Critique #115 – Power de Michaël Mention

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Le pouvoir au peuple, le pouvoir aux simples gens comme vous et moi. De son style captivant, journalistique, et dure, Michaël Mention s’évertue à narrer les événements réels de l’Amérique des années 70. Discours de Martin Luther King, assassinat de Malcolm X, racisme, révolution et émeutes, Power revient sur des années difficiles de l’Amérique bien pensante. À cette époque se forme le mouvement Black Panthers sur fond de musique rock, qui viendront en aide à des milliers de gens à travers le pays. Malmenés par le gouvernement, ils seront vite catalogués comme violent. Power rétabli les choses, sans jamais prendre parti. Trois destins, tris êtres humains, qui devront lutter pour maintenir la tête hors de l’eau. 

 

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Merci pour cette mise en lumière de l’Histoire d’un peuple luttant pour la liberté et le respect par-delà les générations


Michaël Mention est un écrivain et scénariste français né à Marseille en 1979. Ayant toujours eu envie d’écrire, Mention se tourne vers l’écriture de bande dessinée dès son adolescence avant de finalement opter pour l’écriture de romans. Après quelques nouvelles, c’est en 2008 que sort son premier titre Le Rhume du pingouin aux Éditions du Rocher. En 2012, le monde du polar lui ouvre les bras avec Sale temps pour le pays qui remporta le Grand Prix du roman noir français au Festival de Beaune en 2013, suivit par …Et Justice pour tous édité chez Payot & Rivages. Sans oublier ses autres romans Fils de Sam (2014), Adieu demain (2014), Jeudi noir (2014), Bienvenue à Cotton’s Warwick (2016), ou encore La voix secrête chez 10/18 en 2016 également. Power est son nouveau roman publié par Stéphane Marsan, cofondateur des éditions Bragelonne, dans une nouvelle collection de littérature française et étrangère. 

Les premières pages de Power s’ouvrent aux États-Unis avec l’assassinat de Malcolm X en 1955, alors que le pays est enlisé la tête aux pieds dans la guerre du Vietnam. Émeutes, violence policière défiant les statistiques, injustice envers les plus pauvres et la communauté afro-américaine, rien ne va plus… De là, nous allons assister à la création du mouvement révolutionnaire Black Panthers (Black Panthers Party) créé par deux étudiants – Bobby et Huey – pour la libération afro-américaine, luttant contre la corruption et le système capitaliste. Le récit est scindé en deux parties. La première intitulée « What We Want » relate de manière plus documentaliste la situation. Les informations sont ainsi communiquées au lecteur au fur et à mesure, lui permettant de se préparer au plus gros morceau de l’histoire qui va suivre. On y rencontre les deux hommes dont tous a commencé, leur révulsion face à la pauvreté, la discrimination et le harcèlement dont sont victimes les personnes de couleur, mais pas que. À partir de là, l’auteur met bien en lumière toute la partie historique des Black Panthers, ne prenant jamais le parti de les élever aux rang de héros ni de vilains. Le constat des États-Unis que dresse Power est affligeant et on ne peut que se sentir presque démuni face à tant d’injustice. Surtout si nous n’avions pas toutes les informations des faits historique en main avant d’ouvrir le livre. Le lecteur est donc seul juge de ce qui s’y passe, sans pouvoir réellement changer le cours des choses. C’est à la fois frustrant et bien pensé.

Pourtant, le pouvoir, on l’a eu, Ça a duré cinq ans. Ça peut paraitre court, mais cinq ans tous les jours, toutes les nuits, c’est pas rien. On était si puissants que le pays a tremblé comme jamais auparavant.
Les gens nous craignaient, alors que tout ce qu’on voulait, c’était l’égalité. La paix, enfin.
C’est pour ça qu’on s’est unis. Organisés. On avait nos codes, notre langage, notre journal, notre musique, notre cinéma, notre look, nos penseurs, nos cliniques, notre capitale, notre président, nos ministres, notre indépendance.
On était noirs
On était libres.
On était les Black Panthers

Les personnages sont en nombre, mais Michael Mention se concentre principalement sur trois destins. Celui de la jeune militante Noire Charlène âgée de 16, l’officier de police blanc Neil qui va devoir résister face à l’influence néfaste du racisme ambiant sans jamais trahir ses valeurs et son insigne, et enfin Tyrone ancien taulard infiltré par le FBI au sein du BPP (Black Panther Party). Avec ces trois figures de proue, Michael Mention dépeint une fresque vivante de multiples caractères, de personnes désabusées, trahies, fortes mais emplies de faiblesses également. Ballotté au fil du temps qui passe, chacun d’eux devra à la fois se construire et se déconstruire, pour mieux renaître. Ce processus se fera aussi au fil des rencontres qu’ils feront et de l’impact des événements politiques, sociétales et personnels.

Pour arriver à investir le lecteur au plus proche de l’action, la seconde partie « What We Believe » prend la peine de changer de narrateur à chaque chapitre. On devient ainsi le principal témoin et confident de ce que peuvent ressentir chacun des personnages. La part d’humanité qu’ils dégagent est inspirante et dénuée de contrefaçon. Le style de narration de Michaël Mention swing entre le polar, le témoignage, le journalisme de terrain et la littérature au sens plus large du terme. L’atmosphère qui se dégage de Power est un élément-clé durant la lecture puisque qu’elle nous fera passer des moments calmes à la violence, le tout allant en crescendo jusqu’à former un seul et unique sentiment en nous : l’indignation. La plume de l’auteur met bien les mots sur le chaos que pouvait régner à cette époque, et joue sur l’effet miroir de ce qui revient sans cesse, malgré les cinquante années qui sont passées. 

Petit mot sur l’objet en lui-même que Stéphane Marsan a pris soin de mettre en valeur. La couverture épurée est travaillée malgré sa simplicité apparente. C’est agréable au toucher, le papier est d’excellente qualité, le bouquin se tient très bien en main.

En conclusion, Power est une expérience à lire et à vivre sans ménagement. Michaël Mention signe ici une oeuvre exposant une Amérique en pleine révolution de par les petites gents du peuple se dressant face aux injustices qui gangrène la société et leur quotidien. Musique, faits historiques marquants, fictions, et passion sont les composants de ce roman choral criant haut et fort ce que certains ont peut-être oublié, ou jamais appris. C’est brut, poignant et presque indescriptible au vu des thématiques abordées. Une lecture qui vous chamboule et dont vous en ressortirez les yeux grands ouvert sur le monde qui nous entoure.

17/20

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11 réflexions sur “Critique #115 – Power de Michaël Mention

    • Aw.. ! Merci beaucoup ! Ce fut compliqué de la faire, tant tous les mots ne rendent pas justice à ce livre. J’avai lu la tienne et ton interview de Michaël, et j’avais adoré. J’ai également une interview de lui à publier dans quelques jours 🙂

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      • je lirai ça avec une très grande curiosité ! Pour moi, Mention est l’un des auteurs les plus doués de sa génération

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  1. Pingback: Michaël Mention – Power | Sin City

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