normalité, popularité et bon sentiment, ce titre de Nagamu NANAJi (Moving Forward) et tout… sauf banal !  

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Acheter les tome 1 et 2 de Banale à tout prix sur le site des éditions Kana ou sur Amazon

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Merci à Stéphanie et à Anne-Catherine pour cette lecture au sourire puissance 1000 !


Nagamu NANAJI est une mangaka d’origine japonaise spécialisée dans le shojo. Sa carrière débute en 1995 avec un recueil de nouvelles intitulé Ai ga areba !!. En 2000 paraît sa première série longue Parfait-tic !, édité en France chez Panini Manga six ans plus tard. Puis, vint Koibana – L’amour malgré tout !, dix tomes, en 2012. En 2011, sort chez la Shueisha le titre Moving Forward (Aruitou en VO), série terminée en 11 tomes disponible chez Akata en français. Banale à tout prix (Futsuu no Koiko-chan) et l’actuelle série de l’auteure, avec 7 tomes en cours, dont les deux premiers sont sorti s simultanément aux éditions Kana le 16 février dernier.

L’histoire que l’on découvre dans ces deux tomes est celle de Koiko, lycéenne se décrivant comme banale. Ne voulant ressembler à sa mère, trop romantique et cœur d’artichaut, ni à sa grande sœur trop coincée, l’adolescente a opté pour le juste-milieu : Banale. Que ce soit dans ses relations amicales, amoureuses ou dans ses études, elle ne cherche pas à faire plus que la moyenne. Elle ne se trouve d’ailleurs ni trop belle, ni trop moche… simplement banale. Pourtant Koiko vit une histoire d’amour, enfin, une histoire banale et stable sans grande ambition avec le “banal” Satô. Mais un matin, sur le chemin de l’école, elle va croiser le regard d’un élève de son lycée, Tsurugi. Et c’est à cet instant, sans le vouloir, ni le savoir que son quotidien va devenir tout sauf banal… surtout quand elle apprendra que son petit ami la trompe !

Alors, certes le synopsis de départ sonne comme vu et revu, étant donné que plus de la moitié des shojo part de ce principe. Un beau garçon populaire, une jeune fille passe-partout (mais plutôt très mignonne), dont les destins vont se retrouver liés d’une manière ou d’une autre. Malgré ce plan “classique”, Banale à tout prix possède une véritable écriture distincte de par l’amour que l’auteure met dans son récit. Nagamu NANAJi arrive à nous présenter un scénario simple et à la fois efficace, en ayant une belle construction de ses personnages. Tout comme à l’image de Koiko, on est surpris de succomber au charme de cette histoire. C’est rempli de moments drôles, de douceur, d’amitié, mais aussi d’une philosophie propre à la question de l’amour. Eh oui, après tout que sait-on réellement de l’amour quand on est adolescent ? On pense souvent tous savoir, et pourtant on n’en sait pas grand-chose.

Ce qu’il y a de vraiment appréciable dans Banale à tout prix, est le développement des personnages et les différentes notions qu’ils ont au sujet de l’amour. Avec la mère de famille ayant son petit succès auprès de la gent masculine, et élevant seule ses deux filles depuis des années, nul besoin d’être une lumière pour comprendre pourquoi Koiko et sa grande soeur, Aiko, ne veulent pas tomber amoureuses. Les petits flashbacks avec la mère en pleurs après une rupture, alors qu’elle pense que ses filles ne le remarquent pas, suffisent à appuyer ce point. Koiko est une jeune fille semblant presque blasée par la notion de l’amour ou de la vie en général. Ne cherchant jamais à se différencier des autres, elle ne cache pas le sentiment de pitié qu’elle peut parfois ressentir face à ses amies en couple. Sous cette envie, ou plutôt une obsession, d’être banale dans chacune de ses actions, le lecteur comprend petit à petit qu’elle est en fait terrifiée à l’idée de tomber réellement amoureuse, de connaître le bonheur, et de ne pas pouvoir contrôler ce qu’elle ressent, au risque de finir le cœur brisé comme sa mère.

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Tsurugi, lui, est le garçon populaire par excellence mais qui n’en a pas réellement conscience, ou plutôt naïf face à la hiérarchie scolaire installée. Il n’est ni un playboy, ni un amoureux transi, ni un menteur. En sommes il est presque banal malgré son apparence. À cet effet il est très facile de le présenter comme un simple reflet masculin de Koiko. C’est d’ailleurs dans ce genre d’écriture subtile que Nagamu NANAJI arrive à nous accrocher. Durant la lecture, je n’ai pu m’empêcher de trouver une certaine similitude avec les titres Love, Be Loved Leave, Be Left ou So Charming !, deux shojo également en cours chez Kana. Avec ces trois tires, le genre shojo y trouve toute sa brillance sans tomber dans le niais à en frôler l’overdose. 

L’humour est très présent, et on ne peut s’empêcher d’avoir le sourire pendant la lecture. Rien que de repenser à certains moments, ou aux deux tomes de façon globale, un rictus de contentement vient se coller sur mon visage tant je sens que Banale à tout prix va donner lieu à de très bons moments. Les interactions entre les protagonistes offrent de merveilleux échanges où l’on sent très bien la complicité entre eux. Que ce soit des prises de bec sans grandes méchancetés entre la mère et ses filles, ou entre Koikoi et Tsurugi, on est en présence d’une lecture à la fois divertissante et profonde. En fin de tome 2, on a même le droit à un chapitre uniquement consacré à Aiko, la grande sœur, nous offrant un regard sur sa conception de l’amour.

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Le trait de Nagamu NANAJI est classique mais très beau à regarder. Les visages sont expressifs, tout comme les regards très doux et intenses. Devant certaines planches on ressent comme une sensation d’être en plein rêve. L’humour de Koiko lutant “physiquement” contre les bulles de ses pensées est drôle et vient briser ce quatrième mur qui sépare une fiction de la réalité du lecteur.

L’édition de Kana est un exemple de bon travail, avec une traduction de qualité par Aline Kukor (Au-delà de l’apparence, Death’s Choice). Je mentionnerais également les mots de l’auteure qui sont écrits avec sincérité, et témoigne de sa vie de mangaka et de son envie d’écrire une histoire plaisante sans tomber dans l’excès. Par exemple, on découvre que pour certaines scènes elle a dû recréer avec l’aide de ses assistants des passages pour pouvoir les rendre cohérents dans l’histoire. Si avant la lecture je trouvais les couvertures, en particulier celle du tome 2, beaucoup trop « girly » à mon goût, je dois avouer qu’après ma lecture, ce sentiment s’est envolé. En les regardant maintenant, je comprends le choix éditorial tant elles respirent la bonne humeur et cette sensation « féérique » que dégage le titre. Et revoilà ce sourire sur mon visage…

En conclusion, Banale à tout prix a été un coup de cœur au même titre que Love, Be Loved Leave, Be Left et So Charming !, qui sont dans la droite ligne éditoriale de Kana voulant présenter des shojo matures et pertinents dans la notion de “ce qu’est l’amour” et de la construction personnelle de chacun des protagonistes. De son naturel et de son amour pour son travail, Nagamu NANAJI arrive à nous écrire un récit réaliste et en osmose avec le genre shojo, tout en rendant la lecture fraîche, touchante et divertissante. 18cdc

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10 réflexions sur “Critique manga #085 – Banale à tout prix tome 1 et 2

    • Je suis A M O U R E U S E 😬 franchement en regardant la couverture et lisant Le synopsis je ne m’attendais à vraiment du classique sans importance, mais c’est tellement bien écrit, les persos sont attachants, et c’est remplis de moments comiques que j’ai été séduite. L’attente jusqu’à Maï pour le 3 est un calvaire 😭

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      • Oui, c’était un peu ma peur aussi, sauf que c’est la mangaka de Moving forward et oui je voulais te demander si tu le lisais je ne sais plus ?! Et le titre banale ne vend pas du rêve, mais ce qui est dit est très juste, ne pas se faire remarquer.

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      • Eh bien je vais te surprendre mais, je n’ai pas du tout accroché à Moving Forward… peut-être parce que j’en attendais trop vu le succès du titre, je ne sais Apres. Apres je pense que si tu as aimé ce titre et que tu apprécies l’écriture de l’auteure, Banale a toutes les chances de te plaire aussi.

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      • J’aime le titre qui dit d’aller de l’avant, j’aime le trait graphique, j’aime ce lieu, cette ville qui a une place à part, j’aime cette fille et sa façon de prendre des photos du point de vue d’animaux, j’aime les émotions qui s’en dégage, j’apprend à découvrir chaque personnage. Même si parfois je soupire aussi. Et sinon je t’invite à lire mes avis sur le manga sur le blog 😉

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    • Merci.

      Par contre la série est toujours en cours au Japon. En France le tome 3 paraîtra fin mai. Mais connaissant les publications de l’auteure elle ne devrait pas atteindre les 20 tomes.
      Je dirais entre 10 et 12.

      Je milite activement pour que les gens découvre de petit shojo qui met de bonne humeur. Meme après plus d’une semaine j’y pense encore avec le sourire.

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